Les commerçants défient le gouvernement et continuent à imposer leur diktat.
Jamais la flambée des prix n’a suscité autant de réactions au niveau du sommet de l’Etat.
Durant ce mois sacré de Ramadhan, le gouvernement s’est mobilisé pour freiner l’envol des prix des fruits, légumes et des viandes.
Face à cette situation, un Conseil de gouvernement, suivi d’un Conseil interministériel et d’un Conseil des ministres ont été tenus depuis le début de ce mois sacré.
A travers cette mobilisation, le gouvernement a espéré trouver les mécanismes nécessaires pour stopper la flambée des prix.
A ce titre, le ministre du Commerce avait présenté lors des Conseils de gouvernement et des ministres tout un plan visant à mettre fin à la spéculation et à garantir la stabilité du marché des fruits et légumes et même des produits ovins.
Dans une communication présentée à cette occasion, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a assuré que la production nationale et l’importation des produits de large consommation suffisaient largement pour assurer la stabilité des prix.
Le même département a souligné avoir mobilisé des milliers d’agents de contrôle pour réguler le marché.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a appelé tous les acteurs à mettre la main à la pâte afin de faire barrage aux spéculateurs qui enflamment le marché national en imposant des prix prohibitifs.
Le chef de l’Etat est allé jusqu’à impliquer les imams dans la sensibilisation des citoyens et de la «lutte contre la flambée des prix», cela peut être un des mécanismes qui peuvent contribuer au contrôle du marché en mettant fin à la spéculation.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a assuré de son côté la disponibilité, en «quantité et en qualité» des produits de base durant ce mois de Ramadhan.
Histoire de dire que la disponibilité des produits en quantité suffisante peut couvrir les besoins du marché national.
Si l’on suit la logique selon laquelle les prix obéissent à la règle de l’offre et la demande, les prix des fruits et légumes ne doivent pas connaître une telle flambée pour la simple raison que la disponibilité des produits répond suffisamment à la demande du marché national. Hélas ! Une mobilisation sans résultat.
C’est l’histoire de la montagne qui accouche d’une souris. La réalité du marché est tout autre. Les décisions du gouvernement ne sont que de simples théories.
Car la seule loi appliquée sur le terrain est bel et bien celle des commerçants et des spéculateurs.
Si le dernier mot revient à ces derniers, il existe en principe une institution censée prendre en charge cette situation et de déclarer la guerre à ces gens qui monopolisent le marché. Rien de cela.
Les différentes réunions n’ont apporté rien de concret aux simples citoyens qui subissent la loi de la jungle des spéculateurs et des commerçants.
Les consommateurs algériens ne trouvent pas de défenseur en ce mois sacré. Ils subissent seuls le diktat imposé par des commerçants sans état d’âme qui ont redoublé de férocité ces jours-ci, en affichant des prix exorbitants sur les étals.
Le gouvernement a promis que les prix commenceront à baisser dès la deuxième semaine du Ramadhan.
Celui-ci entame sa deuxième décade, mais les prix restent toujours au plafond !
Une simple tournée à travers les marchés, renseigne qu’aucune baisse n’a été enregistrée.
Bien au contraire, quelques légumes ont connu une sensible augmentation ces derniers jours comparativement au début du Ramadhan.
Le gouvernement, à travers les ministères concernés, ne fait que des promesses et des incantations. Sans plus. Les spéculateurs ont sévi sans être inquiétés.
Le président de la République en a fait un réquisitoire implacable. «La maîtrise de la régulation du marché, notamment à l’occasion du mois de Ramadhan, a révélé ses limites, face aux effets de la libéralisation incontrôlée des circuits de distribution, aggravés conjoncturellement surtout, par des pratiques spéculatives et parasitaires au détriment des citoyens et à l’encontre de la portée spirituelle du mois de Ramadhan», a souligné le chef de l’Etat, mercredi dernier, lors du Conseil des ministres. M.Bouteflika s’est montré fâché contre son gouvernement.
«J’entends qu’aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l’avenir pour justifier la limitation des capacités de l’Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leurs responsabilités entières et reprendre la situation en main», a-t-il conclu.
Tahar FATTANI