L’été sonne le clairon pour les harraga

L’été sonne le clairon pour les harraga

L’arrivée de l’été semble donner du tonus aux réseaux de harraga qui ont repris du service ces derniers jours dans la région ouest du pays. Ainsi, il y a quelques jours, les gendarmes ont déjoué une tentative d’embarquement clandestin à partir des côtes oranaises et procédé au démantèlement d’un réseau de passeurs dirigé par une jeune femme portant, comble de l’ironie, un djilbab.

Cette dernière, une étudiante universitaire, avait réussi à mettre sur pied une véritable organisation basée sur un dispositif de rabatteurs qui lui assurait une activité assidue depuis l’ouverture des voyages vers le nord avec le retour de l’été. Depuis, les arrestations dans les milieux des harraga et des passeurs se sont multipliés. Il y a quelques jours, 25 personnes, dont deux jeunes femmes, ont été interpellés sur une plage de Kristel, dans la banlieue est de la capitale de l’Ouest alors qu’ils tentaient d’embarquer clandestinement vers l’Espagne.

Ces harraga tentés par le chant des sirènes veulent embarquer coûte que coûte sur ces bateaux de fortune pour rejoindre une des plages de l’Espagne. Toutefois, et quand on se réfère au chiffre des immigrés clandestins algériens arrêtés en Espagne et refoulés après un séjour dans un camp de rétention, on découvre que peu de candidats réussissent à se noyer dans la masse de la population ibérique. Des sources du port d’Oran avancent le nombre de près de 1000 harraga, en provenance d’Espagne, débarqués au port ces deux dernières années. Pourtant, le phénomène de l’émigration semble en baisse durant ces deux dernières années et notamment au niveau de la wilaya d’Oran.

Pas plus d’une soixantaine de harraga seulement ont été enregistrés durant l’année 2011, alors qu’en 2010, ils étaient près de 200 à tenter l’expérience. Ce sont les passeurs qui profitent surtout de ce phénomène. Une place dans un rafiot exigu et trop chargé coûte entre 150 à 200 000 dinars par personne, l’équivalent de 1500 à 2500 euros.

C’est un commerce lucratif qui tente plusieurs individus qui ne sont nullement honteux des conditions de la traversée qu’ils offrent à leur clientèle et encore moins du danger qu’ils lui font courir en pleine mer. La mise en place d’une loi pour freiner le phénomène ne semble pas avoir encore obtenu les résultats escomptés.

Dans ce cadre, les harraga interceptés depuis cette loi sont présentés au parquet. Ils  encourent une peine d’emprisonnement allant de 2 à 6 mois assortie d’une amende pouvant aller jusqu’à 60 000 DA. En 2008, les gardes-côtes algériens avaient intercepté plus de 400 personnes et repêché près d’une cinquantaine de corps au large d’Oran.

Ces candidats au saut dans l’inconnu étaient en majorité des hommes dont l’âge varie entre 20 et 30 ans, de différentes conditions sociales et de différents niveaux scolaires.

Le retour de clandestins refoulés d’Espagne ne semble pas dissuader les potentiels harraga qui estiment que ces expulsés ont joué seulement de malchance.

Il y a deux jours, une vingtaine de jeunes originaires de l’Ouest ont été débarqués au port d’Oran. Présentés

devant le procureur de la République, ils ont bénéficié de la citation directe, apprend-on.