L’objectif commun des modérés, des radicaux ou des salafistes reste l’instauration d’un «Khalifat théocratique».
Le Conseil national pour les droits de victimes de la décennie noire a été empêché de tenir sa conférence de presse prévue hier, dans un hôtel à Baraki, une banlieue du sud-est d’Alger. A peine entamée, le président et porte-parole de ce conseil, Djamil Benrabah, s’est vu contraint de l’arrêter illico presto. Le propriétaire de l’établissement a reçu des instructions des services de sécurité pour mettre fin à cette réunion.
Quoi qu’il en soit, le conseil réunissant en son sein les représentants des patriotes et des militaires blessés, les membres des collectifs de l’autodéfense et les familles des disparus a déclaré que «des personnes et des parties adeptes de l’amnésie ne veulent pas que l’on se réunisse pour s’exprimer», regrettent-ils. Par conséquent, clament-ils «nous serons obligés de sortir dans la rue». «Nous allons investir la rue car nos droits sont légitimes». Nous sommes «l’exemple vivant de cette décennie douloureuse, une période qui continue malheureusement de grossir les rangs des victimes», a martelé le même responsable. Outre cet incident, l’appel lancé par ce conseil en prévision du scrutin des législatives constitue le message qu’on a voulu transmettre aux électeurs et aux partis en lice. Pour que le peuple algérien ne subisse plus ce que nous avons subi, «nous appelons les citoyens désirant voter de ne pas accorder leurs voix aux porteurs de projet islamiste», annonce-t-il. En fait, selon lui «l’islamisme modéré n’existe pas. Il n’y a pas de différence entre les différentes catégories de l’islamisme politique», commente-t-il. «Ces gens-là qui se disent porteurs de projet islamiste représentent un vrai danger. S’ils passent, il faut s’attendre à une nouvelle phase de sang et de feu plus destructrice que la précédente», fait-il savoir. En tant que force sociale ayant la légitimité du sacrifice pour la liberté et la dignité durant la décennie noire, il est de notre devoir de barrer la route à nos ennemis et ennemis de l’ Algérie», justifie-t-il. L’objectif commun des modérés, des radicaux ou des salafistes reste l’instauration d’un «Khalifat théocratique», affirme-t-il.
A l’approche des élections législatives et dans la perspective de la présidentielle prévue pour 2014, des individus qui portent directement ou indirectement la responsabilité de la décennie noire et de ses conséquences que nous continuons à subir, «se préparent, encore une fois en instrumentaliser l’Islam, à partir à l’assaut des institutions du pays pour s’incruster et instaurer un Etat théocratique», peut-on lire sur cet l’appel. Rejeter la candidature et mener campagne contre toute personne impliquée directement ou indirectement dans la décennie noire, dénoncer et combattre toute candidature ou organisation utilisant l’Islam à des fins politiques, relèvent des recommandations faites à l’adresse de tous les Algériens.
En revanche, ils appellent les électeurs à appuyer les formations ou candidats porteurs d’un projet moderniste et démocratique. Car, disent-ils, certaines personnes en s’infiltrant dans des partis islamistes existants, les autres en créant de nouveaux partis islamistes, sentent l’heure venue, à la faveur du «printemps arabe». Si, prédisent-ils, ces individus dont certains se réclament de la mouvance islamiste modérée mais qui en réalité dissimulent derrière leurs cravates des couteaux bien aiguisés prêts à l’emploi, venaient à présider à notre destinée, «ils donneront le coup de grâce au projet d’une Algérie moderne ouverte sur le XXIe siècle». Ils se serviront de la façade hypocrite de super musulman, pour imposer la vente concomitante d’un projet de société anachronique et un système de gouvernance basé sur la rapine, la corruption, l’incompétence. Par ailleurs, les victimes du terrorisme, qui se considèrent comme les grands oubliés de la Charte pour la paix et le réconciliation nationale, exigent des candidats aux élections législatives de «se positionner sur la question de la reconnaissance et la prise en charge des droits matériels et moraux des victimes et de leurs ayants droit». Cette revendication doit bénéficier d’une «loi immédiatement suivie d’un texte d’application», réclament-ils encore.