Leur marche a été «suspendue» pour éviter les affrontements, Les chômeurs de Ouargla promettent de revenir à la charge

Leur marche a été «suspendue» pour éviter les affrontements, Les chômeurs de Ouargla promettent de revenir à la charge

Ils étaient hier une dizaine de milliers de chômeurs de Ouargla à répondre à l’appel du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), pour marcher du centre-ville où s’est tenu dès la matinée un impressionnant rassemblement, jusqu’à Hassi Messaoud, à 90 bornes, à l’occasion du 42e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures.

La marche a été «freinée» à 25 kilomètres de Ouargla et les chômeurs ont dû rebrousser chemin pour «éviter» l’affrontement avec les forces de l’ordre mais ils promettent de durcir le ton à l’avenir, apprend-on auprès de Tahar Belabbès, président du CNDDC.

Tôt le matin, les chômeurs commençaient à affluer vers le centre-ville. Banderoles et autres pancartes réclamant «de l’emploi pour tous» et dénonçant la «mafia locale», ces jeunes qui scandaient plusieurs autres slogans ont commencé à marcher à partir de 10h sous l’œil vigilant des services de l’ordre qui les accompagnaient dans leur marche sans intervenir. L’objectif de la marche dont la date n’est pas fortuite, était, rappelle Tahar Belabbès, de demander «la renationalisation des hydrocarbures» mais aussi…

de «tout le pays», ajoute-t-il, ainsi que «la distribution équitable des richesses» du pays. Notre interlocuteur estime le nombre de marcheurs à 10 000.

«C’est le chiffre donné par les services de sécurité», a-t-il précisé, avant d’expliquer qu’après 25 km de marche entachée par quelques provocations de la part des forces de l’ordre, les 10 000 marcheurs ont «buté» sur un barrage au niveau du carrefour qui mène vers Hassi Messaoud et Touggourt, qui les a empêché de progresser.

«Il était impossible de franchir l’impressionnant cordon et nous avons alors jugé utile de mettre fin à la marche», a-t-il dit, qualifiant toutefois l’action du CNDDC de «très réussie». Pour lui, le message est désormais passé.

«Nous avons prouvé que nos capacités de mobilisation sont intactes, malgré les tentatives d’intimidation, les nombreuses arrestations dont nous faisons souvent l’objet, et les moult pressions qui pèsent sur les animateurs du comité notamment», a-t-il estimé, révélant qu’une réunion devait se tenir hier soir pour «dans un premier temps, évaluer la marche et ensuite, prévoir d’autres actions».

Les actions à venir risquent de «monter en intensité», a ajouté notre interlocuteur qui n’omettra pas de rappeler que d’autres actions «simultanées» ont eu lieu hier dans différentes wilayas du pays. Il citera des marches et autres rassemblements organisés par des militants du CNDDC à Laghouat, Tamanrasset, Tissemsilt, Batna, Ghardaïa ou encore El Bayadh, Alger et Illizi. Selon ses dires, plusieurs arrestations ont été enregistrées à Batna et El Bayadh notamment.

«Une chose est sûre, nous ne baisserons pas les bras», a-t-il dit en guise de conclusion. Depuis plusieurs années, les chômeurs du Sud, en particulier, organisent des actions de protestation pour réclamer de l’emploi auprès des agences locales de l’Anem, actions qui se soldent souvent par des arrestations pour «attroupement non armé», «atteinte à l’ordre public» ou encore «outrage au service de l’ordre».

Pas loin que le week-end passé, plusieurs chômeurs ont été arrêtés à Laghouat après de «violents affrontements». La problématique de l’emploi demeure de mise et ses conséquences risquent d’être néfastes aussi.

S. M.