La communauté des nations ratifie la reconnaissance de la Palestine
Soixante-cinq ans, jour pour jour – une simple coïncidence? – après la partition de la Palestine, la communauté des nations redonne aux Palestiniens une visibilité qu’elle a quelque peu occultée durant plus de six décennies.
Symbolique l’admission de la Palestine en tant qu’Etat observateur (non-membre) de l’ONU? Voire! En effet, on est certes encore loin de la solution (définitive) du contentieux israélo-palestinien mais le nouveau statut de la Palestine clarifie la donne politique en remettant les choses à l’endroit. Désormais, Israël aura face à lui, dans le processus de paix, un Etat, la Palestine, et non plus des «Palestiniens» ballottés par tout le monde qui, au final, ne parlaient que pour eux si l’on excipe du fait que les négociations – auxquelles la communauté internationale appelle à un retour immédiat – n’ont pas avancé d’un iota en vingt ans de pourparlers. Cela tout le monde en convient dès lors qu’Israël n’a jamais fait montre d’une réelle volonté de trouver une issue (pacifique et négociée) à un contentieux qui n’a que trop duré du fait des obstacles que justement l’Etat hébreu a parsemé sur le parcours du processus de paix, comme la poursuite des constructions de colonies dans les territoires palestiniens occupés (Israël va autoriser la construction de 3000 nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et en Cisjordanie, a indiqué un haut responsable israélien hier, au lendemain de l’accession de la Palestine au statut d’Etat observateur à l’ONU indiquait hier le quotidien israélien Haaretz) et la judaïsation accélérée de Jérusalem-Est occupée. Aussi, l’accession de la Palestine toute symbolique soit-elle – au regard de la très large majorité des Etats qui ont voté pour la Palestine, 138 sur 193 membre de l’ONU, seuls neuf pays ont voté contre qui, à l’exception des Etats-Unis, de la Tchéquie et du Canada, sont des micro-Etats sans pour autant enlever à leur réalité intrinsèque – équivaut surtout à la reconnaissance de fait de la Palestine par la communauté internationale (la vraie et non point celle qui s’était autoproclamée conscience du monde). Le vote du 28 novembre 2012 avalise en fait 24 ans après, la proclamation à Alger (en novembre 1988) de l’Etat de Palestine par le défunt président Yasser Arafat. Alger aura été une étape importante dans le processus de recouvrement de son identité par la Palestine. De fait, le président Mahmoud Abbas avait qualifié, jeudi, cette reconnaissance d’ «acte de naissance» d’ailleurs accueilli, par une explosion de joie en Palestine réhabilitée. Cette reconnaissance clarifie la donne dès lors que le vote de l’ONU implique la reconnaissance de la Palestine dans ses frontières d’avant 1967, y compris Jérusalem-Est occupé. C’est dans ce contexte que les négociations israélo-palestiniennes doivent désormais reprendre. En effet, la résolution 3236 (XXIX) réaffirma les droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance et à la souveraineté nationale, et le droit des Palestiniens de retourner dans leurs foyers et vers leurs biens. De fait, l’ONU ne reconnaît pas l’annexion de Jérusalem-Est par Israël et a déclaré sans valeur légale les colonies en Cisjordanie. Les choses étant claires, on pouvait se demander pourquoi les pourparlers israélo-palestinien, commencé en 1992 n’ont pas, ni pu, avancer vers une issue qui assure la paix et la sécutité pour les deux peuples et les deux Etats (Palestine et Israël). Dès lors il faut chercher d’ou vient le blocage. Il serait étonnant que celui-ci vienne de la part des Palestiniens qui se complairaient dans une sorte de masochisme dans leur statut d’«apatride». Bien sûr que non! Aussi, c’est bien Israël qui feine à mort pour qu’il n’y ait pas d’évolution dans le dossier palestini en et que persite le statu quo pour permettre à l’entité sioniste d’achever l’occupation totale des territoires palestiniens (comme en témoigne la multiplication des construction de colonies et de logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées). Estimant l’accession de la Palestine à l’ONU «contre-productive», les Etats-Unis jugent que cette résolution «pose davantage d’obstacles sur le chemin de la paix». Cela ce sont les Etats-Unis qui l’affirment reprenant à leur compte les fables d’Israël. En effet, si obstacle il y a, c’est bien dans le fait de maintenir la confusion sur les tenants du contentieux, faisant ainsi croire que la solution du conflit entre la Palestine et Israël relèverait du seul vouloir de ce dernier. Ce n’est pas à Israël de dicter de ce qui serait bon pour les Palestiniens. Désormais, deux Etats seraient face à face et les négociations – si elles reprennent – se feront dans le cadre de la légalité internationale et des lois et résolutions internationales y afférentes, tout le reste n’est que fuite en avant.