Les amendements introduits par l’APN dans le projet de loi de finances complémentaire pour 2011 n’ont pas concerné l’article relatif à la friperie. Or, les sénateurs, conscients des dangers de l’importation du rebut des marchés asiatiques et occidentaux sur la santé des Algériens et sur la production nationale de textile, n’ont pas d’autres choix que d’accepter ou de rejeter en bloc le projet de loi. Une vente concomitante que les députés seuls auraient pu annuler.
Le Conseil de la nation conteste fermement l’article autorisant le commerce de la friperie introduit par les députés à la faveur de la loi de finances complémentaire 2011 votée le 14 juillet dernier par l’Assemblée populaire national.
«Importer le chiffon et les restes des autres pour habiller les Algériens ! C’est vraiment scandaleux. C’est carrément une atteinte à l’image de l’Algérie des martyrs», a lancé hier le sénateur Sidi Otman Lakhdar, lors de la séance plénière du conseil consacrée à l’examen de la LFC 2011.
Pour ce sénateur, l’amendent d’un tel article est insensé, car cela va à l’encontre des intérêts du citoyen et de son bien-être. «Les dangers des vêtements usagers sur la santé est une réalité avérée, alors pourquoi l’Etat autorise ce commerce après l’avoir interdit en 2009 ?» s’est-il demandé en pointant du doigt les lobbys de la friperie qui ont «apparemment» une emprise sur les députés.
Même du point de vue socioéconomique, la friperie ne peut pas être bénéfique au citoyen, selon ce même intervenant qui affirme qu’à la longue, ce commerce finira par anéantir l’industrie du textile. «Ce qui aura pour conséquences logiques la fermeture des usines et la recrudescence du nombre des chômeurs», a-t-il prévenu.
Au lieu d’investir dans le commerce du chiffon, cet intervenant propose plutôt la réhabilitation des entreprises du textile dont 23 d’entres elles sont établies dans les zones reculées du pays. Abondant dans le même sens, Abdelkrim Korichin, un sénateur du parti FLN, déplore que les barons de la friperie se cachent derrière la classe sociale pour imposer leurs lois.
Pour lui, la réintroduction de la friperie, qui consacre la pauvreté et la disparité entre les classes sociales, n’a jamais été une revendication populaire. Le Parti des travailleurs, qui s’est fortement opposé à la légalisation de l’importation de la friperie, a récemment interpellé le Conseil de la nation et le gouvernement à bloquer cette loi tout en accusant l’APN de servir les barons de l’informel et de la friperie.
Lors du rapport introductif présidant à la session ordinaire du bureau politique du parti, la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoun, avait exprimé l’indignation de sa formation quant à l’adoption de la majorité de députés de la légalisation de l’importation de la friperie, remettant en cause ainsi les dispositions des lois de finances complémentaires de 2009 et de 2010.
Le gouvernement peut-être, mais certainement pas le Conseil de la nation, car les sénateurs ne sont pas habilités à changer, annuler ou introduire un amendement à moins de rejeter la loi de finances complémentaire en bloc.
Z. M