Le sommet entre l’UE et la Chine qui se tient mercredi à Prague marque une réconciliation avant tout symbolique. L’annulation du sommet avec Nicolas Sarkozy avait ouvert la parenthèse il y a cinq mois, les retrouvailles sous la présidence tchèque de Vaclav Klaus la referment : la Chine et l’Europe, premières puissances commerciales de la planète, se retrouvent mercredi à Prague pour un sommet où la substance s’effacera sans doute derrière le symbole. Au bout de la brouille rallumée en décembre par un rendez-vous entre le président français et le dalaï-lama, Européens et Chinois font assaut de décorum et de politesses. Wen Jiabao, le premier ministre chinois, attendu mercredi à Prague, était venu en personne à Bruxelles dès janvier pour confirmer la tenue du sommet. Afin de rattraper le temps perdu, dirigeants européens et chinois se retrouveront une troisième fois cet automne à Pékin.
Avec la crise et l’effondrement des échanges, chacun y trouve un intérêt bien compris : la Chine écoule 20 % de ses exportations en Europe, l’Europe trouve en Chine 16 % de ses marchés extérieurs. Pourtant, hormis la signature annoncée par Pékin d’une série d’accords «de coopération», on peine à identifier les ressorts d’une dynamique renouvelée. L’UE attend de la Chine qu’elle se comporte «en partenaire responsable, tant dans le règlement de la crise que dans la lutte contre le réchauffement climatique», avance un responsable européen. Précisément, Bruxelles souhaite que Pékin s’engage généreusement dans la reconstitution des ressources du FMI décidée par le G20 et qu’elle participe au plafonnement des émissions de C02, enjeu du grand rendez-vous environnemental de la fin de l’année à Copenhague.
Les frustrations subsistent
À l’approche du sommet de Prague, la République populaire s’en est tenue à deux requêtes traditionnelles : les transferts de technologies européennes – illustrés par l’envol récent du premier Airbus assemblé en Chine – et le statut d’économie de marché, brevet européen de bonne conduite qui lui permettrait d’éviter des taxes anti-dumping. La fermeture de facto d’une partie du marché chinois aux entreprises étrangères et surtout le gonflement spectaculaire du déficit commercial des Vingt-Sept (168 milliards d’euros l’an dernier) tempéreront l’ardeur européenne.
Sur le plan politique, les frustrations subsistent. L’Europe, quoi qu’elle en dise, n’a pas digéré que Pékin sacrifie, sans explication et sur un préavis de 72 heures, un sommet programmé de longue date à Lyon, le 1er décembre dernier. Autant pour un partenariat naguère présenté comme exemplaire. La Chine, de son côté, a d’autant moins apprécié la poignée de main entre Nicolas Sarkozy et le dalaï-lama qu’elle n’a pas pu l’empêcher.
La question des droits de l’homme dépasse aujourd’hui le sort des dissidents chinois maintenus à l’ombre, à l’approche du vingtième anniversaire de Tiananmen. De la Birmanie au Soudan et au Zimbabwe, le soutien intéressé de Pékin aux dictatures s’impose comme «un obstacle aux progrès de la bonne gouvernance dans les pays émergents», observe un diplomate à Bruxelles. La visite du dalaï-lama à Paris, annoncée pour la fin du mois, risque aussi de jeter de l’huile sur le feu.