Après le procès en première audience relatif à l’affaire dite Khalifa Bank et sa condamnation par contumace par la justice, Abdelwahab Keramane, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, est toujours présent dans le monde financier en Algérie à travers sa signature toujours apposée sur des billets de banque.
Il ne s’agit pas uniquement de billets de banque émis avant l’éclatement de l’affaire Khalifa, mais également de nouveaux lots de billets de 100 DA, récemment émis et distribués à des structures financières.
Ces billets neufs de 100 DA, dont nous disposons de quelques exemplaires, s’ajoutent à d’autres billets de banque de 200, 500 et 1000 DA portant la signature de Keramane, et toujours en circulation. Si ces derniers ont été émis avant l’éclatement du scandale Khalifa,pour les billets de banque de 100 DA, il s’agirait d’une nouvelle émission basée sur des planches datant de l’époque où Abdelwahab Keramane était gouverneur de la Banque d’Algérie.
Pour rappel, Keramane occupait à l’époque de l’activité de Khalifa Bank le poste de gouverneur de la Banque d’Algérie ; il a été condamné par contumace à 20 ans de prison ferme par le tribunal criminel de Blida au terme du procès en première audience de Khalifa Bank, en 2007.
Son frère, Abdennour, ancien ministre de l’Industrie, et sa fille, Yasmine, ex-représentante de Khalifa Airways à Milan, en Italie, ont été condamnés à dix ans de prison ferme. Le rôle d’Abdelwahab Keramane dans cette affaire aurait été d’une «grande importance», selon le collectif des clients spoliés par Khalifa Bank. Pour rappel, le président de ce collectif, Omar Abed, avait demandé «aux hautes instances du pays, au nom de l’ensemble des victimes de la banque Khalifa, de procéder en premier lieu à l’extradition de l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie et non à celle de Rafik Abdelmoumen Khalifa».
Omar Abed avait expliqué que «Abdelwahab Keramane est l’un des principaux responsables du scandale financier de Khalifa Bank». «Depuis l’année 1999 et jusqu’en 2003, Keramane n’avait pas réclamé le bilan annuel dit de contrôle classique auprès de l’administrateur de la banque Khalifa, une opération pourtant obligatoire. Au lieu d’appliquer le règlement, l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie a préféré fermer les yeux durant ces années.
Ce qui est le plus grave dans cette affaire, avait ajouté le président du collectif des clients spoliés de Khalifa Bank. «Abdelwahab Keramane détient des secrets et des dossiers confidentiels sur le plus grand scandale financier qu’a connu l’Algérie. Tout le monde parle d’Abdelmoumen Khalifa, alors que le vrai coupable est Abdelwahab Keramane. Il savait très bien que Khalifa Bank était en faillite mais il n’a rien fait pour sauver les clients de cette banque», avait encore lancé Omar Abed.
C’est dire l’importance de cet homme dont la signature est apposée sur de nouveaux lots de billets de banque de 100 DA émis et distribués à des structures financières.
A noter que pour le procès en appel relatif à l’affaire de Khalifa Bank, renvoyé il y a quelques jours à la prochaine session, le nom d’Abdelwahab Keramane et celui de son frèrene figuraient pas dans la liste des accusés. Un avocat avait expliqué que «le nom ne peut pas être cité parce que Abdelwahab Keramane, son frère Abdenour et sa fille n’ont pas fait appel quant au verdict prononcé contre eux lors du procès en première instance». Considérés comme étant en fuite, ils seront jugés s’ils rentrent au pays et font opposition, explique-t-on.
Le bureau de Khalifa Airways à Milan
La fille de Abdelwahab Keramane, Yasmine, était, elle, chargée de l’ouverture et de la gestion du bureau de représentation de la compagnie aérienne de Rafik Abdelmoumen Khalifa, Khalifa Airways, à Milan, en Italie.
La somme globale de 28 675 euros avait été mise à sa disposition et versée sur son compte bancaire personnel, sur la base du budget prévisionnel établi par la direction générale à Paris pour engager les premières dépenses nécessaires à l’inscription et à l’installation de ce bureau, lit-on sur la décision d’affectation établie par la direction générale du groupe Khalifa (dont nous possédons une copie), au bénéfice de la fille de Abdelwahab Keramane. Ce bureau à Milan ne disposait pas encore de compte bancaire.
La fille de Abdelwahab Keramane s’était encore, rappelle-t-on, expliqué à ce sujet en déclarant avoir finalement dépensé la somme de 358 462 euros pour l’ouverture et la gestion du bureau de Khalifa Airways à Milan, évoquant «un déficit de 129 786 euros, auquel elle avait dit avoir fait face à la fin de sa mission devant la défaillance de son employeur, et pour laisser la situation claire vis-à-vis des autorités italiennes. Suite à quoi, elle a réclamé au liquidateur de Khalifa une somme de 78 076 euros d’autant plus qu’elle avait demandé à quitter son poste à Milan à la fin de 2002, avait-elle annoncé.
Diplômée en sciences commerciales et de gestion de l’Institut français de gestion (Paris), demeurant en Italie, la fille d’Abdelwahab Keramane avait été affectée comme cadre du groupe Khalifa à compter du 1er juin 2000.
M. A.