La France est aujourd’hui accusée, pareillement à d’autres pays européens, d’avoir alimenté le terrorisme via le paiement de rançons. L’ex-ambassadrice américaine au Mali, Vicki J. Huddleston, n’a pas manqué d’ouvrir encore une fois ce dossier épineux, en confirmant les informations qui circulent depuis un an.
«La France, comme d’autres pays européens, a versé des millions de dollars pour obtenir la libération d’otages au Sahel», a-t-elle déclaré, hier, en citant des «rumeurs».
Vicki J. Huddleston ajoute sur iTélé que «la rumeur dit que les Français ont payé une rançon importante, peut-être jusqu’à 17 millions de dollars pour des otages enlevés dans une mine d’uranium au Niger en 2010», a dit l’ex-diplomate, affectée à Bamako entre 2002 et 2005, soit à une période autre que celle de ces rapts.
Les quatre otages pour lesquels une rançon a été versée, selon la diplomate, ont été enlevés à Arlit (Niger) le 16 septembre 2010. Deux autres otages français ont été enlevés à Hombori (Mali) le 24 novembre 2011 et un autre le 20 novembre 2012 près de Kayes (Mali).
Dans un livre paru début 2012, Serge Daniel, correspondant à Bamako de Radio France internationale et de l’Agence France Presse (AFP), avait déjà évoqué des montants de rançons de manière plus précise que l’ex-ambassadrice, rapporte l’AFP.
Selon la même source, «deux sociétés françaises ont payé 13 millions d’euros pour libérer des Français, l’Autriche a payé 3 millions d’euros, l’Espagne 9 millions d’euros et le Canada entre 3 et 5 millions», a-t-il écrit dans son ouvrage intitulé «Aqmi, l’industrie de l’enlèvement», publié aux éditions Fayard.
Vicki J. Huddleston a rappelé, par ailleurs, que l’Algérie avait toujours «catégoriquement refusé de payer des rançons tout comme mon propre pays, les Etats-Unis. Mais les gouvernements européens avaient le sentiment qu’ils ne pouvaient pas faire autrement».
Selon elle toujours et citant «la rumeur», le gouvernement allemand a déboursé «environ 5 millions de dollars pour faire libérer des ressortissants au début des années 2000».
A la mi-2012, le président français Nicolas Sarkozy avait affirmé, à propos de deux otages en Afghanistan, que payer des rançons n’était pas un problème pour son gouvernement.
Le nouvel exécutif socialiste de François Hollande a, cependant, une approche différente. Selon lui, «des rançons nourrissent le terrorisme et la poursuite de la pratique des rapts».
La France compte aujourd’hui encore sept otages dans la bande sahélo-saharienne. Ils seraient détenus dans le nord du Mali, dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes.
Invité à réagir aux propos de l’ex-ambassadrice des Etats-Unis au Mali, l’ancien ministre de l’Intérieur Claude Guéant affirme pour sa part que «l’Etat français n’a jamais rien payé».
Dans sa déclaration sur iTélé, il précise : «On avait des négociateurs sur place, mais la France n’a jamais rien payé. J’étais responsable public et je peux le confirmer».
Samira A.