L’Algérie qui veut se doter d’une base d’industrie mécanique voudrait reprendre cette usine, alors que le groupe Cevital est intéressé surtout par l’assiette de terrain.Le site Michelin de pneu- matiques pour véhicules industriels, dont le site se trouve à Bachdjarah, a fermé ses portes en septembre passé.
Quatre cents travailleurs sur les six cents que compte l’usine sont partis en contrepartie d’une compensation. Du fait de la crise, cette usine a cédé le site au groupe algérien Cevital, qui est à la recherche de ter- rains d’assiettes, en promettant de réembaucher une partie du personnel.
Or, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a entre temps saisi par écrit le ministre de l’Industrie Amara Benyounès et le ministre des Finances Karim Djoudi pour les instruire d’user du droit de préemption au nom de l’Etat. Le souci des autorités publiques, bien sûr, c’est de maintenir cette activité industrielle, voire de la dévelop- per, quitte pour cela à consentir de nouveaux investissements.
L’argument de Rebrab, patron de Cevital, est que le marché du pneu industriel, estimé à six cents mille unités, est ouvert à la concurrence, et que donc l’usine Michelin Algérie n’est pas rentable, et ne le sera pas… Tout cela est encore embrouillé.
Toujours est-il que cette nouvelle position de l’Etat va sûrement renchérir le coût de cession de Michelin Algérie, dont on pense qu’elle coûtera beaucoup plus cher. Mais d’un autre côté, au moment où l’Algérie souhaite se doter d’une filière d’industrie mécanique, aussi bien pour les véhicules lourds que pour les véhicules de tourisme, avec le lancement des usines Renault de Oued Tlelat à Oran et celles des trac- teurs à Constantine ou de véhi- cules utilitaires à Tiaret (faite par l’ANP), il est de plus en plus évident que le secteur de la sous-traitance sera sollicité.
Pour l’heure, ce que l’on sait, c’est que celui qui s’exprime le plus sur ce dossier, c’est le député Smail Khouadria, du Parti des travailleurs, dont le dogmatisme en matière écono- mique n’est plus à démontrer, sachant que toutes les subven- tions accordées au secteur publique économique depuis des décennies, a appauvri le trésor public sans permettre à ces canards boiteux de se ren- flouer ou de se remettre sur pied.
En d’autres termes, il n’est pas bon que l’idéologie, surtout lorsqu’elle est sous tendue par le populisme, se mêle de l’éco- nomie, où doit régner la liberté d’entreprendre et d’investir, et surtout une saine concurrence. Cela dit, sous quelle forme l’in- tervention ou la préemption de l’Etat interviendra-t-elle ?
On apprend ainsi, selon le site Maghreb Emergent, que le même député du Parti des tra- vailleurs, Smail Khouadria, annonçait que le Fonds national de l’investissement (FNI) et la société de commercialisation et distribution des produits pétro- liers et dérivés (NAFTAL) étaient en lice pour le rachat des actifs du fabricant de pneu- matiques en Algérie.
Le groupe Cevital et Michelin Algérie, se sont jusque-là abstenus de tout commentaire concernant le développement de cette affaire. Selon les informations, le site de production de Bachdjarah est à l’arrêt depuis début sep- tembre et 400 travailleurs sur les 600 qui étaient en activité dans l’usine ont été contraints de partir moyennant une com- pensation financière. Le reste des employés a refusé le com- promis car le montant n’était pas conséquent à leurs yeux.
Ils sont en attente d’une solu- tion. Une attente qui durera le temps des négociations entre L’Etat algérien et Michelin Algérie. Pour l’instant, mis à part ces confidences faites par le parti des travailleurs, on ne connaît pas la véritable position de l’Etat, notamment celle du ministre de l’Industrie ou celle de Karim Djoudi, qui a eu à gérer ce genre de situation, qui n’ont pas débouché, ou dont on ne connaît pas l’issue, tant il est vrai que l’Etat n’a pas l’expertise suffisante pour mener à bien ce genre d’opérations, qui deman- dent une technicité juridique spéciale.
T.H.