L’augmentation risque de passer pour une provocation pour le simple citoyen
Malgré les affaires de corruption qui ont défrayé la chronique, ces derniers temps, les députés sont restés bouche cousue.
Encore une récompense pour ne rien faire. Les députés de la chambre basse sont très gâtés. Leur salaire passera de 300.000 DA à 400.000 DA. Cette nouvelle augmentation a été accordée sous la forme de plusieurs primes. «La décision a été prise, mardi dernier, lors de la réunion du bureau de l’APN consacrée à la gestion du budget de l’Assemblée populaire nationale», indique une source parlementaire. Selon la même source, les députés ont obtenu une augmentation de 40.000 dinars de la prime de location de logement, qui passe ainsi à 100.000 dinars par mois. «Le président de l’APN a accordé aux représentants du peuple une hausse de 40.000 dinars de la prime de restauration et de transport et une autre prime de 20 000 dinars pour les frais divers des députés lors de leurs déplacements pour assister aux séances de l’Assemblée et à l’utilisation du véhicule personnel».
La dernière augmentation remonte à 2008, soit quelques mois avant l’amendement de la Constitution. Cette récente rémunération tombe très mal. Qui veut mettre de l’huile sur le feu? L’annonce de l’augmentation, en elle-même, est déjà une provocation pour le simple citoyen. Ecrasés par l’inflation, les Algériens ont du mal à boucler leurs fins de mois. La gravité de cette décision est surtout accentuée par le contexte social dans lequel elle intervient. Depuis des mois, le pays est plongé dans une instabilité sociale qui tend à devenir chronique.
Des grèves, des marches et des manifestations publiques rythment le quotidien des Algériens. Il s’agit surtout de savoir qui a pris cette décision dans un pareil contexte et que cherche-t-il à travers cela? Il faut dire que les députés menacent réellement la paix sociale.
Cette augmentation va embraser le front social. L’institution parlementaire, qui reste mal perçue par les citoyens, risque de ternir son image avec cette augmentation. Alors que leur rendement est quasiment nul, les élus du peuple ont la vie belle. Hébergement, véhicule de luxe, téléphone, frais de mission, toutes les dépenses sont aux frais de la princesse. Avec tous ces avantages, les élus du peuple ne font rien, à part lever la main pour adopter un texte recommandé.
Le constat se fait de lui-même. La septième législation n’a pas apporté grand-chose à la société. Malgré les affaires de corruption qui ont défrayé la chronique ces derniers temps, les députés sont restés bouche cousue. Aucun rapport, ni commission d’enquête n’ont été revendiqués.
Les députés n’ont pas eu le courage de dire basta à la corruption et de demander que la lumière soit faite sur les scandales dans lesquels l’ex-ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, est impliqué. Ce n’est pas tout. Les députés sont restés à côté de la plaque lors de la campagne menée contre le kidnapping des enfants. Alors que des voix se sont élevées à travers tout le territoire national pour réclamer l’application de la peine de mort, le Parlement n’a même pas pris la peine de pondre un communiqué. Idem pour le problème du Sud. Ce n’est qu’après l’implication du gouvernement que le Parlement a bougé le petit doigt en expédiant une délégation de députés au Sud, laquelle a été chassée par les contestataires. Censés être à l’avant-garde des attentes de la société, les députés vivent sur une autre planète. Atteints du syndrome pavlovien, les élus du peuple ne font que lever la main.