L’extension du ,métro d’Alger vers Bab el-Oued prévue fin 2015,Une station musée à la place des Martyrs

L’extension du ,métro d’Alger vers Bab el-Oued prévue fin 2015,Une station musée à la place des Martyrs

Le projet d’extension du métro d’Alger de la place Emir-Abdelkader jusqu’au jardin de Prague sur 1,5 km suscite, ces derniers temps, bien de polémiques nées des appréhensions des riverains qui parlent de fissurations et autres affaissements de leurs bâtisses induits, selon eux, par les travaux de creusement des tunnels.

Appréhensions, tout ce qu’il y a de légitimes, que les intervenants dans ce projet ont tenu à dissiper totalement à l’occasion d’une conférence de presse organisée, hier lundi, au siège du quotidien El Moudjahid. Et parce que, et c’est une première dans le pays, un organisme culturel est pleinement impliqué dans ce projet relevant pourtant d’une tout autre utilité publique, l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels en l’occurrence, son tout premier responsable a été le plus prolifique en tenant à tranquilliser ces familles en proie à une crainte constamment renouvelée de se retrouver un jour, sous les décombres de leurs toits. M. Abdelouahab Zeggar affirmera que les travaux de ce tronçon sont passés à la loupe de l’organisme qu’il dirige pour la simple raison qu’il traverse de bout en bout La Casbah d’Alger, déclarée patrimoine de l’Unesco et dont le plan permanent de sauvegarde, finalisé au bout de longues procédures, n’attend que le décret exécutif pour sa mise en application. Et c’est fièrement qu’il dira que pour une fois, que l’ONGBC fait plus que s’impliquer dans un aussi grand projet comme le métro d’Alger, puisqu’il imposera de concert avec l’entreprise réalisatrice, tiendra-t-il à préciser, un nouveau tracé pour contourner le trésor archéologique remontant à plus de 2000 ans, découvert à la place des Martyrs suite à des sondages effectués ces deux dernières années. Un site sur lequel était initialement prévue une grande station d’interconnexion découverte à quatre étages. Il s’agira, désormais, d’une station musée à deux étages à réaliser à près de 34 mètres de profondeur avec, en sus, un nouveau itinéraire en diagonale allant de Ali-Boumendjel jusqu’au jardin de Prague. Des changements dictés par le souci des promoteurs de cette idée, de joindre l’utile à l’agréable comme cela s’est fait à travers nombre de villes de par le monde comme Rome ou encore Athènes où des équipes d’archéologues algériens ont été diligentés pour s’en imprégner. Et selon M. Haouchine, directeur des infrastructures à l’Entreprise du métro d’Alger, ces modifications n’ont pas induit une réévaluation du coût du projet puisque, dira-t-il, la distance est la même avec une station de deux étages au lieu de quatre niveaux comme prévu à l’origine. Ce dernier tiendra à dissiper toute crainte, par ailleurs légitime, des riverains du tracé du métro. Les travaux, dira-t-il, avaient été précédés d’études très poussées, notamment en matière de la nature des sols et les travaux bénéficiant d’un suivi rigoureux n’épargnant aucun aspect. Pour lui comme pour M. Zeggar, il s’agit là d’une incompréhension des populations qu’ils invitent, au passage, à se rapprocher de leurs structures. Ce que confortera M. Lounis Aït-Aoudia, président de l’association culturelle des amis de la rampe Louni-Arezki, qui niera toute fissuration ou un quelconque affaissement dans le secteur de La Casbah. Seul un bâtiment, sans aucune valeur esthétique, encore moins culturelle, totalement évacué par ses occupants, n’y restent que des gérants de locaux commerciaux au rez-de-chaussée, sera rasé pour les besoins d’un puits d’attaque, dira encore M. Haouchine. Et au directeur de l’ONGBC de mettre ces cas provoquant panique chez certains habitants, sur la nature même des bâtisses, pour la plupart remontant à la période ottomane, ne résistant point à l’humidité. «La plupart de ces habitations, comme il a été relevé lors de l’opération de leur recensement dans le cadre du PPSC, possèdent, dira-t-il encore, qui un puits, qui un réservoir d’eau mué au fil des ans, en des fosses septiques avec tout le risque réel d’affaissement et d’entassement du sol.» Aussi, la nature des charpentes, en bois, plus généralement, cédant à l’usure du temps, sont à l’origine de l’écroulement de certaines de ces maisons, expliquera encore M. Zeggar. Ce dernier en voudra comme autre preuve le fait qu’une fois des maisons reliées aux réseaux d’assainissement et les regards et autres égouts débouchés, le problème ne s’y est plus reproduit.

Une station musée

Le mystère se lève de plus en plus sur les travaux de fouilles entamés depuis un peu plus de deux ans du côté de la place des Martyrs. Il s’agit, en fait, de deux sondes effectuées sur deux sites proches l’un de l’autre, sur la base de simples suspicions», qui ont révélé un trésor archéologique insoupçonné remontant à plus de 2000 ans de cela. Des tombes, une basilique, des égouts, des poutres, des ateliers de forge, ce sont entre autres objets d’une valeur inestimable sur lesquels des archéologues algériens mais aussi français dans le cadre d’un partenariat entre le CNRA et l’INRAP ont mis la main. Et les présents hier, à cette conférence de presse, ont eu droit à toutes les péripéties de ces fouilles à travers un film documentaire de 26 mn. C’est à la découverte de ce site à près de 19 mètres de profondeur que, dira Kamel Stiti du CNRA, l’idée de l’érection d’une station métro doublée d’un musée a germé. Une idée qui a vite fait de faire ses premiers pas avec, soulignera- t-il, la disponibilité et du ministère des Transports et de l’EMA qui en ont fait la leur. Et c’est ainsi que l’EMA a concédé à chambouler totalement son tracé initial aussi bien en itinéraire qu’en profondeur. D’où la concrétisation, à plus de 33 mètres sous terre et sur deux étages, de ce projet unique en son genre sur le continent, et qui permettra aux milliers de voyageurs qui auront à prendre le métro, à se permettre gratuitement un véritable voyage dans l’histoire multicentenaire de La Casbah. Autant dire que l’attente de la fonctionnalité de cette ligne se fera encore sentir à la perspective de ce projet inédit qui doit en appeler d’autres dans le cadre d’une intersectorialité qui ne doit pas se concevoir sans l’élément archéologique, pris très au sérieux sous d’autres cieux.

La ligne finalisée fin 2015

A propos des chantiers eux-mêmes, ils avanceraient à la cadence prévue, selon M. Haouchine qui évalue à 30% le taux d’avancement des travaux de génie civil dont la fin est prévue, dira-t-il, vers avril de l’année 2014. Mais la fonctionnalité de cette extension n’interviendra que vers la fin de l’année 2015 à la finalisation de l’installation de tous les équipements.

1 816 bâtisses recensées à La Casbah

Dans le cadre du plan permanent de sauvegarde de La Casbah, en attente d’un agrément à même d’accélérer sa mise en œuvre sans tracas, pas moins de 1 816 bâtisses ont été recensées dont 394 ont été sauvegardées alors que 323 autres sont en attente de l’être. M. Zeggar dira qu’à la faveur de ce décret tant attendu, les occupants de ces bâtisses sont tenus à un cahier des charges bien déterminé qu’il n’est pas question de piétiner ou de passer outre. L’Etat, dira-t-il, est même prêt à intervenir à hauteur de 80% des frais de restauration alors qu’il reprendra carrément celles que les propriétaires voudront céder et abandonner.

M. K.