L’Etat prend en charge « rigoureusement » la maturation des études des grands projets

L’Etat prend en charge « rigoureusement » la maturation des études des grands projets

L’Etat algérien est en train de prendre en charge de manière « très rigoureuse » la maturation des études des grands projets par les maîtres d’ouvrage, a assuré, mercredi à Alger, le directeur général de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED), Farouk Chiali.

L’intervention de la CNED, qui consiste, depuis sa création en 2004, à offrir une assistance technique au service des maîtres d’ouvrage chargés des grands projets, à savoir ceux dont le montant dépasse les 20 milliards de dinars ou ceux dont l’impact socio-économique s’avère important pour le pays, devient de plus en plus rigoureuse et généralisée, a souligné M. Chiali lors d’une conférence de presse.

Le ministère des Finances duquel dépend la CNED, « prend connaissance régulièrement des recommandations de la caisse et de leurs degrés de prise en charge par les maîtres d’ouvrage », a-t-il signalé. En outre, le cahier des charges du projet à réaliser contient un article précisant que le maître d’ouvrage ne peut pas s’engager dans le projet sans l’aval de la CNED, a-t-il ajouté.

Cette « rigueur », évoquée avec insistance par le représentant du département des Finances, se manifeste surtout par une application stricte du « guide de management des grands projets d’infrastructures », lancé par la CNED en janvier 2010. « Nous (Cned) n’hésitons pas à rappeler à chaque fois aux maîtres d’ouvrage les exigences contenues dans le guide en termes de maturation des études », a-t-il fait savoir.

Le guide en question exige en fait que l’étude d’un projet prenne en compte tous les facteurs pouvant engendrer des coûts supplémentaires au projet. « Le maître d’ouvrage élabore souvent une offre financière et un délai de réalisation prévisionnel en croyant qu’il maîtrise tous les facteurs qui entourent son projet, la réalité est toute autre », a-t-il dit.

Une entreprise qui veut réaliser une route, par exemple, trouve parfois une conduite de gaz ou un réseau électrique à remplacer, une construction à enlever ou n’importe quel point singulier qui entrave le démarrage ou la poursuite du projet, explique M. Chiali.

« Auparavant les entreprises qui réalisent ne prenaient pas en considération ces facteurs et se voient confrontées à des contraintes qui nécessitent énormément de temps pour être réglées mais aussi de l’argent », a relevé M. Chiali, qui a comparé certains projets retardés par des « grenages bloqués par des grains de sable ».

Mais le nouveau guide exige que « tout » soit pris en compte « quitte à consacrer huit ans d’études pour un projet qui sera réalisé en deux ans ! », a-t-il soutenu.

Les difficultés rencontrées par les maîtres d’ouvrages, engendrant des réévaluations des autorisations de programmes, récurrentes et coûteuses pour le budget de l’Etat, sont en fait dues, pour une bonne partie, au manque de maturation des études des projets.

Le manque de maturation des études n’est pas le seul obstacle des réévaluations

Ces difficultés sont généralement liées « à la libération des assiettes foncières et des emprises, aux retards dans le déplacement des réseaux divers, le retard dans le choix et l’installation des bureaux et suivi de contrôle des travaux et la faiblesse des capacités nationales de gestion et de suivi des grands projets », a-t-il détaillé.

La « non maîtrise » des prix en Algérie en raison de l’existence de « marchés déstructurés » complique aussi la tâche de l’évaluation financière chez les entreprises de réalisation, selon lui.

Mais le manque de maturation des études n’est pas la seule origine des réévaluations car des travaux supplémentaires sont souvent intégrés aux grands projets.

Par exemple, le grand projet de l’Autoroute Est-Ouest, d’un coût estimatif de 11 milliards de dollars, a connu des réévaluations estimées à un (1) milliard de dollars depuis son lancement en raison notamment des travaux supplémentaires qu’il a connus.

Les études relatives à la sécurité ont été toutes révisées pour remplacer la glissière métallique, prévue initialement, par une glissière en béton alors que des ponts, dont la réalisation n’a pas été inscrite auparavant, ont été intégrés aux projets pour facilite la vie des citoyens, a-t-il argumenté.

La réévaluation de ce projet « très rentable sur le plan socio-économique » même s’il ne l’est pas sur le plan financier, selon M. Chiali, est donc essentiellement due aux travaux supplémentaires.

Le représentant du département des Finances a tenu à préciser à ce titre que la réévaluation des projets ne signifie en aucun cas un relèvement des plafonds budgétaires qui leurs sont alloués. Les 11 milliards de dollars « resteront donc inchangés », a-t-il insisté. En plus, dès que la réévaluation dépasse 15% du montant du projet, le ministre de tutelle est obligé d’aller justifier la hausse devant le Conseil des ministres.

Un pôle d’assistance aux PPP sera créé à la CNED

Par ailleurs, il a annoncé que la caisse travaillait avec des experts sud-coréens pour la création d’un nouveau pôle de suivi de la réalisation des projets dans le cadre du partenariat public-privé (PPP).

« Les grands projets sont nombreux en Algérie et, à terme, l’Etat n’aurait peut-être pas les mêmes capacités de financement. C’est pour cela que nous voulons, dès maintenant, accompagner et suivre les PPP », a-t-il déclaré aux journalistes.

La CNED a été créée pour accroître l’efficience de la dépense d’équipement, améliorer le processus d’évaluation et de suivi des grands projets d’infrastructure économique et social ainsi que pour diversifier les sources de financement et optimiser le coût des grands projets.

Elle procède ainsi à l’évaluation technique, économique et sociale des grands projets et au suivi de leur réalisation. Elle mène également une évaluation rétrospective de l’efficacité des dépenses publiques correspondantes et offre une assistance technique aux départements ministériels et autres maîtres d’ouvrage.

Pour ce faire, elle s’appuie sur une équipe interne et éventuellement sur des consultants étrangers en articulant ses activités autour de quatre pôles : la préparation-évaluation qui consiste à assister techniquement les dossiers de projets jusqu’à l’autorisation du lacement, le suivi de la réalisation, l’évaluation rétrospective en plus de la documentation et la formation des personnels.