Par
La raréfaction des finances oblige le gouvernement à parer au plus pressé, laissant des pans entiers des dépenses des ménages à la merci de la loi du marché et de la dévaluation de la monnaie nationale.
Le front social semble reprendre «ses droits» avec le début de l’année 2019. Le contexte rime avec une crise financière aiguë, l’économie nationale n’arrive pas à se libérer de la rente pétrolière, alors que cette dernière traverse des fluctuations et des perturbations qui la rendent plus vulnérable.
Le retour des mouvements de grève dans le secteur de l’Education nationale qui compte le plus grand nombre de travailleurs de la Fonction publique, renseigne sur une tension sociale susceptible de se radicaliser. La date du 21 janvier prochain est en quelque sorte l’étape d’une nouvelle démarche revendicative d’ampleur, de par le choix et l’approche qui animent cette grève qui englobe six syndicats autonomes de l’Education nationale.
Tous les observateurs des mouvements sociaux s’accordent à dire qu’il existe un rapport étroit entre le social et l’économique. La situation financière, peu reluisante, et qui n’augure pas d’une quelconque amélioration à court terme, n’autorise pas une appréciation optimiste quant à la faculté de réponse des pouvoirs publics à une demande massive des travailleurs. Cela amène à constater que les indicateurs socio-économiques du pays ne favorisent pas un climat social sans réactions par rapport à la question qui taraude les fonctionnaires, à savoir l’érosion du pouvoir d’achat. Cette situation alimente les mécontentements et met les organisations syndicales autonomes au-devant de la scène. Ils voient dans cette régression sur le plan social, matière à monter au créneau, histoire de défendre les intérêts des travailleurs, dans un contexte, il faut bien le souligner, assez compliqué.
Ce tableau, qui exprime manifestement une situation de crise, ne ménage pas le gouvernement et sa feuille de route. En effet, même si globalement la démarche de l’Exécutif est largement sociale, il reste qu’il manque de moyens financiers pour freiner la dégringolade du niveau de vie. La raréfaction des finances oblige le gouvernement à parer au plus pressé, laissant des pans entiers des dépenses des ménages à la merci de la loi du marché et de la dévaluation de la monnaie nationale. Face à l’incapacité d’apporter des réponses rapides et satisfaisantes à la demande des couches sociales, l’Etat n’a d’autre choix que celui d’engager un dialogue franc avec les syndicats autonomes. Or, ces derniers ne veulent pas entendre de la même oreille les arguments qui font référence à la crise et la nécessité de suivre les orientations et les nouveaux choix économiques et sociaux des pouvoirs publics.
Tous les syndicats du secteur de l’éducation nationale sont unanimes sur la question cruciale de la protection du pouvoir d’achat. Cette revendication est presque partagée par tous les travailleurs et fonctionnaires dans tous les secteurs confondus. La grève prévue par les syndicats autonomes de l’éducation nationale risque d’être adoptée par d’autres syndicats comme c’est le cas pour le secteur de la santé et aussi des secteurs économiques.
L’option du dialogue doit être mise à profit comme un instrument inéluctable et pour développer des mécanismes en mesure de contenir et d’absorber les mécontentements pour ne pas favoriser le climat délétère et le pourrissement.
Les conflits font partie d’une situation normale du point vue de la gestion de la chose publique.
L’année 2019 est une année difficile sur le plan économique et financier, cela expliquera aussi l’ébullition du front social et ses soubassements. L’ultime recours, c’est un dialogue transparent avec des partenaires sociaux, estiment les observateurs. Le courage politique consiste à assumer l’état des choses et impliquer tous les protagonistes pour trouver des issues pragmatiques, sérieuses et concrètes loin du populisme de certains et du paternalisme des autres.