Tout a commencé en 2005. L’Etat avait, alors, décidé de resserrer l’étau sur les cybercafés. De nouvelles règles, imposant l’agrément, l’interdiction aux mineurs d’y accéder, ainsi que la mise en œuvre d’une connexion professionnelle ont vu le jour.
Ce n’est pas encore fini. Tout espace doit être équipé de commodités (sanitaires, sortie de secours…). La limitation et l’organisation des micro-ordinateurs de façon à ne pas gêner les usagers ont été recommandées.
Cette batterie de mesures n’est pas sans conséquences. Dans la capitale, comme partout ailleurs, des cyberespaces ferment les uns après les autres. Et comme la totalité de ces établissements ne disposaient pas de ce précieux sésame (agrément), les mises sous scellés se sont multipliées.
LES GÉRANTS S’EXPRIMENT
Même s’il est vrai que l’ensemble des foyers sont connectés à Internet, il n’en demeure pas moins que la démarche des pouvoirs publics, selon un gérant d’un cybercafé à la rue Hassiba, est motivée par le souci de moraliser l’activité caractérisée jusque-là par une grande anarchie. Ce dernier trouve nécessaires ces mesures pour l’organisation de l’activité.
Cela dit, il ne veut plus croire à l’argument du manque à gagner avancé par certains gérants pour justifier cette fermeture inattendue. Pour lui, les choses sont claires, le créneau est rentable. A Bab El-Oued, un gérant donne une autre explication. Pour lui, l’Etat veut, «par ces mesures, limiter l’activité».
Pour ces raisons, celui-ci n’est pas allé par quatre chemins pour qualifier de «contraignantes» ces nouvelles règles. Reste que ce qui l’intrigue le plus est incontestablement l’octroi de l’agrément. Il explique que «ce décret subordonne l’exercice de notre activité à l’obtention d’un agrément. Or, pour obtenir ce document, c’est le chemin de croix», diront de nombreux propriétaires de ces lieux de surf, expliquant que l’agrément doit avoir l’aval de plusieurs directions ministérielles.
Il est demandé d’avoir, entre autres, l’accord de la sûreté nationale et de la protection civile. Mieux, certains qualifient de «relance de la fermeture des cybercafés». Pour eux, il s’agit simplement d’une nouvelle réglementation qui assimile le cybercafé à un lieu de loisirs et de divertissement. «Exiger des commodités comme l’existence d’une issue de secours et l’aération est compréhensible, mais demander l’accord de plusieurs institutions l’est moins», dira un autre gérant de cybercafé.
UTILISATEURS : ENTRE SATISFACTION ET REGRET
Les nouvelles mesures prises par l’Etat pour mieux organiser l’activité n’a pas laissé indifférents les utilisateurs. Arezki, fonctionnaire dans une entreprise privée, n’a pas manqué de saluer cette démarche. «Un cybercafé que je fréquente quotidiennement était dans un piteux état. Ces derniers jours, il a fait peau neuve, avec de nouveaux aménagements, une propreté remarquable et une organisation irréprochable». Imad, étudiant en sciences de l’information et de la communication, dit ne pas être au courant des nouvelles mesures.
«J’ignore pour le moment les raisons réelles de cette fermeture, même s’il me semble que le temps où ces espaces poussaient comme des champignons est révolu avec, notamment, l’introduction de la connexion à domicile», soulignera-t-il. L’origine de la fermeture de certains cybercafés, pense-t-il, pourrait être l’anarchie qui y règne. Avec le temps, ces espaces, conçus pour la recherche, ont changé de vocation. C’est l’impression qu’a eue Imad.
Ce qui n’est pas le cas pour Souhila. Cette lycéenne, accro de l’Internet, soutient que cette fermeture est bel et bien pénalisante. Elle affirme que la connexion à domicile n’est pas à la portée de tout le monde.
«Au lieu de procéder à la fermeture directe, il aurait été plus judicieux de trouver des mécanismes à même de permettre aux propriétaires d’exercer leur activité afin d’éviter la fermeture de ces cyberespaces qui sont une véritable bouffée d’oxygène pour la majorité des jeunes», préconise-t-elle. Manel abonde dans le même sens.
Elle indiquera que ces espaces sont devenus, pour bon nombre de jeunes, un refuge et un moyen de communication par excellence. «J’ai dû courir pour trouver un cybercafé à Bab El-Oued, la plupart étant fermés ou reconvertis», constatera-t-elle. Cette adolescente dit ne pas trop croire à l’argument des pouvoirs publics, à savoir moraliser l’activité. Pour elle, cette démarche place, plutôt, les cybercafés dans la même catégorie que les boîtes de nuit ou les cabarets.
LES DEUX RAISONS DU MINISTÈRE
Le ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, avait avancé deux raisons principales concernant ces fermetures. Il s’agit, selon lui, principalement, du non-respect des normes en vigueur. Le ministre encourage tous ceux qui désirent ouvrir un cybercafé dans les régions du Sud et des Hauts plateaux. Comme il est question d’encourager, par des mesures incitatives, les fournisseurs voulant exercer dans ces localités.
Amokrane H