Le ministère des Transports et l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) ont décidé de confier à l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa, ex-RSTA) la gestion du tramway d’Alger. Cette mesure intervient après l’annulation du contrat avec l’opérateur français Keolis et le lancement, en septembre dernier, d’un avis d’appel d’offres pour la sélection d’un nouveau concessionnaire.
Tarek Hafid – Alger (Le Soir) – Les autorités en charge du dossier du tramway d’Alger continuent d’avancer à tâtons. Déjà confrontées à d’importants retards dans le parachèvement de ce projet, elles doivent aujourd’hui faire face à une autre problématique : l’absence de concessionnaire pour exploiter la future ligne 1. Une grave défaillance qui a conduit le ministère des Transports et l’Entreprise du métro d’Alger à désigner à «titre transitoire » l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger comme prestataire de services.
«Le dossier du tramway d’Alger est devenu très compliqué à gérer. Les services qui en sont chargés ont finalement décidé de confier l’exploitation à l’ex- RSTA. La mesure a été prise officiellement au courant du mois de septembre », explique une source proche du département de Amar Tou. Notre interlocuteur, qui a requis l’anonymat, précise que cette solution est intervenue comme «ultime recours». «Suite au départ forcé de l’opérateur français Keolis, au mois de février dernier, l’EMA s’est retrouvée dans l’obligation de trouver un nouveau concessionnaire. L’option Etusa avait été évoquée par certains responsables du secteur. Mais elle a toujours été écartée car cette entreprise est incapable de gérer un tel système », explique notre source. Mais le ministère des Transports a un tout autre point de vue sur la question. Le recours à l’Etusa répond, avant tout, à des considérations purement politiques. Le tramway doit absolument rouler à partir du premier trimestre 2011. En fait, les responsables du projet savent pertinemment qu’il est impossible de réceptionner la totalité de la première ligne du tramway dans les prochains mois. D’où l’idée de confier à l’entreprise algérienne un tronçon de quelques kilomètres. L’objectif étant de donner l’illusion que le projet est opérationnel. «L’Etusa aura à exploiter le tronçon Bordj- El-Kiffan–Les Bananiers.
Elle devra gérer une flotte d’une dizaine de rames, superviser une quarantaine de personnes et s’occuper de tous les aspects liés à la billetterie. Ces actions peuvent paraître simples mais elles sont d’une grande complexité.» Reste à savoir si l’ex- RSTA, plus apte à exploiter des lignes d’autobus, est capable de mener à bien une telle mission ? Nous avons tenté d’en savoir plus auprès de cette entreprise. Sans succès. Toutes nos tentatives d’obtenir des informations auprès de la direction générale de l’Etusa se sont avérées vaines. Un autre point reste également en suspens. Après avoir confié une partie de la ligne 1 à l’Etusa, que devient l’avis d’appel d’offres national et international restreint n°10/2010 portant concession d’exploitation du tramway d’Alger lancé par l’EMA le 13 septembre dernier ? La sélection d’un concessionnaire étranger n’est-elle pas en porte-à-faux avec l’option Etusa ? «L’avis d’appel d’offres impose au futur concessionnaire d’être en partenariat avec un opérateur national. Il n’est pas impossible que l’Etusa fasse partie du groupement qui exploitera la ligne 1 du tramway d’Alger. A terme, c’est la seule et unique solution envisageable. Auquel cas, il sera impossible de sélectionner un concessionnaire expérimenté pour gérer le tramway », indique notre interlocuteur.
T. H.