Le rendement des imams continue de poser problème. Des observateurs, des officiels et de simples citoyens critiquent les prêches prodigués et trouvent que la gestion des affaires de la mosquée est plutôt en- deçà des attentes. Il y a quelques semaines, c’était Cheikh Bouamrane, président du Haut conseil islamique (HCI) qui a critiqué le contenu des prêches de vendredi.
Il s’est dit «ahuri» par certains prêches qui n’ont rien à voir avec le quotidien des simples citoyens. Un problème récurrent que le ministère de tutelle semble dans l’incapacité de solutionner. Fares Mesdour, docteur en finances islamiques et cadre du secteur, a dressé, lui aussi, un tableau noir de la situation qui prévaut dans les mosquées et du niveau intellectuel des imams. Selon lui, «seulement 10% des imams maîtrisent leurs fonctions». Certains, explique-t-il, ont le niveau 2e AF, voire moins, alors que d’autres ne prennent pas la peine de se former en permanence. Pire, indique le Dr Mesdour, «des étudiants diplômés en sciences islamiques sont au chômage, faute de recrutement sur compétences». En conséquence, «les prêches sont basés sur des donnes théoriques et loin de la vie quotidienne des simples citoyens». Ainsi, explique-t-il, la mosquée est devenue un lieu de prédilection pour les salafistes radicalistes, qui profitent de la mollesse des imams pour propager leurs idées et procéder à l’endoctrinement des fidèles. Notre interlocuteur a indiqué que le ministère des Affaires religieuses organise chaque dimanche des rencontres au profit des imams, n’empêche que ces cycles de formation ne profitent pas à tous les religieux. Le Dr Mesdour s’est dit étonné par l’instruction de la tutelle exhortant les imams des mosquées à l’occasion du mois sacré du ramadhan à adopter des prêches en relation avec les préoccupations quotidiennes des citoyens. En fait, en appelant les imams à abandonner les discours traditionnels et axer davantage sur les soucis et préoccupations des citoyens, le ministère des Affaires religieuses reconnaît, implicitement, que les prêches portaient, par le passé, sur des considérations qui ne touche pas le vécu des habitants. Mais le pire est que certains imams, faute de bagage intellectuel et de ne pouvoir convaincre les fidèles, «font fuir les pratiquants des mosquées». D’ailleurs, des citoyens préfèrent fréquenter certaines mosquées et non pas d’autres, selon la réputation du prêcheur. Le Dr Mesdour précise, sur un autre plan, que le taux de couverture des 1 500 mosquées du pays en imams est de près de 40% seulement. «Plusieurs mosquées sont gérées par des individus ayant des connaissances religieuses, sur autorisation du ministère de tutelle» a-t-il indiqué. Une option aléatoire dans la mesure où l’on enregistre des dépassements en tous genres de la part de certains imams. L’orateur dit, à ce propos, avoir proposé au ministère des Affaires religieuses de soumettre les nouveaux imams à des tests psychotechniques pour prévoir les dérapages et éviter l’exploitation de ce statut à des fins douteuses.
Aomar Fekrache