Les révoltes libyenne et tunisienne ont charrié leur lot de malheurs que l’Algérie subit de plein fouet.
1276 affaires de contrebande ont été traitées, 256 personnes arrêtées, 215 véhicules, près d’un million de litres de carburants saisis, ainsi que 849 têtes de bétail pour une somme de plus de 60 milliards de centimes. Les chiffres sont effarants. Jamais l’activité illicite n’a connu un essor pareil au niveau de nos frontières! C’est dire que la menace n’est pas seulement une éventuelle contamination par les révoltes arabes, elle n’est pas uniquement terroriste mais également économique. Ces chiffres renseignent à quel point l’économie nationale est saignée. Et les pouvoirs publics pris dans cet étau n’ont pas le droit à l’erreur dans cette partie du pays. Il ne faut surtout pas que la semoule, ou le carburant manquent! Mais plus grave encore, c’est le trafic du mercure qui a augmenté de 171,20%! Cet élément chimique est hautement dangereux dans la mesure où il sert à la fabrication d’explosifs puissants.
Il n’est pas à écarter d’ailleurs, que ce trafic est impulsé par les groupes islamistes armés qui pullulent dans la région du Sahel et en cette période de troubles. Il y a également le trafic du corail qui a augmenté de 180%, toujours selon les services de sécurité. Une autre atteinte à l’équilibre marin sachant que le corail est une espèce en voie de disparition en Algérie.
Le soulèvement populaire en Tunisie, la guerre civile en Libye, deux pays qui partagent plus de 1000 km de frontières avec l’Algérie, ont été des facteurs déterminants dans l’activité de la contrebande au niveau de la bande frontalière est et sud-est. Ce trafic illicite a augmenté de 69, 23% selon le bilan des services de sécurité. Et l’on craint le pire.
La Gendarmerie des gardes-frontières (GGF) a traité de son côté pas moins de 817 affaires avec l’arrestation de 26 personnes sachant que 806 affaires demeurent contre X.
Lors de leurs opérations, les GGF ont saisi 130.805 litres, de mazout, 306.910 litres d’essence, 84 véhicules et 754 têtes de bétail pour une somme évaluée à plus de 20 milliards de centimes. Les contrebandiers se concentrent particulièrement entre l’Algérie et la Tunisie, a-t-on précisé lors de la conférence de presse tenue hier au niveau du commandement de la Gendarmerie nationale de la 5e Région militaire. Ce sont surtout les produits alimentaires qui constituent pour les réseaux de la contrebande un fruit bien juteux. Et le spectre d’une crise alimentaire n’est pas à écarter. Des observateurs bien avertis ont déjà tiré la sonnette d’alarme et soutiennent le risque d’une éventuelle pénurie en mesure de s’étendre à tout le territoire national. Ce sont des tonnes de semoule, d’huile, de lait et de sucre qui transitent illégalement par les frontières et ce sont des millions de personnes qui se retrouvent à leur insu, otages de la contrebande. Le phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur à la faveur des crises sociales en Tunisie et en Libye, a été abordé par le ministre du Commerce Mustapha Benbada, mais ne donnera aucun détail sur les mesures de lutte contre ce grave fléau. Les deux pays voisins ne sont pas près de sortir de leurs crises pour l’instant, et que ce soit sur les plans sécuritaire, social ou économique, c’est l’Algérie et elle seule, qui en subit les conséquences. Il va sans dire que l’alerte est déjà au rouge, notamment, et cette hémorragie commence à bien se sentir au niveau des wilayas de l’Est. Le contexte n’est certainement pas au profit de l’Algérie qui a réussi jusque la à maîtriser sereinement le cap de la révolte arabe. Les réseaux de contrebande mus par leur motivation dévastatrice de ruiner l’économie du pays sont certainement pilotés par de gros requins qui tirent leur intérêt à voir l’Algérie replonger dans une crise sociale aux conséquences lourdes. Cela est flagrant aussi de constater qu’aucun pays occidental ou arabe ne se soucie des retombées néfastes, subies par l’Algérie depuis plusieurs mois. Les mêmes services ont procédé, au cours de cette période qui n’a pas été de tout repos, surtout au niveau des frontières, au traitement de 12.630 affaires, dont le trafic de drogue, l’immigration clandestine, le crime contre l’économie et le crime organisé avec l’arrestation de 584 femmes et là aussi, on note une augmentation de 10,50% avec les précisions de 794 crimes, 7914 délits et 3862 contraventions