«A valoirs». L’agroalimentaire est la filière qui s’est développée le plus dans notre pays. A cela plusieurs raisons. L’indigence de la gastronomie, plus de femmes dans la vie professionnelle, une certaine boulimie conséquence de la famine coloniale et une courbe démographique toujours en hausse, le tout fait de cette filière la plus convoitée aujourd’hui. Sauf que dans la précipitation, le contrôle de la production de cette filière laissait à désirer. Hier, une voix autorisée l’a reconnu. «Il n’est pas exclu de rencontrer des produits de qualité douteuse ou présentant un éventuel risque pour la santé du consommateur» a admis, dans un entretien à l’APS, le directeur des laboratoires d’essais et d’analyses de la qualité au ministère du Commerce, Ramdane Bousnadji.
Peu importe ses précautions de langage. Car une qualité ne doit jamais être «douteuse» dès lors qu’il s’agit de vies humaines. Le risque «éventuel» est un pléonasme à mettre au compte de l’excès de prudence. L’important se trouve dans la suite. M.Bousnadji nous apprend que «72 méthodes d’analyses de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) relatives aux produits alimentaires en majorité ont été officialisées par des arrêtés ministériels dont 67 ont déjà été publiés». Entendez par là que désormais, des normes devront être respectées par l’industrie agroalimentaire. Les premières de notre histoire. Au fil de l’entretien, la prudence laisse place à la franchise.
«La falsification d’un aliment ou d’une boisson peut prendre plusieurs formes: contamination par des agents extérieurs, non-conformité avec la composition réglementaire ou contrefaçon du procédé de fabrication», a-t-il précisé. Et puis, surprise! Voilà le souci de ce responsable: «Nous devons travailler sur les normes et standards internationaux, d’autant plus que nous allons à l’OMC.» Nous qui avons cru qu’il se souciait, d’abord et avant tout, de notre santé. Non ce n’est pas frustrant. C’est révoltant! Sans l’OMC, il aurait laissé la falsification, la contamination, la contrefaçon et la non-conformité proliférer dans nos assiettes.
Non seulement, il était au courant de tous ces produits dangereux que l’on donne à avaler aux Algériens, mais c’est seulement l’OMC qu’il veut «protéger». Pas seulement, puisque ce directeur des laboratoires ajoute que ces nouvelles normes donnent «une valeur réglementaire importante lors des opérations d’exportations». En clair, notre santé passe après celle des consommateurs étrangers. Accrochons-nous à l’espoir que ce responsable s’est mal exprimé. Et que ce n’est pas ce qu’il a voulu dire. Sinon, nous devons dire: «Merci, l’OMC!».