C’est pourtant un secteur pourvoyeur d’emplois
La chute de production a privé de ressources de nombreuses familles.
A l’occasion de l’installation du bureau régional de la Confédération générale des entreprises algériennes de la wilaya de Jijel, événement structurant de la Cgea, à laquelle était invité le quotidien L’Expression, il nous a été donné l’opportunité de visiter la plus grande entreprise privée nationale d’exploitation et de transformation du liège. Celle-ci se situe dans le village de Belghimouz dans la daïra d’El Ancer (w.Jijel).
Exhibant fièrement un certificat ISO 9001, version 2000, cette entreprise, membre de la Cgea, qui porte le nom de El Wiam de la Petite Kabylie, brasse un capital de plus de 441 millions de DA. Elle emploie quelque 150 ouvriers qui assurent une production de 30 à 40.000 quintaux l’an d’articles divers en liège. Il faut dire que ces employés ont vécu des moments durs lors de la tragédie nationale sans pour autant interrompre la production. De faux barrages meurtriers étaient placés à 300 mètres environ de l’usine. Ces ouvriers étaient également souvent sauvagement happés par les mines coloniales enfouies dans ces massifs denses de chêne-liège.
La diminution enregistrée dans la production a atteint les 4/5ème pour chuter de 150.000 tonnes en 1990 à 3000 t en 2012, nous ont expliqué les frères Zaïmeche Mohamed Rafik et Zoheir, respectivement manager et directeur de production qui ont accompagné les journalistes dans une visite guidée du site d’exploitation et de transformation du liège. Ce matériau naturel est cueilli par démasclage de la première couche mâle de l’écorce et ensuite de la deuxième couche (femelle) destinée à la fabrication de bouchons, semelles, flotteurs et liège aggloméré. 96% de la production est exportée, ce qui a rapporté à cette entreprise privée un pactole de 5 millions d’euros en 2003. Ce chiffre a hélas chuté de plus de 50% pour atteindre le seuil faible de 2 millions d’euros durant la période d’exploitation et de transformation 2011/2012. Parlant de la gestion elle-même, Zaïmèche a indiqué que l’Etat avait créé un monopole d’exploitation et de gestion qui a «entraîné la décadence de cette industrie» à vocation privée qui est pratiquée dans les deux plus grands massifs de chêne-liège d’Afrique du Nord que sont Jijel et Collo. Certes, a-t-il dit, le peu d’entreprises existantes a grand besoin de nouvelles technologies et surtout de mise à niveau qui tardent toutes deux à se concrétiser sur le terrain.
Cette entreprise, que pilotent les deux frères Zaïmeche et qui est en activité depuis 1990, ne produit actuellement que 30% de ses capacités techniques de production. Située à 400 km d’Alger, elle se niche entre les deux plus grands massifs forestiers de chêne-liège d’Afrique du Nord. Elle a le privilège de se trouver à quelques centaines de kilomètres de la RN 34 en étant accessible en moins de 40 minutes de l’aéroport Ferhat-Abbas du chef-lieu de wilaya de Jijel.
Le gérant Zaïmeche a regretté que le nombre d’ouvriers ait chuté de plus de 300 pour atteindre à peine 75 employés aujourd’hui, c’est dire combien de foyers ont été ainsi privés de revenus substantiels pour subvenir à leurs familles. La baisse de production, explique-t-il encore, a été également causée par l’impossibilité des populations à protéger la forêt et aussi à l’invasion du béton due notamment à une multitude de constructions «illicites» sur les surfaces d’exploitation. Un autre phénomène caractérise hélas cette baisse de production. Il s’agit du charbonnage, pratique rentière toute nouvelle à laquelle s’adonnent les habitants inconscients de ces contrées boisées à souhait. Les incendies n’ont pas non plus épargné ces bois bien que les feux aient détruit de grandes aires forestières, beaucoup plus vastes qu’en Algérie, l’été dernier dans les pays de la rive nord de la Méditerranée, notamment en Espagne et au Portugal a précisé Zaïmeche.