Une gestion très critique, des closes opaques des cahiers des charges, des clôtures éventrées, des portails défoncés, des toitures détériorées, défaut d’hygiène et manque de sécurité. C’est, entre autres, ce qui caractérise les espaces commerciaux en Algérie. Un état des lieux dressé, hier, par Abdelaziz Aït Abderrahmane, DG, chargé de la régulation et de l’organisation de l’activité commerciale au ministère du Commerce. Pour y mettre fin, « un décret exécutif fixant les conditions et les modalités d’implantation et d’organisation des espaces commerciaux et d’exercice de certaines activités commerciales a été signé par le Premier ministre », a annoncé M. Aït Abderahmane lors d’une conférence de presse. Il a pour objectif de mettre de l’ordre dans le secteur, d’assainir les circuits de distribution, d’unifier les modes de gestion des espaces commerciaux et surtout de combler le vide juridique. Car les besoins des communes en matière d’espaces commerciaux sont importants. Il équivaut au nombre global de marchés existant sur le territoire national, soit 1.597, dont 43 de gros et 654 de détail.M. Aït Abderrahmane a indiqué que ces marchés sont concentrés dans les grandes villes alors que dans certaines wilayas, comme Bouira, Tissemssilt, Aïn Defla, Illizi et Oum El Bouaghi, ils sont inexistants. Face à ce vide, l’informel se renforce de plus en plus. L’enquête réalisée en 2011 a recensé 765 marchés informels dans lesquels interviennent 61.127 « commerçants ».
« Le contrôle au niveau de ces espaces est quasiment impossible », déplore le directeur, soulignant que plusieurs agents de contrôle y ont fait l’objet d’agression. Par répartition, Alger se place en tête avec 147 marchés et 6.056 intervenants, suivie de la wilaya de Boumerdès avec 63 marchés et 1.679 intervenants. Oran occupe la troisième place avec 52 espaces illégaux mais arrive en tête du nombre de vendeurs (3.750).
SEIZE MILLIARDS DE DINARS POUR LA RÉHABILITATION DES MARCHÉS
Pour endiguer ce phénomène, des opérations de réhabilitation des marchés de gros et de détail ont été engagés pour un investissement de 5,9 milliards de dinars. Cette opération est destinée à la réhabilitation de 273 marchés. A cela s’ajoute un budget de 10 milliards que le ministère du Commerce prévoit d’affecter pour l’installation et la réhabilitation des espaces commerciaux.
Le troisième programme mis en place dans ce cadre est relatif à celui attribué au ministère de l’Intérieur, avec un budget de 4 milliards, pour la réalisation des marchés de proximité. Autres nouveautés contenues dans le décret exécutif : les marchés de gros des produits de la pêche, les halles à marées, et les marchés hebdomadaires de véhicules d’occasion sont désormais soumis à la même réglementation que les autres marchés. Quant aux conditions d’installation des petites surfaces de type supérette, des supermarchés hypermarchés et des centres commerciaux, ils sont également définies. Ainsi, les supermarchés (superficie entre 500 et 2.500 m2) et les hypermarchés (plus de 2.500 m2) doivent réaliser au moins 60% de leurs chiffres d’affaires à la commercialisation des produits nationaux. Une classification des marchés de gros à vocations nationale, régionale et locale est également fixée dans le cadre de cette réglementation. « L’implantation des hypermarchés et des marchés de gros d’intérêt national ou régional est soumise à l’avis préalable du ministre chargé du Commerce et du ministre chargé de l’Intérieur », note M. Aït Abderahmane.
Il est également interdit l’installation d’hypermarchés dans les zones urbaines. En outre, les locaux au sein des marchés de gros appartenant aux collectivités locales et aux entreprises publiques ne peuvent faire l’objet de cession ou de sous-location. Le changement d’activité est strictement interdit. Les intervenants dans ces espaces doivent être détenteurs d’une carte d’accès. Les gestionnaires, quant à eux, sont astreints à établir un relevé quotidien des fourchettes des prix trois fois durant les horaires de vente et l’afficher à l’attention des usagers du marché. Les marchés de gros doivent également disposer d’installations appropriées pour la conservation et le stockage des produits et d’aires de stationnement. Pour ce qui est des marchés de détail couverts, il est à noter comme nouveauté l’interdiction de tout exercice d’activité de distribution dans les zones d’habitation.
Wassila Ould Hamouda