Leur statut particulier publié au Journal officiel: Les médecins résidents scandalisés

Leur statut particulier publié au Journal officiel: Les médecins résidents scandalisés

Le mécontentement a pour cause le décalage entre le document élaboré conjointement avec les représentants de la tutelle et la version parue dimanche dernier dans le Journal officiel.

Le taux de rémunération du résident fixé entre 65 et 75 % plutôt que 85-95 % comme convenu entre les deux parties, la disposition imposant une défalcation de 30 % du salaire, pour tout redoublement de l’année universitaire et l’augmentation salariale de 30 % et non de 100 % comme annoncée par le ministre en constituent les principaux griefs.

Le nouveau statut particulier des médecins résidents, publié dimanche dernier au Journal officiel, a suscité l’étonnement des blouses blanches. Les médecins résidents, qui avaient observé une grève pendant plus de 112 jours, se déclarent scandalisés par le contenu d’un texte dont l’application est prévue avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008.

Le docteur Toufik Yelles, l’un des porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA), joint hier par téléphone, a indiqué que «les médecins résidents sont scandalisés et très étonnés par «un nouveau statut complètement raté».

«Nous nous étions mis d’accord avec le ministère de la Santé dans le cadre d’une commission mise en place pour débattre de nos revendications sur les taux de rémunération correspondant à chaque année et qui sont calculés sur la base de la rémunération du praticien spécialiste assistant de la santé publique. On a constaté hier que les taux ont été modifiés», a souligné le Dr Yelles, mécontent de voir «le ministre de la Santé rater, cette fois encore, l’occasion d’être crédible».

«La rémunération du médecin résident en première année devait représenter entre 80 et 95 % du salaire du maître assistant par exemple. Mais le décret fixe un taux variant entre 65 et 75 %», explique le porte-parole du collectif, qui s’interroge : «A quoi sert de contribuer un mois durant à l’élaboration d’un statut particulier quand, à la fin, on vous en sort un autre ?»

Un exemple ? «Une disposition du nouveau statut prévoit une défalcation de 30 % du salaire pour tout redoublement de l’année universitaire, alors que les participants dans les commissions mixtes n’ont jamais signé cet article. Au contraire, on a revendiqué la suppression de ces sanctions», affirme notre interlocuteur.

Un autre ? «Le ministre de la Santé a récemment déclaré que les salaires des médecins résidents ont été doublés alors que, dans les faits, ces augmentations ne dépassent pas les 30 % », a-t-il ajouté.

Une réunion destinée à faire la lumière sur la question devrait, selon notre interlocuteur, se tenir dans les jours à venir. Il s’agit, selon lui, de savoir qui veut le pourrissement et pourquoi.

Même si les médecins résidents trouvent le statut rendu public différent de celui qu’ils ont signé, la version finale contient tout de même quelques acquis, fruit de plusieurs mois de protestation. La durée hebdomadaire de travail et de formation a été réduite de onze à dix demi-journées. Désormais, les médecins en spécialisation bénéficieront du transport et de service en matière de restauration lorsqu’ils sont astreints à une garde.

En outre, les résidents «peuvent être mis en position de détachement au niveau national ou à l’étranger en vue d’une formation. Dans ce cas, ils continuent à bénéficier de leurs droits de l’établissement d’origine, selon des modalités fixées par arrêté conjoint des ministres de l’Enseignement supérieur et de la Santé», explique encore le Dr Yelles.

S’agissant du service civil, cheval de bataille des résidents, notre interlocuteur a indiqué que la question relative à sa suppression reste toujours en suspens. Elle n’a d’ailleurs pas été évoquée dans le nouveau statut. «C’est la preuve de la non-conformité de cette disposition du statut avec la Constitution», a-t-il souligné.

Pour rappel, les médecins résidents avaient décidé de geler leur grève le 14 juillet dernier, à l’issue d’une assemblée générale. Ils avaient repris le travail le 17 juillet après 112 jours de grève et autres actions de protestation.

Mohammed Zerrouki