En plus de multiples problèmes liés aux équipements et aux conditions de prise en charge et de travail dont souffre le centre hospitalo-universitaire d’Oran (CHUO), un autre problème vient compliquer sa situation, il s’agit de la démission de plusieurs médecins spécialistes qui ont quitté l’hôpital pour exercer dans des cliniques privées
En effet, des sources proches de la direction générale du CHU parlent d’une trentaine de démissions qui ont été déposées depuis le début de cette année. Ces dernières concernent notamment des médecins spécialistes qui ont été sollicités par des responsables de cliniques privées. D’autres ont préféré s’établir à leur propre compte et ouvrir un cabinet, quitté définitivement l’hôpital.
De ce qui est des causes de cette désertion collective, certains médecins révèlent que ce nouveau phénomène résulte des conditions de travail au sein du CHU. «Rien n’a été fait concernant notre statut ni à propos des régimes indemnitaires.
Certains médecins ont travaillé ici pendant de longues années mais ont fini par partir car rien n’a été fait pour les garder et bénéficier de leur expérience », dira un gynécologue qui exerce depuis une vingtaine d’année au sein de la maternité du CHU. Notre interlocuteur a ajouté : «Ce phénomène a cours depuis déjà des années, mais les médecins ne quittaient par leurs postes au CHU mais se contentent de collaborer avec des cliniques privées, mais actuellement ces médecins n’hésitent pas à démissionner carrément.
Mais sincèrement cette procédure n’est pas bénéfique pour la carrière des médecins, car une fois détachés du secteur hospitalo-universitaire, ces médecins se trouvent isolés et stagnants, peu de médecins privés participent à des séminaires ou à des formations, ce n’est pas le cas des médecins de l’hôpital qui sont tenus à assister régulièrement à des séminaires » dira notre interlocuteur.
En effet, ce système de travail en collaboration avec les cliniques privées, tout en gardant le poste au niveau de l’hôpital a également été critiqué par plusieurs spécialistes du secteur, ces derniers ont justifié leur opposition par le fait que plusieurs dépassements ont été engendrés par cette situation.
« Certains spécialistes obligent les malades à aller aux cliniques privées, ils refusent de faire leur travail correctement au sein de l’hôpital pour pousser le malade à se diriger vers le cabinet ou à la clinique, ce qui porte préjudice au patient qui doit payer pour se faire soigner, et pour faire perdre de plus en plus sa réputation à l’hôpital», dira un spécialiste travaillant au service de pneumologie.
Il est à noter que les médecins spécialistes de l’hôpital d’Oran ont procédé à de multiples mouvements de protestation pour pousser le ministère à revoir leur statut notamment en ce qui concerne l’augmentation des salaires, la révision des régimes indemnitaires et l’annulation du service civil.
Des revendications qui n’ont pas été concrétisées encore ce qui a poussé, apparemment, une grande partie de médecins à démissionner. Une circonstance qui risque d’aggraver la situation de l’hôpital qui manque déjà de spécialistes, chose qui est largement remarquable au niveau de plusieurs services de l’hôpital. Un état de fait qui a fait le bonheur de plusieurs médecins privés qui connaissent une grande affluence de malades chaque jour.
S. Anissa