La preuve par Jérusalem
La proposition suédoise n’a pas fait long feu. Pouvait-il en être autrement, au regard du statut d’impunité dont se prévaut l’Etat hébreu ? Sous la pression du lobby juif, l’Union européenne (UE) a fini par faire machine arrière sur le caractère inaliénable de Jérusalem-Est, illégalement annexé et reconnu dans le projet initial comme capitale du futur Etat palestinien.
Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères tenue à Bruxelles, la position finale édulcorée, portant sur la référence de la « capitale des 2 Etats », a surpris. Le changement révèle en fait la force des jeux en coulisses qui priment sur la légalité internationale. Selon le secrétaire général de l’Autorité palestinienne, Tayeb Abdulrahim, le rôle de la France a été déterminant.
Très critique envers le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, en raison de sa position envers le statut de Jérusalem, en contradiction avec celle du président français, il a estimé que cette caution, « perçue avec étonnement et ressentiment par le peuple palestinien et sa direction », légitime la violation continue des résolutions onusiennes. Le retrait de l’original, « bien meilleur » aux yeux de Mustapha Barghouthi, le président de l’Initiative nationale palestinienne (INP), a eu pour effet immédiat la relance des projets de construction des nouvelles colonies. A la faveur de la duplicité, caractéristique de l’Etat « hors la loi » sans foi ni loi, le leurre de Netanyahu décrétant le gel des colonies a été démenti dans les faits par le programme de construction des 455 habitations, prévu en septembre, et de 900 autres dans la colonie de Gino pour le mois de novembre.
Pour Barghouthi, «l’expansion des colonies à Jérusalem-Est comme en Cisjordanie est la preuve manifeste des mensonges israéliens». Sur le terrain, le processus de dépossession se poursuit intensément. En un an, l’expulsion des 4557 Palestiniens privés de leur droit de vivre à Jérusalem-Est affiche le record absolu en 42 ans d’occupation. Les 250.000 résidents, dépourvus du droit de citoyenneté et «traités comme s’ils étaient des immigrants en Israël», selon la formulation du procureur Yotam Ben-Hillel du Hakomed (Centre de défense de l’individu), sont les victimes du néo apartheid qui impose le questionnement sur le devenir palestinien.
Face à la légèreté européenne et au silence prolongé de l’Amérique d’Obama, incapable d’imposer le gel total des colonies revendiqué en début de mandat, la paix proche- orientale reste inévitablement l’otage du pouvoir extrémiste politico-religieux de Tel Aviv qui fait et défait les décision du vieux et nouveau continent.
Il appartient donc aux Palestiniens de s’interroger sur la crédibilité et la finalité du processus de négociation. Le «que reste-t-il à négocier ? » revient en leitmotiv pour souligner la fatuité d’une négociation frappée du sceau des conditionnalités israéliennes excluant toute discussion sur les questions centrales de Jérusalem, les frontières, les colonies et l’eau.
Larbi Chaabouni