Les Verts joueront leur avenir dans ce Mondial, cet après-midi, face à la Corée du Sud. Un face-à-face inédit et compliqué pour les troupes de Halilhodzic dont la défaite face à la Belgique a provoqué de gros dégâts. Malgré les apparences.
Ce dimanche, l’Algérie doit, à nouveau, retenir son souffle pour sa sélection de football. Dans les vastes étendues du pays de l’ex- Numidie, la veillée d’aujourd’hui s’apparentera à une longue nuit du doute. Comme s’il s’agissait d’attendre le croissant lunaire pour l’annonce du mois de Ramadhan. C’est que le doute est profond. Et les spéculations nombreuses.
Que faire pour remobiliser une troupe affectée (effacée) par une contre-performance, celle contre la Belgique mardi dernier, qui était si prévisible, pourtant ? Halilhodzic a-t-il menti sur la vraie valeur de son team à la veille de ce quatrième Mondial dans l’histoire du football algérien ? La défaite face à la Belgique, si cruelle, n’avait rien d’improbable. Classement Fifa mis à part, le fossé qui sépare les deux sélections est tel, techniquement parlant, qu’un succès des camarades de Feghouli, le 17 juin à Belo Horizonte, n’aurait rien de normal.
Un miracle si bien que les miracles n’ont plus droit de cité, sinon un exploit qui n’arrive qu’une fois dans l’histoire d’un football algérien déstructuré et sans projet. Aujourd’hui, face aux Coréens, si la qualification au second tour passe par une victoire puis une autre performance positive contre les Russes, le 26 juin à Curitiba, le retour au pays dépend, lui, d’un second accroc que les équipiers de Yacine Brahimi semblent décidés à ne pas subir. Cela s’est vérifié lors de la reprise des entraînements, mercredi dernier au WSC de Sorocaba.
Un décrassage morne, en termes d’ambiance, mais sérieux du point de vue de l’entrain donné et par Halilhodzic et ses joueurs à cette séance de récupération. Le lendemain, après l’autocritique et les mises en garde, le rythme devenait autrement plus agréable à soutenir. Le match contre les Taiguk Warriors venait de commencer.
TROIS À QUATRE CHANGEMENTS EN VUE
C’est, en tout cas, la certitude que Halilhodzic se doit de mettre en oeuvre à l’occasion de cette seconde sortie des Verts au Brésil. Plusieurs joueurs qui avaient entamé le match perdu contre les Belges ne seront pas sur la pelouse du Beira-Rio Stadium de Porto Alegre, ou bien changeront de postes, pour certains. Vendredi, Halilhodzic a mis en place une première squelette qui pourrait être cette équipetype quand le Colombien Wilmar Roldan donnera le coup de sifflet initial de la rencontre Corée du Sud-Algérie.
A savoir une défense remaniée avec l’incorporation de deux nouvelles têtes, Cadamuro et Mandi en l’occurrence, à la place de Halliche et Mostefa. Ce dernier remontera un cran et changera de compartiment puisqu’il aura, en raison de la probable défection (pour blessure) de Medjani, à reprendre son rôle originel dans l’entrejeu. La dernière nouveauté, même si de nombreux observateurs pensent que Coach Vahid a l’intention d’apporter cinq changements au lieu de trois, pourrait concerner le milieu gauche où un comeback de Mesbah, auteur d’une seconde moitié de saison remarquable avec Livourne, est souhaité pour apporter à ce couloir un meilleur équilibre.
Ghoulam, si précieux dans le travail offensif (c’est lui qui a été derrière le centre qui a ramené le penalty provoqué et transformé par Feghouli contre les Diables rouges), demeure transparent quand il s’agit de couvrir le côté droit de la zone de M’Bolhi (le but de Mertens étant la preuve de ce manque de vigilance).
L’arrivée de Mesbah confortera ce secteur de jeu mais affaiblira assurément celui de l’attaque. C’est pourquoi, même s’il est hasardeux de tenter une telle expérience, Brahimi (sinon Djabou) doit faire son entrée dans ce Mondial. Histoire de donner plus de percussion dans la ligne offensive où Soudani et Feghouli semblent d’incontournables constantes, et permettre, cerise sur le gâteau, une gestion meilleure dans la préservation du ballon. Une telle perspective devrait éliminer un homme de milieu à vocation semi-offensive. Un box-to-box, en fait qu’incarnait Bentaleb lors de la première sortie officielle de l’EN dans cette Coupe du monde.
Nabil Bentaleb, même s’il a eu un rendement remarquable face au milieu fourni de Marc Wilmots, est désavantagé par son inexpérience, son jeu moins porté vers la récupération et, malheureusement, une peur évidente de récolter un second carton jaune qui l’éliminerait d’office de la troisième étape des Verts, durant ce tournoi, face à la Russie jeudi prochain à Curitiba. Un tel fardeau, Taider, malgré une prestation juste moyenne face à la Belgique, ne le supporte point puisque, définitivement rassuré par sa situation contractuelle avec l’Inter Milan (son contrat en copropriété avec Bologne a été définitivement racheté par le club lombard), le Milanais tiendra, aux côtés de Mostefa, l’ingrat rôle de bloquer les très actifs relanceurs coréens.
Le scénario catastrophe à éviter… L’EN, qui n’a jamais franchi le cap du premier tour dans une phase finale de Coupe du monde, est donc mise devant le fait accompli : gagner et espérer. Un faux pas de la Russie, prochain adversaire dans cette poule H, ou un partage entre Russes et Belges. Le premier cas de figure, assujetti à un succès algérien cet après-midi, n’élimine pas mathématiquement la Sbornaja de Fabio Capello qui comptabilise une petite unité avant l’amorce de cette seconde levée du premier tour. Un point qui laissera Akinfeev et compagnie en vie puisque ces derniers peuvent se qualifier en cas de succès face aux Algériens. Une optique plus compliquée en cas de nouveau partage des Russes.
Cela provoquera un «embouteillage» au niveau du classement de cette poule puisque, dans l’optique d’une victoire algérienne face aux Coréens, la Belgique ne sera pas mathématiquement qualifiée (4 points), les Verts occuperont la seconde position (3 points), la Russie (2) ne sera pas éliminée de même que la Corée du Sud (1) qui peut créer le miracle en venant à bout de la Belgique, jeudi prochain à l’Aréna Corinthians de Sao Paulo.
Ce ne sont, certes, que des spéculations de journalistes. Mais, l’histoire aidant, de tels scénarios se sont déjà produits. Lors de cette Coupe du monde, la France, par exemple, a six points (deux victoires) et un goalaverage favorable (+6) et pourtant les joueurs de Deschamps ne sont pas encore mathématiquement qualifiés.
M. B.
