Elle a dépêché un juge d’instruction auprès de la militante sahraouie
Redoutant les conséquences d’un éventuel décès de la militante sahraouie des droits de l’homme, Madrid a envoyé à son chevet, dimanche soir, un magistrat espagnol pour s’assurer que toutes les mesures nécessaires à sa survie sont réunies, avec les prérogatives de procéder à une hospitalisation forcée de la concernée si son état de santé se détériore.
Face à l’entêtement du Maroc de refuser le retour d’Aminatou Haidar parmi les siens à El-Ayoune, un juge d’instruction espagnol s’est rendu au chevet de la militante sahraouie, Aminatou Haidar, en grève de la faim à Lanzarote.
Mandaté par la préfecture des Canaries, qui a réclamé toutes les mesures nécessaires à la “survie” de la militante des droits de l’homme, le magistrat, accompagné d’un médecin légiste et de policiers, s’est frayé un chemin jusqu’au local de l’aéroport où est recluse Mme Haidar, suscitant la vive émotion de ses partisans. Entre-temps, la préfecture des Canaries avait précisé dans un communiqué avoir demandé à ce juge de “prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie et l’intégrité d’Aminatou Haidar”, y compris son “hospitalisation”, car estimant que “le danger que suppose le maintien de son attitude pour sa vie et son intégrité physique oblige à une action urgente d’assistance sanitaire”.
Après s’être entretenu à deux reprises avec la militante sahraouie, le juge d’instruction a quitté l’aéroport dans une grande confusion. L’important dispositif de policiers antiémeute, qui semblaient se préparer à l’évacuation d’Aminatou Haidar, a quitté les lieux. Le juge a par la suite mandaté un troisième expert médical pour statuer sur l’éventuelle hospitalisation forcée de la militante, ont indiqué des sources judiciaires à Lanzarote.
Il a pris cette décision après avoir reçu deux rapports médicaux contradictoires, l’un du médecin personnel de Mme Haidar qui juge son état très grave, l’autre d’un médecin requis par le magistrat qui a estimé que son état n’était pas aussi critique.
Après avoir recueilli un troisième rapport médical, le juge devait décider ou non d’ordonner l’hospitalisation de Mme Haidar, qui a entamé hier son 22e jour de grève de la faim et rejette toute assistance médicale. Ceci étant, une des avocates de l’équipe juridique entourant Aminatou Haidar, Me Lola Travieso, a assuré pour sa part aux journalistes sur place que la militante avait légalement “le dernier mot”, parce que la loi espagnole sur l’autonomie du patient interdisait toute hospitalisation forcée.
Il n’en demeure pas moins que selon les proches de la militante sahraouie, sa vie était en danger, qu’elle souffrait de vertiges et de pertes de vision, au 21e jour de sa grève de la faim. Son médecin, Domingo de Guzman Perez Hernandez, avait affirmé samedi : “Son temps est en train de s’achever. Nous ne pouvons plus parler de semaines, mais d’heures ou de jours”, rendant responsables de sa situation les gouvernements espagnol et marocain.
De son côté, le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a reconnu l’existence de difficultés sur le dossier avec le Maroc, a déclaré : “Nous faisons tout ce que nous pouvons pour trouver une solution raisonnable” au cas de Mme Haider.
À signaler que la vaste campagne internationale de sympathie et de soutien à Aminatou Haidar, déclenchée depuis le jour de son expulsion du Sahara occidental, se poursuit, comme en témoignent les nombreux appels à Rabat et Madrid à laisser la militante sahraouie rentrer au Sahara occidental comme elle le réclame.