«Moi ce qui m’intéresse c’est l’argent !»
Exaspéré par la débâcle essuyée à Bangui dimanche, Abdelhak Benchikha n’a pipé mot. Au lieu de cogner sur tout ce qu’il trouve sur son passage à la manière d’un Sir Alex Ferguson dans ses mauvais jours, il s’est tu.
Il a choisi de s’en fermer dans sa chambre et de n’adresser la parole à personne le temps que passe cette déception qui le range de l’intérieur.
Et puis que pouvait-il bien dire de subtil à un groupe dont le sentiment de culpabilité après une défaite ne dure que le temps d’une douche tiède ? C’est qu’on avait à chaque fois cette fâcheuse habitude d’envoyer quiconque chercherait à leur adresser ne serait qu’un semblant de discrédit se faire rafraîchir la mémoire d’un succès récent qui avait mis toute l’Algérie en fête. Comme si le temps pouvait bien s’arrêter à cette date du 18 novembre 2090, date de naissance, mais paradoxalement de décès d’une génération.
On avait certes lavé l’affront à Oum Dourman et vengé le sang coulé de centaines d’Algériens au Caire, mais on avait au même temps enterré là-bas sur cette même pelouse dite «le Cimetière» la hargne et l’esprit de la gagne qui aidaient ce petit groupe qu’on disait en devenir à compenser son insuffisance technique, individuellement cela s’entend. Car ces footeux qu’on avait érigé au rang de stars locales ne le sont pas pour autant là où on les jugent pour leurs valeurs intrinsèques.
Sinon on se serait battu avec des carnets de chèques à qui mieux disant lorsque le mercato ouvrit et refermé son barnum sans qu’on ait vu jouer des coudes au portillon de nos internationaux dont on serait sans doute aveuglement fiers de les voir signer dans les plus grands clubs du monde. Voici la réalité telle qu’elle est d’un groupe de joueurs gâteux et gâtés sur le tard pour se ficher des sentiments d’un peuple qui a soif de joies.
«Moi ce qui m’intéresse c’est l’argent !»
On en a entendu très souvent certains internationaux ne parler de nationalisme à nous en donner presque des notions, faisant croire qu’il y a bien finalement une génération qui a grandi dans les écoles françaises avec l’amour de l’Algérie dans le cœur. Pourtant, de l’Algérie, ils n’aiment que la reconnaissance, l’amour foufou, plutôt idiot pour dire vrai, l’argent qui s’était mis à couler à flot, grâce toujours à cette notoriété qu’ils ont auprès du public que les annonceurs exploitent à des fins purement mercantiles.
Car, sans cette Algérie qui a goûté de nouveau à la victoire, sans cette Coupe du monde que Rabah Saâdane avait offerte sur un plateau à certains joueurs sous forme de sélections, beaucoup n’auraient sans doute pas porté ce maillot vert. «Moi, y a que l’argent qui m’intéresse !» Cette phrase, qui a fusé spontanément non sans une pointe d’arrogance d’un international en activité, est la parfaite illustration des ambitions occultes qui lui procure autant de joie à revenir au bled. Ça coule de source.
«Un colis garni de chez Quick en plein Ramadhan»
L’irrespect de certains joueurs à l’égard de ceux qui sont là pour leur faciliter la vie lors des regroupements dépasse l’entendement. C’est le cas de cette super star qui envoie un des employés de la fédé lui acheter de la bouffe chez Quick… en plein mois de Ramadhan.
Bon, cela relèverait de la vie privée de tout un chacun, si l’on veut être tolérant, mais là où le bas blesse, c’est cet irrespect affiché à l’égard de cet employé sans doute offusqué sans qu’il ait pu l’afficher. Et encore s’aurait pu passer en travers n’étaient ces images pathétiques de joueurs – pas tous heureusement – pieux bien alignés pour la prière de vendredi derrière Cheniouni sous le zoom des caméras de la télévision. Hypocrisie quand tu nous tiens !
Benchikha : premier contact, premier heurt
Abdelhak Benchikha s’était d’ailleurs heurté à cette mentalité d’enfants pourris dès le premier contact. En bon professionnel qu’il est, plein d’enthousiasme, il a d’abord cherché une approche psychologique, en s’entretenant en tête à tête avec chacun des joueurs avant de regrouper tout son monde mardi pour une réunion de travail. Là, Benchikha s’était attelé à tracer les règles de la vie interne du groupe comme il l’avait fait partout où il était passé. Rien de nouveau. Pourtant, premier point, premier heurt.
Réveil à 8h et petit déjeuner pour tout le monde à 8h30. Là, un cadre se lève pour éclairer la lanterne du coach que sous l’ère Saâdane, le réveil est libre. Bah voilà, on n’est plus sous l’ère Saâdane où les joueurs avaient la liberté de dormir parfois jusqu’à 10h-11h. Pourtant, Saâdane n’omettait pas de rappeler que le p’tit déjeuner est à 8h30. Une fois, un nouveau s’était retrouvé seul attablé dans le restaurant de l’hôtel à boire son café pendant que les autres faisaient la grasse matinée. Les mauvaises habitudes ont la peau dure, M. Benchikha !
Entraînement à 10h, 5 joueurs sur le terrain !
La vie de groupe sous l’ère Saâdane avait plus les contours d’un castelet ou si vous voulez un cirque à ciel ouvert. Et c’est le cas de le dire. Que l’on juge : entraînement à 10h, 5 joueurs seulement sont présents sur le terrain.
Gaouaoui, M’bolhi, Zemmamouche, Cedric et Medjani. Les autres ? Ils font dodo. Voilà donc la séance du matin qui se plie au bout de quelques trois- quarts d’heure faute de disposer de l’intégralité de l’effectif.
Avec le Cheikh, même l’échauffement était libre
Il faut dire que sous l’ère Saâdane, les joueurs jouissaient d’une extrême liberté au point de décider des horaires d’entraînement, de repos et même des lieux des stages. L’histoire d’aller s’entraîner à Marseille le mois de décembre pour préparer le Malawi, c’était les joueurs.
Saâdane, trop couillon, dit-on pour faire le chef, avait laissé les clés de la maison aux joueurs, fêtards qui en ont fait un bazar ! La liberté s’étend jusqu’aux échauffements d’avant la séance d’entraînement. Exercices avec Djelloul, tennis ballon ou terreau, c’était au choix. Lorsqu’on est habitués à tout ça, il est dur d’y renoncer.