Le port d’Alger, seule infrastructure du genre pour le centre du pays, est au bord de l’asphyxie. Ses structures et infrastructures n’arrivent plus à répondre aux flux de trafics qui y débarquent.
Pourtant, en 2009, il a été «soulagé » d’une grande partie de son activité à savoir le roulier (importation de véhicules).
Le port d’Alger, à l’instar des autres ports algériens, souffre ainsi d’un manque de compétitivité flagrante et peine à capter le trafic méditerranéen. Une simple comparaison démontre le fossé entre les performances dudit port et les autres ports méditerranéens: un bateau à conteneurs est déchargé en 6 heures à Barcelone, il faut six jours pour faire la même opération à Alger.
Autre inconvénient : sa localisation enclavée dans le centre de la capitale engendre embouteillages et désagréments à la circulation routière. C’est pour cela et également pour rendre la baie d’Alger à l’espace urbain, qu’une réflexion est entamée depuis plus de cinq ans sur la délocalisation de son activité commerciale. Le projet a buté sur le choix du site d’implantation. Ce furent, tour à tour, Dellys, Cap Sigli, Cherchell, Zemmouri… villes proposées, mais chacune d’elles présentait des inconvénients objectifs.
Ce projet revient sur la table, sans que le site ne soit encore défini. «Nous avons lancé une étude, qui est en cours de finalisation, entre les villes de Dellys (Boumerdès) et de Ténès (Chlef) pour localiser le meilleur site possible devant abriter le futur port commercial de la région centre», a précisé à l’APS Abdelkrim Rezal, directeur d’études au ministère des Transports. Soit sur un espace de plus de 300 km. «On cherche un lieu ouvert avec la possibilité de faire des extensions des côtés terre et mer», a-t-il ajouté. Le nouveau port devrait, entre autres, être doté d’un tirant d’eau profond pour accueillir des navires de dernière génération, d’espaces importants pour le traitement notamment de conteneurs ainsi d’une base logistique.
Une fois cette nouvelle infrastructure réalisée, a-t-il poursuivi, certaines activités du port de la capitale seront transférées «progressivement » vers cette place portuaire. Les ports commerciaux de la Méditerranée comme ceux de Barcelone et de Marseille réorientent la destination des enceintes enclavés vers d’autres activités, principalement le transport de passagers, les navires de croisière et les espaces récréatifs pour les citoyens, a-t-il fait remarqué. La réalisation d’un nouveau port avec un grand tirant d’eau permettra l’accostage de navires de gros tonnage.
Les ports nationaux de commerce ont été, pour l’essentiel, construits au cours de la période coloniale pour répondre aux besoins de développement d’un commerce orienté presque, exclusivement, en direction de l’ancienne métropole. Seul le port de DjenDjen a été réalisé après l’indépendance. C’est dire le retard enregistré dans le secteur. A ce propos, M. Abdelkader Boumessilla, consultant et ex-PDG de l’entreprise portuaire de Béjaia (EPB) dira que « l’Algérie accuse un retard immensedans le secteur portuaire, qui est négligé dans le gros effort entrepris par l’Etat ces dix dernières années. » L’Algérie, qui compte dix ports commerciaux seulement, «est en déficit» par rapport aux autres pays côtiers, a-t-il estimé.
Ce retard coûte très cher à l’économie nationale, car la concurrence dans le domaine et très rude. Les progrès accomplis au niveau des ports de commerce mondiaux au cours des vingt dernières années et, plus près de nous, ceux de nos voisins risque de reléguer les ports algériens au rôle de sous-traitants. Actuellement, les marchandises destinées à l’Algérie sont transbordées notamment aux ports de Giatora (Italie) et celui d’Algesiras (Espagne) car la profondeur des eaux dans la plupart des ports algériens ne dépasse pas 11 mètres, selon les professionnels du secteur maritime. Un rapport de la banque mondiale paru cette semaine classe la performance des ports algériens à la 96ème place mondiale et la dixième africaine.
La modernisation des infrastructures des ports à l’échelle mondiale s’est accompagnée d’une véritable révolution en termes de facilitation de la gestion des flux d’échanges avec l’introduction du système dit échanges de données informatisées (EDI) qui a révolutionné l’opération de dédouanement des cargaisons.
Cette évolution rapide dans la gestion espaces portuaires mondiaux a» mis à nu la faiblesse et les retards des infrastructures portuaires algériennes que ce soit en termes de célérité dans le traitement des navires, de la capacité d’accueil des navires de gros tonnage ou même de la qualité de management requise pour la gestion des opérations portuaires», avait estimé pour sa part, M. Abdelhamid Bouarroudj, consultant en transport maritime.
N. Benchaa