«Il faut que les zaouïas aillent vers la société pour contrer les dérives des milieux extrémistes»
la priorité de l’heure est la défense de l’Algérie contre toutes les menaces qui pèsent sur elle.
Tous les intervenants au Forum du journal arabophone Al Hiwar, qui s’est tenu hier – sous le thème, des plus actuels, il faut le dire: «Le rôle des zaouïas dans la défense de la cohésion nationale» -, se sont accordés sur un point; vital, ont-ils estimé, pour la pérennité du pays en tant qu’Etat, à savoir que la priorité de l’heure est la défense de l’Algérie, contre toutes les menaces qui pèsent sur elle. A travers, essentiellement, l’idéologie «djihado-takfiriste» que tous ont pris le soin de qualifier d’exogène et de fondamentalement contraire à nos valeurs religieuses et sociales bien comprises.
Un vecteur d’autant plus dangereux, ont-ils souligné, qu’il se drape de l’habit religieux. Et qu’il a été mis au point, selon l’ancien ministre des Affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah, qui était présent en sa qualité de membre d’une zaouïa de la région de Tiaret, «par des officines occidentalo-sionistes dans l’exécrable objectif de s’attaquer à l’Islam en le vidant de toutes ses valeurs positives, dont celles de tolérance et de solidarité». Une vision partagée quasiment par tous les autres intervenants.
Parmi lesquels, dans l’ordre de leur prise de parole, Abdelkader Bacin, président de l’Organisation nationale des zaouïas d’Algérie; Cheikh Maâmoun El Qassimi, chef de la zaouïa Al Qassimia dont le siège se trouve à El Hamel, dans la région de Boussaâda; Mourad Maïza, représentant du ministre en exercice des Affaires religieuses, Mohamed Tahar Aït Aldjat, vénérable – il fêtera dans quelques jours ses 103 ans – et véritable icône de la confrérie Errahmania; Djelloul Lahdjimi, président du Syndicat national des imams et employés du secteur des affaires religieuses, et Cheikh Ali Aya, membre du secrétariat national dudit syndicat, qui, quasiment à l’unanimité, là aussi, ont rappelé le rôle joué par les zaouïas, «ces citadelles du savoir et de la lumière», comme les a qualifiées le chef de la zaouïa Al Qassimia, «dans la résistance à la pénétration coloniale française» mais également, ont-ils affirmé, «durant la lutte de Libération nationale». Et c’est non sans fierté qu’ils ont rappelé que la résistance à la pénétration coloniale a été dirigée par des hommes et des femmes issus des zaouïas. Une fierté qui ne les a pas empêchés de reconnaître, pour reprendre un terme que nombre d’entre eux ont utilisé, «la défaillance», durant ces périodes-clés de l’histoire récente du pays, de quelques-unes d’entre elles. Une défaillance qu’ils ont imputé, tout à la fois, «aux manoeuvres du colonisateur et à la propension à la trahison de leurs chefs». S’appuyant sur ces faits historiques, le président du Syndicat national des imams a plaidé pour une écriture objective de l’histoire des zaouïas. A l’évidence, dans le clair souci de les soustraire aux critiques dont elles font aujourd’hui l’objet.

Principalement des milieux salafistes qui, ce faisant, visent à les décrédibiliser auprès de l’opinion publique nationale. Un danger dont semble être pleinement conscient Cheikh Ali Aya qui a demandé à ce que les zaouïas ne se limitent plus à un rôle attentiste: «Il faut qu’elles aillent vers la société pour contrer les dérives des milieux extrémistes, combattre les fléaux sociaux et défendre la cohésion nationale», a-t-il, en effet, clamé du haut de la tribune. Et de poursuivre: «C’est la seule manière de gagner la confiance des jeunes générations».
Et de leur inculquer, a-t-il ajouté, rejoignant en cela l’opinion de tous ceux qui l’ont précédé à la tribune, «les valeurs d’un islam de tolérance qui rejette l’extrémisme»; un islam, ont-ils souligné, qui «a toujours été celui des zaouïas». De là, leur rappel de «leur ferme opposition à l’idéologie «djihado-takfiriste». Et leur pressant appel aux pouvoirs publics «à les soutenir dans leurs actions visant à promouvoir la conception tolérante de l’islam dont ils sont les vecteurs, à la propager parmi la jeunesse et, partant, à soustraire celle-ci à l’influence de l’islam radical…» Un appel, à en croire les propos du représentant du ministre des Affaires religieuses, qui a été positivement apprécié: ce dernier ayant clairement déclaré que le ministère, «au vu du rôle joué, qu’elles ont joué et jouent dans la cohésion nationale et dans les domaines social, éducatif et religieux, ne peut que soutenir les zaouias…»