A Tizi Ouzou, par exemple, sur les 48,7 milliards de dinars débloqués pour les deux précédents exercices, seulement 1,19 milliard de dinars a été dépensé
Au moment où la grogne sociale va crescendo-aucun secteur n’étant épargné- plusieurs wilayas du pays enregistrent chaque année un très faible taux de consommation des crédits alloués par l’Etat au développement local.
C’est l’histoire du cordonnier mal chaussé. Au moment où la grogne sociale va crescendo, plusieurs wilayas du pays enregistrent, chaque année, un très faible taux de consommation de crédits alloués par l’Etat au développement.
De prime abord, on conclurait à un signe de prospérité et à l’absence d’une demande sociale; mais, en vérité, cette situation est due soit à des entraves à caractère partisan ou tout simplement à l’incompétence des responsables.
La réalité est que la demande en infrastructures de base – logements, emploi et autres besoins, comme l’eau, l’électricité et le gaz – se fait pressante. En témoignent les mouvements de protestation dans la plupart des wilayas, où des manifestants procèdent à la fermeture des routes nationales, dressant des barricades, pour protester contre les promesses non tenues par les autorités locales.
A ce titre, les exemples les plus frappants de cette situation paradoxale, sont les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, où le niveau de consommation des budgets n’a pas dépassé les 15%.
A Tizi Ouzou, par exemple, sur les 48,7 milliards de dinars débloqués pour les deux précédents exercices, seulement 1,19 milliard de dinars a été dépensé, soit un taux de 2,45% de consommation. Cela sans omettre les enveloppes des projets d’infrastructures allouées par l’Etat dans le cadre du deuxième programme quinquennal 2005/2009 afin de remettre à niveau la wilaya de Tizi Ouzou qui accusait un grand retard. C’est le cas également à Béjaïa où sur les 45 milliards de dinars de crédits de payement, seuls 4,5 milliards de dinars sont consommés.
Un taux de consommation de 10,50% à la fin août 2012, tous secteurs confondus. L’année dernière, le taux de consommation était déjà trop faible pour passer inaperçu et surtout pour ne pas attirer l’attention de ceux qui gèrent les affaires quotidiennes des citoyens. 13,42% seulement des 43,3 milliards de dinars de crédits de paiement en 2011 ont été consommés. C’est le cas également dans la wilaya de Chlef où sur une enveloppe de 8 000 milliards de centimes, il n’a été consommé que la moitié, à fin août 2008, soit 4000 milliards.
Combien de wilayas ont bénéficié de programmes complémentaires, au terme de la visite du chef de l’Etat ou du ministre de l’Intérieur, alors que les budgets déjà alloués sont restés prisonniers de considérations bureaucratiques, et/ou de manoeuvres politiciennes?
La rivalité entre les partis politiques, au niveau local, fait que la formation majoritaire utilise ses susceptibilités avec ses adversaires comme une occasion pour solder des comptes. Une attitude dont le citoyen est seul otage. Sur un autre chapitre, les procès intentés contre certains cadres et élus locaux, pour mauvaise gestion des deniers publics, seraient, à en croire certains responsables locaux, à l’origine du manque d’initiative de leur part.
Ainsi, même si l’acte de gestion a été dépénalisé, il reste que la prudence est de mise chez ces gestionnaires qui craignent d’être «piégés» dans une affaire de passation de marchés publics douteux ou par une disposition procédurière qu’ils n’auraient pas respectée. D’autres sources justifient la non-consommation des crédits par le fait que certains élus préfèrent passer des marchés de gré à gré, octroyés de préférence à leur «clientèle». Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est qu’en dépit de cette situation, le ministère de l’Intérieur, censé donner un coup de pied dans la fourmilière, fait montre d’une passivité déconcertante. D’abord, en ne rappelant pas à l’ordre les responsables défaillants et surtout en n’éclairant pas l’opinion publique sur le niveau de consommation des crédits au niveau national.
N’est-il pas, par exemple, temps de mettre au point un plan de développement au niveau de chaque wilaya, tout en imposant aux walis un bilan détaillé quant à l’affectation des crédits? Un programme qui doit prendre en ligne de compte les besoins de ces wilayas, recensés après un large débat avec les élus et le mouvement associatif.