L’exposition «Constantine, à travers les âges» : Nadir Benmatti ou l’éloge itinérant au génie de Cirta…

L’exposition «Constantine, à travers les âges» : Nadir Benmatti ou l’éloge itinérant au génie de Cirta…

Nadir Benmatti est né à Constantine, en Algérie, en 1944. A l’Université d’Alger, il décroche une licence et un DES en sciences économiques, en 1969 et en 1971. Il commence à travailler comme cadre dans une entreprise de construction.

En 1977, il est appelé au ministère de la Construction, où il va assurer des responsabilités de Directeur puis de Directeur général jusqu’en 1988. Il sera nommé ministre de l’Urbanisme et de la Construction entre 1988 et 1989 dans le Gouvernement de Kasdi Merbah.

Il a été professeur d’économie urbaine à l’ENA d’Alger, de 1980 à 1989, et auteur de deux essais « Le Concept d’économies externes », en 1972, et « L’Habitat du Tiers-Monde », en 1982. En 1980, il supporte avec succès un Doctorat d’Etat en sciences économiques à l’Université Paris 2.

Benmatti est aussi membre de l’Union des sociologues et des économistes algériens, dont il sera secrétaire général de 1982 à 1988. Sur le plan sportif, il n’est pas en reste, puisqu’il a été sélectionné dans l’équipe nationale de handball en 1965. En 1992, il s’installe en France, où il crée des activités dans le domaine de l’immobilier. Membre du Rotary, il participe à la réalisation de divers projets, y compris pour le financement d’une école en Algérie après le séisme de Boumerdès. En 2015, il crée le Cercle Méditerrapaix et, en 2016, il prend la présidence du Comité d’organisation de la course méditerrapaix (COCM), prévue pour septembre 2017, dont nous allons converser.

Reporters : De la Méditerranée, en général, à « La bibliothèque d’Alexandrie », il y a quelques mois, maintenant vous vous retournez vers vos premières amours, «les» Constantine, car il y en a beaucoup, que vous allez «exporter» à travers des expositions voyageuses. Cette fois, vous allez même vous éloigner de la Méditerranée. Expliquez-nous votre projet et l’itinéraire que va suivre «Constantine à travers les âges», sachant que tout commencera à Cagnes-sur-Mer, votre lieu de résidence actuellement ? 

Nadir Benmatti : Il y a une cinquantaine d’années que j’ai commencé à travailler. Economiste, j’ai toujours travaillé dans le domaine de la construction. J’ai assumé diverses responsabilités en dirigeant des entreprises et des organismes avant d’avoir l’honneur d’assumer le poste de ministre chargé de ce secteur.

En parallèle, j’ai toujours enseigné (ENA, université…), publié (une dizaine d’essais) et activé dans des associations (Union des sociologues et des économistes algériens (USEA), entre autres). J’ai toujours considéré que ces activités, qui me demandaient beaucoup d’efforts, en plus de mes activités principales, étaient indispensables pour la réflexion et pour une remise en cause continue de mes certitudes.

Depuis une dizaine d’années, je me consacre à la région méditerranéenne par mes publications (« Méditerrapaix », « La bibliothèque d’Alexandrie, des siècles de lumière et de feux ») et mes conférences (Alger, Tunis, Paris, Nice, Beyrouth, Bruxelles…). J’ai fondé et je préside le Cercle Méditerrapaix. Cette année, j’ai décidé de mobiliser mon énergie pour ma ville natale, Constantine, qui est une des plus vieilles villes du monde (23 siècles).

Vous allez sûrement avoir une composante humaine pour vous accompagner. Un mot sur sa disposition et les raisons du choix de votre équipe…

L’exposition « Constantine, à travers les âges » a été conçue par une agence algérienne, dirigée par mon ami Zine Edine Seffadj, qui regroupe plusieurs jeunes spécialistes talentueux. Un catalogue sous forme de beau livre a aussi été réalisé par cette agence avec ma participation rédactionnelle. Les membres du Cercle Méditerrapaix apportent leur concours précieux à cette manifestation. Cette exposition sera itinérante. Elle a été lancée le 18 novembre 2017 à Cagnes-sur-Mer, pour des raisons sentimentales, et a connu un franc succès. Elle est prévue à Nice, à Paris, à Toulouse et à Valencia, en Espagne. Les villes de Naples, Marseille, Montréal et Bethléhem nous sollicitent aussi.

Une telle odyssée, pour rester méditerranéen, suppose une autre logistique, technique celle-là et surtout financière. Comment comptez-vous financer vos expositions ?

Ce n’est jamais facile de développer des activités culturelles. Il faut savoir chercher et surtout trouver les soutiens concernant les moyens matériels et financiers. Nous les trouvons auprès de mécènes, entre autres, par la mise à leur disposition de notre catalogue, ou auprès des différentes entités qui bénéficient de la manifestation (municipalités, centres culturels, associations et organismes divers).

Par ailleurs, nous organisons des soirées musicales « malouf » et nous faisons ainsi « d’une pierre deux coups », puisque nous offrons un moment de détente spécifique à Constantine et nous récoltons quelques subsides.

A part une satisfaction culturelle et personnelle d’avoir « exporté » votre ville, qu’escomptez-vous de cette manifestation qui s’étalera sur près d’une année ?

Par sa longue et riche histoire, par sa morphologie particulière, par sa culture mais aussi par sa composante humaine, Constantine mérite d’être mise en avant. Notre souhait est de mieux la faire connaître. Tous les efforts que nous consentons et que nous continuerons de déployer visent à montrer tous ses aspects positifs dans tous les domaines. La cinquantaine de posters, les vidéos et le catalogue de l’exposition sont autant de moyens pour y parvenir.

Economiste, écrivain, ministre, conférencier, et maintenant, troubadour avec votre exposition itinérante. Que nous réserve Nadir Benmatti à son retour de l’exposition, après avoir défait ses bagages ?

Mon intérêt pour la région méditerranéenne continuera à me guider. Mon souhait est de participer au sein de la société civile de cette région à un travail pédagogique afin que les activités constructives, dans tous les domaines, connaissent les développements nécessaires. Ma priorité est de m’adresser aux jeunes pour les convaincre que leur avenir dépend d’eux.

Dans l’ouvrage collectif « Méditerrapaix », que j’ai dirigé il y a quelques années et regroupant plus de quinze spécialistes, j’avais associé vingt-cinq jeunes de différents pays, parmi lesquels des universitaires, en publiant les réponses aux questions que je leur avais posées. Leurs réponses sont édifiantes : elles me permettent d’espérer.