Leurs compétences ayant été mises en doute par deux avocats Les magistrats s’estiment diffamés et demandent réhabilitation

Leurs compétences ayant été mises en doute par deux avocats Les magistrats s’estiment diffamés et demandent réhabilitation

Les magistrats sont en colère. Et pour cause, ils se sont estimés diffamés par deux avocats qui – par médias interposés- ont mis en doute leurs compétences.

Lors d’une assemblée générale régionale ayant regroupé les magistrats de la région du Centre, le président du Syndicat national des magistrats, Djamel Laidouni, a indiqué vouloir réclamer une réhabilitation des magistrats suite à deux affaires de diffamations, dont ils ont été l’objet durant la semaine dernière.



M. Laidouni a d’abord dénoncé les propos d’un avocat, Me Boudiaf, qui, dans une intervention lors d’une émission diffusée par Canal Algérie, a remis en cause la compétence des magistrats.

Il reproche à l’avocat de «s’être présenté sur le plateau de la télé pour défendre une affaire dont il avait la charge, concernant le refus d’une saisie conservatoire». M. Laidouni, tout en confortant le juge dans son jugement, a rappelé à ce dernier que lorsqu’il était magistrat à Oran il avait refusé la même requête à l’encontre d’un bien d’un étranger et qu’il avait été demis de ses fonctions de force en tant que président de cour.

Il a ajouté que ce dernier, ayant été président du syndicat des avocats, «il n’avait organisé aucune session de formation pour les membres de sa corporation ». Quant à l’émission, il l’épinglera pour ne pas avoir présenté l’avis des magistrats et de s’être contentée seulement de celui de la rue qui les a incriminés. Et de lancer que «celui qui a une maison en verre doit s’empêcher de jeter des pierres sur celle des autres».

Affirmant que leurs valeurs les «empêchent de descendre plus bas», il défiera l’avocat de tenir une confrontation avec le plus jeune des magistrats. Le président du SNM a, d’autre part, tenu à apporter une réponse aux déclarations du président du Cncdppdh, Me Ksentini, au sujet des augmentations des salaires des magistrats.

«Qui es-tu pour parler des salaires des magistrats ?», a-t-il lancé en direction de ce dernier, avant de poursuivre que «pour que la justice soit forte, il faut une défense forte aussi». «Ils ne peuvent nous donner de leçons. Les magistrats suivent régulièrement des formations et se forment par eux mêmes», a-t-il clamé encore.

Et en écho aux demandes de ses pairs, qui se sont dits particulièrement offusqués des attaques dont ils ont été l’objet dans les médias, et auxquelles ils ne pouvaient répondre pour cause d’obligation de réserve, Djamel Laidouni a dénoncé les critiques lancées contre les magistrats, indiquant que l’«on accuse presque les magistrats d’être la source des malheurs de l’Algérie, alors qu’au contraire, ils ont toujours soutenu l’Algérie, surtout au moment où elle était en crise. En ce moment là, nous n’avons pas fui le pays, et jusqu’à présent on vit les séquelles de cette période».

De nombreux magistrats ont pris le micro pour soulever les problèmes socioprofessionnels auxquels ils font face, en faisant état notamment de mesures disciplinaires de la part de la tutelle et en se livrant à des commentaires portant sur leur principale revendication : l’indépendance de la justice.

A ce sujet, un intervenant a clairement affirmé que «l’indépendance de la justice n’est pas sans limite, mais elle doit s’insérer dans le cadre de la loi», car, dit-il, «même le pouvoir des magistrats est dangereux». «Le magistrat doit avoir la conscience professionnelle» et «une indépendance d’esprit», dira-t-il pour ensuite insister sur la nécessité d’établir des relations de confiance entre justice et justiciables.

Le même intervenant déplorera que le magistrat n’ait plus de vie sociale, et qu’il ne bénéficie pas d’avantages sociaux que devraient lui conférer son statut. Auparavant, M. Laidouni a rappelé les revendications des magistrats telles que formulées lors du dernier conseil national et qui portent essentiellement sur l’indépendance de la justice et la révision du régime indemnitaire.

A. R.