L’Algérie vers la modernité. Voila à quoi aspirent les Algériens
Aucun projet de société audacieux, à la mesure de l’Algérie qui ambitionne de faire son entrée dans le cercle des pays émergents, n’a été porté pour le moment par les candidats à la magistrature suprême.
A moins de trois mois de la présidentielle, les Algériens sont dans le flou. Non pas du nom de celui qui sera candidat de l’opposition ou du système, mais des vrais problèmes, du vrai débat qui engagent directement l’avenir des Algériens et qui sont occultés. Aucun projet de société audacieux, à la mesure de l’Algérie qui ambitionne de faire son entrée dans le cercle des pays émergents, n’a été porté à leur connaissance pour le moment par les candidats à la magistrature suprême. Les préoccupations demeurent. Emploi, chômage, crise du logement et flambée des prix des produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes rythment le quotidien des citoyens et comme si la coupe n’était pas déjà assez pleine, des conflits qui ont pris des allures ethniques sont venus se greffer à ces ingrédients qui font de cette conjoncture socio-économique, qui reste à consolider, une potentielle «bombe» à retardement. Le terrain doit être déminé et en urgence. Car ce n’est pas avec un coup de cuillère à pot que le prochain président de la République pourra retourner à son avantage une situation bien complexe. Un écheveau qui demande à être démêlé. Les principales forces politiques du pays, FLN et RND qui ont en charge les affaires du pays, depuis l’indépendance pour le Front de libération nationale, avec un intermède lors de la décennie noire, et depuis 1999 en alternance avec son allié et rival de toujours, le Rassemblement national démocratique, exhortent le président de la République à se présenter à un 4e mandat et restent suspendus à sa décision. Aucun programme digne de ce nom n’a été avancé par ces formations politiques pourtant éprouvées par la pratique du terrain et la gestion des affaires de la cité. Il faut, en effet, être aveugle pour ne pas voir les tonnes de détritus qui jonchent les trottoirs de nos villes et villages gérés, en majorité, par ces deux formations politiques, que l’état de leurs routes et trottoirs donnent d’eux des images de bidonvilles qui attestent beaucoup plus d’un pays qui a encore les deux pieds dans la mélasse du sous-développement.
Les clignotants demeurent au vert malgré certaines secousses et mises en garde: celle du Fonds monétaire international et de la Banque d’Algérie qui ont mis en exergue une éventuelle dégringolade des prix de l’or noir qui pourrait mettre à mal les équilibres budgétaires. La balance commerciale reste contre vents et marées excédentaire malgré une sérieuse baisse des exportations d’hydrocarbures et une explosion dangereuse de la facture des importations. La conjoncture économique mondiale et les signaux envoyés par l’économie des Etats-Unis incontestable locomotive de celle de l’ensemble des pays de la planète, promettent encore de beaux jours pour un baril de pétrole sur lequel repose l’économie nationale ainsi que le devenir des Algériens. Malgré ces assurances qui éloignent le spectre d’une crise qui mettrait en péril une paix sociale restaurée à coups de milliards de dollars, le pays ne donne pas l’impression de vouloir décoller.
Est-il concevable de laisser un tel environnement à des générations futures dont l’avenir est hypothéqué parce qu’il ne dépend que des ressources qui proviennent des exportations d’hydrocarbures alors que le chômage fait des ravages parmi les jeunes (22,4% pour les 16-24 ans selon les chiffres du FMI). Tandis que ceux d’entre eux fraîchement diplômés sont aussi happés par ce fléau. Un bien triste sort qui est fait à ces forces vives de la nation. A de potentiels dirigeants du pays au début d’un chemin qui ressemble à un parcours du combattant. Il est quasiment impossible de rendre attractive la destination Algérie dans de telles conditions. Ambitionner de faire revenir ces compétences qui font désormais le bonheur de leur pays d’accueil et d’empêcher celles qui n’ont pratiquement d’autre choix que de partir vers d’autres horizons qui leur offrent des conditions financières et matérielles valorisantes. A la hauteur de leurs attentes. En plus d’évoluer dans un environnement où font «bon ménage» religion et politique, un univers largement entretenu par une classe politique beaucoup plus soucieuse de ménager les susceptibilités des uns et des autres que de regarder vers l’avenir. Construire une société apaisée, débarrassée de ses complexes où puissent s’exprimer librement des sensibilités différentes. Une rupture nécessaire avec les archaïsmes pour projeter l’Algérie vers la modernité. Voila à quoi aspirent les Algériens qui attendent toujours… l’homme providentiel.