être hospitalisé, c’est déjà une prouesse
Près de 45.000 malades attendent un rendez-vous pour la radiothérapie qu’ils n’auront peut-être jamais.
Bonne nouvelle pour les cancéreux. Mais pas tous. Une partie de ces patients pourront bientôt acheter certains de leurs médicaments dans les officines. En effet, quelques formes sèches (prise orale) de médicaments anticancéreux et d’antalgiques (anti-douleurs) seront vendues en pharmacie. Ils seront même remboursés par la sécurité sociale. «Le Conseil interministériel (CIM) a décidé de la dispensation de certaines formes sèches de médicaments anticancéreux ainsi que certains antalgiques dans les officines pharmaceutiques et leur remboursement par les caisses de sécurité sociale», a indiqué, mardi dernier, le ministre de la Santé Abdelaziz Ziari lors d’un point de presse à l’issue de ce CIM présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et consacré à la pathologie du cancer. «Cette décision permettra aux malades de se traiter en ambulatoire et de ne plus avoir à se déplacer au niveau de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour prendre leurs médicaments», a-t-il souligné en rappelant, à cette occasion, que l’État prend en charge toutes les pathologies. C’est donc une bonne nouvelle pour une partie d’entre eux, car cette décision ne concerne qu’une certaine catégorie de médicaments, notamment certaines formes sèches. De ce fait, ce ne sont pas tous les traitements qui seront disponibles en pharmacie. La nouvelle est donc a «moitié» bonne. On pourrait également voir le verre à moitié vide car il reste un nombre important de cancéreux qui ne peuvent acquérir leur traitement ni dans les officines ni dans les hôpitaux puisqu’ils n’ont même pas encore eu de rendez-vous!
Les autres…
Cette situation concerne particulièrement les patients nécessitant des traitements à la radiothérapie. «Ils seraient près de 45 000 malades en 2011 à ne pas avoir eu accès au traitement pendant 2011», a révélé le Pr. Kamel Bouzid, chef de service du Centre Pierre-et-Marie-Curie du CHU Mustapha, lors d’une intervention sur les ondes de la Radio nationale. Ces 45.000 patients devront attendre jusqu’en 2014, date à laquelle devront être livrés les 32 nouveaux centres anti-cancer. Mais en attendant, n’y a-t-il pas d’autre solution? L’Etat est-il incapable de solutionner ce problème? Est-il concevable qu’un pays qui prête 5 milliards de dollars au FMI manque de médicaments? L’ancien ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès avait en juillet dernier affirmé qu’une solution immédiate ne pouvait être envisagée. Il avait eu le mérite d’être franc et sincère avec les 20.000 cancéreux en ne leur donnant pas de faux espoir. Il avait dit clair et net qu’aucune solution n’était possible avant l’ouverture des 32 centres anti-cancer prévue en 2014. Il avait indiqué que toutes les solutions ont été envisagées par son département, en vain. Même la prise en charge à l’étranger relevait de l’impossible avait affirmé Ould Abbès. Nos cancéreux devront donc encore attendre leur traitement pendant des mois après le diagnostic. Ils continueront à mourir avant même que leur traitement ne commence… Mais il faut quand même voir le verre à moitié plein car beaucoup d’amélioration a été faite, même en radiothérapie. D’ailleurs, le nouveau ministre de la Santé Abdelaziz Ziari a annoncé, ce mardi, lors du conseil interministériel (CIM), une série de mesures pour améliorer les traitements à base de radiothérapie. «Une action va être engagée en direction de deux fabricants d’accélérateurs linéaires pour assurer une plus grande présence en Algérie, notamment en matière de maintenance à tous les niveaux», a indiqué M.Ziari. Le CIM a aussi donné des instructions pour doter, dans les plus brefs délais, les établissements hospitaliers publics de ce type de matériel. Cela afin «d’améliorer en profondeur, dans un délai n’excédant par le 1er semestre 2013», l’offre de soins en matière de radiothérapie. La question de la prise en charge des cancéreux reste donc un point sensible qui est loin d’être réglé, surtout, qu’actuellement, il n’existe que 7 radiothérapies alors que les besoins réels en Algérie sont de l’ordre de 78. Les 32 prévus pour 2014 pallieront-ils ce déficit? Et en attendant, quelles solutions pour les patients en attente de traitement? Tant de questions qui doivent être traitées car elles sont, pour les patients l’autre… cancer.