Naguib Sawiris doit attendre la fin mai pour connaître l’estimation de Djezzy faite par le cabinet Shearman & Sterling LLP désigné par l’Algérie. Il sera fixé plus tôt pour le projet de fusion entre avec le groupe VimpleCom. Le norvégien Telenor qui voulait empêcher la tenue d’une assemblée générale des actionnaires le 17 mars pour valider la fusion a été débouté par la justice.
Le cabinet d’avocats Shearman & Sterling LLP engagé par l’Etat algérien pour l’accompagner dans l’opération d’acquisition et d’évaluation d’Orascom Telecom Algérie (OTA – Djezzy) doit achever ses travaux avant la fin du mois de mai, a indiqué le ministre algérien des télécommunications, Moussa Benhamadi. Le ministre algérien a déclaré à Reuters que le cabinet de conseil « a commencé ses travaux, il y a une semaine. L’opération d’évaluation est prévue pour une durée de trois mois. Les pourparlers commenceront après la présentation des résultats par le cabinet ». La situation de Djezzy, la durée du processus de nationalisation et surtout l’estimation de sa valeur font l’objet d’appréciations très éloignées entre les autorités algériennes et Orascom Telecom Holding (OTH). Le groupe égyptien conteste également la validité des trois redressements fiscaux qui lui ont été signifiés par la direction générale des impôts ainsi que la validité juridique du droit de préemption invoqué par l’Etat Algérien. Ce sont les éléments que compte faire valoir OTH en cas de recours à l’arbitrage international. Les difficultés d’Orascom Telecom en Algérie ont entravé un accord de fusion plusieurs milliards de dollars entre Orascom Telecom Holding et le groupe russo-norvégien VimpleCom. L’Etat algérien a fait valoir un droit de préemption introduit dans la législation dans la loi de finance complémentaire 2009. Ce changement de législation encadrant les investissements étrangers a été largement motivé par la cession au groupe Lafarge des actifs détenus (cimenteries) en Algérie par le groupe Orascom Construction Industries. Celle-ci entrait dans le cadre d’un accord de fusion qui intégrait toute la filière ciment d’Orascom au sein de Lafarge.
En « position de force »
Le patron d’Orascom Telecom Holding, Naguib Sawiris, a laissé entendre qu’il pourrait recourir à l’arbitrage international si les choses trainent en longueur et si l’offre financière pour le rachat de Djezzy ne lui convient pas. Le patron du groupe égyptien a systématiquement fait du prix du 7,8 milliards de dollars, censé avoir été proposé par le sud-africain MTN comme prix pour l’achat de Djezzy, comme un seuil au-dessous duquel il refusait d’aller. Après avoir vendu ses parts dans Tunisiana pour 1,2 milliards de dollars, Sawiris a affirmé qu’il avait le soutien des banques pour le paiement des dettes qui arrivent à échéance durant les deux années à venir. Un message destiné, selon les spécialistes, à faire savoir aux autorités algériennes qu’il ne s’engageait pas dans la négociation dans une position de faiblesse. La situation semble se dégager d’autre part pour l’accord de fusion avec VimpleCom.
Echec judiciaire pour Telenor
L’actionnaire norvégien Telenor, très hostile à l’accord de fusion avec Weather Investment de Sawiris avait engagé une procédure judiciaire pour bloquer la tenue d’une assemblée générale des actionnaires de VimpelCom le 17 mars prochain. Cette assemblée devait se prononcer par vote sur le projet de fusion. Telenor qui détient 36% de parts a invoqué un droit de préemption en tant qu’actionnaire qui n’a pas été retenu par le tribunal. VimpleCom peut ainsi organiser l’assemblée générale prévue pour valider la fusion avec Weather Investments, une transaction d’un cout de 6,8 milliards de dollars. Tout indique que l’accord sera validé. Telenor avait d’ailleurs décidé de recourir à la justice après avoir été incapable d’obtenir le soutien d’autres actionnaires pour bloquer la transaction.