L’Algérie semble avoir initié une campagne d’explication de la position qu’elle a adoptée par rapport à la situation qui prévaut en Libye.
En effet, avec la lettre adressée, par le représentant personnel de l’Algérie aux Nations unies, Mourad Benmhidi, au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et au président du Conseil de sécurité pour le mois d’août 2011, Hardeep Singh Puri, représentant permanent de l’Inde auprès des Nations unies, on a l’impression qu’Alger est passée à l’offensive en vue d’expliquer sa position dans le conflit interne qui ronge la Libye.
Il faut dire que l’Algérie n’arrête pas d’être accusée par le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion libyenne, de soutenir les troupes du colonel Mouammar Kadhafi.
Des responsables du CNT distillent des informations erronées, notamment sur la présence de mercenaires algériens aux côtés des troupes de Kadhafi. Mourad Benmhidi, qui a adressé cette lettre avant-hier, a ainsi surtout mis en relief le fait que l’Algérie a toujours soutenu qu’il s’agit d’une affaire interne à la Libye, en observant, par conséquent, une stricte neutralité.
«Dès le début de la crise en Libye, l’Algérie a déclaré, de la manière la plus officielle, qu’il s’agit d’une affaire interne à la Libye, qui concerne au premier chef le peuple libyen tout en soulignant ses implications régionales en termes de stabilité et de sécurité», indique, en effet, le diplomate algérien dans sa lettre, ajoutant que «les autorités algériennes ont relevé, toutefois, des accusations répétées et inadmissibles mettant en cause le respect par l’Algérie des obligations découlant de la Résolution S/RES/1970 (2011) du 26 février 2011 et de la Résolution S/RES/1973 du 17 mars 2011 relatives à la Libye». Comme on le constate, le diplomate algérien prend le soin de ne pas nommer le CNT, mais d’y faire seulement allusion.
Or, dira encore le représentant algérien à l’Onu «l’Algérie s’est conformée scrupuleusement et a appliqué, activement et de bonne foi, les Résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du Conseil de sécurité imposant des sanctions à la Libye. L’Algérie a tenu à informer, dans un premier temps, les membres du Conseil de sécurité des mesures prises dans le cadre de la mise en oeuvre de ces deux résolutions.
Elle a, également, notifié ces mesures à la partie libyenne et soumis, le 21 juin 2011, au Comité des sanctions du Conseil de sécurité, un rapport sur les mesures au plan national pour la mise en œuvre des résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du Conseil de sécurité sur la Libye».
Le diplomate algérien indique aussi que le gouvernement algérien a autorisé l’approvisionnement de l’ensemble du marché libyen en produits alimentaires et pharmaceutiques à travers des contrats commerciaux entre opérateurs algériens et libyens. L’Algérie a, pour rappel, invité le système des Nations unies à déléguer un représentant pour assister à ces opérations.
Quant au respect des résolutions de l’Onu, Mourad Benmhidi, ne manque pas d’indiquer que le gouvernement algérien a accepté la visite en Algérie de la délégation d’experts du Comité des sanctions aux différentes dates proposées par les Nations unies, à savoir les 15 et 16 août, puis les 25 et 26 août ou les 28 et 29 août 2011, et à chaque fois reportée à la demande des Nations unies. La missive du diplomate algérien rappelle aussi l’aide humanitaire apporté au peuple libyen, notamment au niveau de la frontière.
Mourad Benmehdi note, enfin, que, tout compte fait, c’est au Conseil de sécurité de l’Onu et au Comité des sanctions, qui sont les dépositaires des Résolutions 1970 et 1973, que revient la responsabilité de constater le respect ou le non-respect, par les Etats membres de ces textes, et de mettre fin, en cas de besoin, aux allégations et accusations qui mettent en cause des Etats membres et, donc, l’autorité de l’organisation des Nations unies elle-même.
Kamal Hamed