L’ex PDG de Sonatrach « mouille » son ancien ministre : Chakib Khelil a approuvé tous les contrats

L’ex PDG de Sonatrach « mouille » son ancien ministre : Chakib Khelil a approuvé tous les contrats

Toutes les offres conclues avec des sociétés étrangères par consentement mutuel (formule de gré à gré) ont été approuvées par le ministre de l’Énergie.

L’ancien directeur général de Sonatrach, Mohamed Méziane poursuivi dans une affaire de corruption et de malversations présumés, a chargé son ministre de tutelle, Chakib Khelil, lors de ses auditions devant le juge l’instruction.

Le journal arabophone El Khabar indique dans son édition du dimanche 12 septembre que l’ex-PDG, placé sous contrôle judicaire depuis janvier 2010, a impliqué le principal responsable du secteur, à savoir l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, « considérant que toutes les offres ou transactions conclues avec les sociétés étrangères par consentement mutuel ont été approuvées Chakib Khelil ».

Ce dernier a donné des instructions ministérielles en date du 14 janvier 2005 afin de prendre toutes les dispositions « nécessaires pour assurer la surveillance et la protection des sièges et bases de vie dépendant de Sonatrach », ajoute le quotidien.

Confiée à la huitième chambre correctionnelle de Sidi M’hamed (Alger), l’instruction de l’affaire dite de Sonatrach est terminée au terme de quatre mois d’auditions et de confrontations. Le juge d’instruction devrait transmettre le dossier à la chambre d’accusation dans les prochains jours croit savoir encore le quotidien arabophone citant des sources judiciaires non identifiées.

Le scandale de corruption au sein de la compagnie pétrolière algérienne a éclaté le 12 janvier 2010 lorsque son PDG, Mohamed Meziane, ses deux fils, l’ancien directeur du CPA (Crédit populaire d’Algérie) ainsi que plusieurs hauts cadre de Sonatrach ont été mis en examen et écroués pour corruption et malversations présumées.

Leur mise examen ainsi que leur incarcération font suite aux investigations lancées dés l’automne 2009 par la brigade financière du DRS (Département de la recherche et de la sécurité) concernant certains marchés conclus entre Sonatrach et certaines firmes étrangères.

Ceux-ci sont au nombre de trois. Le contrat de 142 millions de dollars pour la télésurveillance, le marché déroché par l’entreprise pétrolière italienne, Saipem, pour la réalisation d’un système de transport par canalisation de gaz naturel (GK3) pour un montant de 580 millions de dollars et enfin la rénovation du 10éme étage du siège à Ghermoul (Alger), marché obtenu par CCIC (Consolidated Contractors International Compagny).

Depuis l’éclatement de ce scandale, l’ex-ministre de l’Energie, débarqué du gouvernement le 28 mai dernier, avait adopté la posture de celui qui ignorait tout, aussi bien la nature des contrats en litige que le mode de gestion de la compagnie dont il était le véritable patron entre 2000 et 2009. « Je ne peux pas préciser les motifs des inculpations car je ne connais du dossier que ce qu’en a donné la presse.

Je suis au même niveau d’information (que la presse). Je n’ai été informé par aucune institution. Je suis surpris comme vous…», avait-il déclaré aux journalistes en janvier 2010. Pouvait-il ignorer l’existence de ces contrats qui se chiffre en centaines de millions de dollars lui qui savait tout, s’informait sur tout, à propos de la gestion de Sonatrach dont il assurait la direction entre 2001 et 2003 ?

C’est que les déclarations de Mohamed Meziane devant le juge d’instruction sur une éventuelle implication de l’ex-ministre dans ces malversations présumées ne sont pas nouvelles.

Au cours des différents interrogatoires conduits en automne et en hiver 2009 par les enquêteurs des services secrets algériens, Mohamed Meziane aurait clairement fait savoir que toutes les transactions conduites par Sonatrach avec des partenaires nationaux ou étrangers se faisaient avec le consentement du ministre de l’Energie, Chakib Khelil.

Au cours de l’une de ses auditions par le DRS, l’ex- PDG, Mohamed Meziane, au bord des larmes, aurait dégagé sa responsabilité dans les transactions douteuses qui font aujourd’hui l’objet d’une instruction. Aux questions des enquêteurs qui l’interrogeaient sur sa passivité, Meziane aurait rétorqué : « Moi je ne suis rien devant Khelil…J’ai eu peur.

Il a la confiance du numéro 1…» Les autres responsables auditionnés par le DRS auraient également indiqué que leur ministre de tutelle donnait ses avis, ses recommandations et ses instructions aussi bien de manières verbales qu’écrites. « Nous avons travaillé sur instructions de Khelil… », ont-ils répété.

Un document confidentiel révélé par DNA le 20 juin 2010 (Quand Chakib Khelil s’informait des enquêtes menées par le DRS sur la gestion de Sonatrach) montre clairement que non seulement l’ex-ministre était au courant des enquêtes du DRS- ce qu’il avait toujours nié -, mais était également constamment informé du déroulement des négociations sur le dossier de la télésurveillance confié à la société allemande Contel-Funkwerk Plettac.

Maintenant que le ministre est redevenu simple citoyen pourrait-il être entendu par la justice ?