L’expérience avortée du  »printemps algérien » vingt ans avant le  »printemps arabe »

L’expérience avortée du  »printemps algérien » vingt ans avant le  »printemps arabe »
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Il était une fois une  »expérience démocratique » prometteuse. Il était une fois un bouillonnement démocratique sans précédent dans l’histoire du monde arabe. C’était il y a vingt ans, deux longues décennies avant un mouvement régional dit  »printemps arabe ».

Une jeune politologue franco-algérienne revisite une séquence importante de l’histoire contemporaine de l’Algérie et du Maghreb. Un jalon important à comparer aux jalons heureux de la chronique algérienne comme le congrès de la Soummam.

Maître de conférences en science politique à Sciences Po Bordeaux et chercheure au Centre Émile-Durkheim (CNRS, Université de Bordeaux), Myriam Aït-Aoudia rappelle à notre souvenir un moment cher à nos cœurs d’Algériens, un instant que nous regardons désormais dans le rétroviseur de la nostalgie.

La jeune politologue a dédié un moment de sa vocation de chercheuse à ce corpus avant d’en tirer un livre :  »L’expérience démocratique en Algérie (1988-1992)  ». Publié aux éditions Presses de Science Po, l’ouvrage reconstitue le processus d’effondrement du parti unique, sa mutation vers un système pluripartite avec, à la clé, une première expérience démocratique dans la région. Qui avortera trois années plus tard.

 »Tel un laboratoire du changement démocratique, où s’éprouvèrent toutes les conditions nécessaires à ce passage, l’expérience algérienne n’a résulté ni d’un simple basculement, ni d’une évolution linéaire consécutive à une crise de régime, explique l’éditeur dans la quatrième de couverture ».

Pour reconstituer ce processus, Myriam Aït-Aoudia s’est appuyé sur un  »matériau d’une ampleur inégalée ». Entre autres pistes suivies, entre autres sources interrogées, les responsables des principaux partis politiques (FLN, FIS, RCD, FFS), des ministres, des généraux, des fonctionnaires locaux et départementaux.

La politologue s’est livrée au  »décryptage de nombreuses archives originales », qu’il s’agisse de la littérature organique du FIS et des communiqués/textes du ministère de l’Intérieur notamment, de la presse et de textes juridiques.

Son livre  »retrace la mise en place des nouvelles règles du jeu politique, la sélection des acteurs habilités à participer à la compétition électorale, les apprentissages politiques soutenant la construction d’un système partisan pluraliste, les alternances de confiance et de méfiance ».

La sortie de  »L’expérience démocratique en Algérie (1988-1992) » en librairie coïncide avec la soutenance de thèse de l’historien Ali Guenoun « Une conflictualité interne au nationalisme algérien : la question berbère-kabyle » de la crise de 1949 à la lutte pour le pouvoir en 1962″ et la publication, chez Barzakh, de « La genèse de la Kabylie » de notre ami et confrère Yassine Temlali.

Autre travail majeur pour la compréhension de l’histoire contemporaine de l’Algérie, le livre annoncé de l’historien Amar Mohand Amer. Tiré de la thèse de doctorat soutenue par le jeune historien en 2010 à l’Université Denis Diderot, Paris 7 sous la direction de Benjamin Stora, le livre est intitulé : « La Crise du FLN de l’été 1962 : indépendance et enjeux de pouvoirs ».

Merci à notre amie, l’historienne Malika Rahal (spécialiste de l’UDMA et du courant de Ferhat Abbas) d’avoir attiré notre attention en signalant la parution du livre de Myriam Aït-Aoudia.