Chants aïssaoua, malouf,chaoui, sétifien, raï, patchwork artistique éminemment algérien ont été réunis à Constantine à la gloire de l’équipe nationale de football.
L’occasion: la sortie du dernier CD du Cheikh Zinedine Benabdellah, un des maîtres de la chanson constantinoise. Un album de huit chansons, entièrement dédiées aux Verts, a consacré un «partenariat», savoureux et hors du commun, entre les différentes résonances musicales du pays.
Comme de bien entendu, la magie a opéré grâce au talent et à la «grinta» (punch, mordant) de «Magic» Bougherra et de ses camarades.
«La chanson sportive, comme le ballon rond, est aussi génératrice de concorde et de réconciliation», soutient le producteur de cet original pot-pourri, rencontré dans le studio d’enregistrement. Zinedine Benabdellah, disciple de Cheikh Zouaoui, a troqué pour la circonstance ses «Naghrat» (petits tambourins) et enlacé le «oûd» (luth) pour mieux accompagner une star locale de la chanson sportive, Cheb Simek, dont la ferveur a déferlé pour titiller davantage la fibre nationaliste des artistes présents derrière le pupitre du studio.
Arraché à sa nature calme et plutôt pondérée, l’autre star du malouf, Hakim Bouaziz, interprète du tube «Sara», met son grain de sel pour concocter une sauce qui s’épice de plus en plus à mesure que défilent devant le micro Imed Khiari, pour la chanson chaouïe, Cheb Talal (un Khaled en herbe), pour le raï, et Faouzi, pour le chant sétifien. Sur des textes concoctés en un temps record par Brahim Rakhoum, la «chute» de ce medley original se confond dans l’incontournable «One, two, three, viva l’Algérie».
Commentant cette collaboration, Cheikh Zinedine Benabdellah, connu pourtant pour être un conservateur du répertoire malouf de Constantine, estime que si «la musique adoucit les moeurs, elle appelle aussi à l’ouverture et à l’acceptation de l’autre».
Le CD, ponctué par la voix mélodieuse de Hosnia, une diplômée de l’école de musique andalouse, devrait combler les mordus de musique par l’originalité, la sensibilité et la maîtrise de tous ces jeunes professionnels réunis pour l’amour des Verts.
Ce travail devrait également faire le bonheur des supporters les plus inconditionnels de l’équipe nationale algérienne qui apprécieront sans doute la mise en musique des «grigris» de Mourad Meghni, les «coups de boule» de Madjid Bougherra, la rage de vaincre de Antar Yahia ou encore l’agilité et le courage de Faouzi Chaouchi.
A quelque 48 heures du remake souhaité d’Omdurman, le travail artistique, patiemment apprêté par les artistes constantinois, «se veut un hymne, encore un autre, au courage, à l’amour des couleurs et à la classe affichés par les Fennecs au pays des «Palancas Negras».