Les verts calent à deux minutes du bonheur, rendez-vous à Khartoum

Les verts calent à deux minutes du bonheur, rendez-vous à Khartoum

Les cardiologues auront encore du travail cette semaine.

Les Verts qui se sont vus trop vite au paradis ont déchanté. Mais rien n’est perdu. Le rendez-vous est pris à Khartoum. Analyse.



Doit-on être déçus ?

Non. On aurait pu pleurer au Caire si les Égyptiens avaient planté le troisième but aux dernières secondes. L’objectif de la Coupe du monde est toujours vivace. On va passer les trois prochains jours à ressasser le match du Caire, mais le plus important est de se dire qu’on a encore un match à jouer et pas des moindres. Le match de la dernière chance.

Un match où les deux équipes partent à égalité de chances. Passé la déception, il faudra remobiliser l’équipe pour le but ultime de la qualification. Quant aux supporters algériens, pas besoin. Ils seront encore là.

Les choix tactiques étaient-ils bons ?

Non. L’EN a joué contre nature. La frilosité légendaire de Saâdane qui avait pourtant promis, avec arrogance, de planter des buts au Caire y est pour beaucoup. S’il fallait perdre, on aurait dû “mourir” avec nos armes à la main. Nos armes offensives que redoutaient les Égyptiens.

Avec un 4-5-1 à l’italienne, l’équipe algérienne n’a pas su défendre jusqu’au bout. La faute aux joueurs ?

Non. Car ce n’est simplement pas dans notre culture footballistique de bétonner. De jouer derrière. Le match de Khartoum va présenter une équation différente du moment qu’il faut le gagner et donc utiliser toute la palette offensive des Verts. Ce n’est plus un luxe, mais une obligation.

Les joueurs ont-ils failli ?

Non. Les Verts ont démontré des qualités d’abnégation, de courage et de solidarité incroyables. Sur ce plan, on ne peut pas les blâmer. Mais dans ce genre de match, au couteau, il faut des leaders moraux à l’équipe. Des joueurs capables de prendre des responsabilités sur le terrain, faire remonter le bloc-équipe quand il avait trop reculé à la fin. Le faire au-delà des consignes de l’entraîneur qui, au demeurant, était dramatiquement apathique sur le banc. À l’inverse de Shehata. Il manquait aux Verts ce zeste de rébellion pour marquer le but libérateur. À trop être dans les consignes défensives, on est passé à côté de notre force technique largement supérieure aux Égyptiens. Le match de barrage est l’occasion de démontrer qu’on peut avoir de la rage en plus de la combativité.

L’arbitrage a-t-il été à la hauteur ?

Oui. L’arbitre sud-africain est à féliciter. On s’en veut presque d’avoir demandé un arbitre européen. Malgré la pression des joueurs, du public et des officiels égyptiens, il a été impartial, juste et a eu des décisions de bon sens. Les Algériens vont certainement lui reprocher les six minutes supplémentaires et fatidiques. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes de ne pas avoir su gérer un score jusqu’au coup de sifflet final. Mais au regard de la perte de temps et des changements, l’arbitre n’a pas favorisé les Égyptiens. Pour s’en convaincre, imaginez que le match ait été arbitré par celui d’Algérie-Rwanda !

Doit-on faire des changements pour khartoum ?

Oui. Question de motivation. Saâdane qui est réputé pour donner la même feuille de match doit impérativement modifier son approche technique. On sait faire le jeu et ne pas abandonner le ballon aux Égyptiens qui l’ont d’ailleurs utilisé assez mal. Les interrogations seront nombreuses sur l’état physique, mais surtout psychologique. Les joueurs doivent avoir l’honnêteté, pour certains, de céder leur place à cause des méformes surtout que l’Égypte connaît notre dispositif tactique par cœur.

Y a-t-il des joueurs qui sortent du lot ?

Oui. Ne pas en vouloir à Gaouaoui qui a fait son match. Bougherra était un ton en dessous dans la couverture. Antar Yahia a fait le travail aérien, mais n’a pas eu son rayonnement habituel. Halliche a été impérial et sa sortie nous a fait du mal. Belhadj oublie parfois qu’il est défenseur et demeure un point faible sur le flanc gauche. Mansouri n’a pas su toujours couper les transmissions égyptiennes, surtout dans les intervalles. Son rôle de capitaine doit être davantage axé pour recadrer ses partenaires.

Lamouchia a fait un match énorme et a démontré que des joueurs du cru sont aussi performants que des professionnels. Meghni a démontré toute sa classe, défensive, made in Calcio, mais n’a pas eu la liberté de manœuvre pour apporter son génie en attaque. On possède un deuxième Zidane que Saâdane ne sait manifestement pas utiliser. Ziani s’est trop dépensé dans les tâches défensives pour apporter le supplément d’âme qui manquait en attaque. Saïfi a été précieux, isolé à la pointe de l’attaque, mais n’a pas été le “tueur” qu’on espérait. Car dans ce genre de match, il faut les mettre au fond.

L’Égypte a-t-elle l’avantage psychologique ?

Oui et Non. Les Pharaons comme ils se plaisent à s’appeler vont se sentir chez eux au Soudan. Simple question de géographie. La proximité du Soudan fera en sorte que leurs supporters seront plus nombreux au stade à moins que…l’Algérie en décide autrement.

C’est à nous d’organiser des vols charters et d’être sur place surtout que la billetterie sera partagée entre les deux fédérations la FAF et la FEF. Bouteflika qui entretient d’excellents rapports avec le président soudanais peut, cette fois-ci, prendre son téléphone dans ce sens. Et pas seulement pour des “Salamalek”.

Quant au match, paradoxalement les Égyptiens seront regonflés à bloc et cela pourrait leur jouer des tours. Le fameux effet de décompression car ils reviennent de nulle part. Le match qu’il fallait gagner est celui du Caire. Khartoum est une marche supplémentaire à gravir.

En auront-ils les moyens psychologiques ? Pas si sûr. Les Verts auront l’avantage de ne pas subir l’affolante ambiance du Cairo Stadium ou du Caire après les incidents de jeudi dernier. Donc, aucune excuse en termes de pression extérieure. Ils pourront se concentrer sur le match et uniquement le match.

Les deux équipes seront-elles fatiguées ?

Oui. On ne récupère pas facilement d’un match d’une telle intensité physique et nerveuse. La récupération sera primordiale et c’est l’équipe qui sera la plus fraîche qui gagnera. Les Verts partent légèrement favoris sur ce plan du moment que nos joueurs sont habitués en Europe à jouer deux fois par semaine. La moyenne d’âge de l’équipe égyptienne plaide également en notre faveur car elle approche la trentaine. Reste maintenant à évaluer l’état des troupes, des deux côtés. Entre les blessés et les éclopés qui seront nombreux. ça se jouera à l’énergie et les deux équipes en ont laissé pas mal ce 14 novembre.

Faut-il y croire encore ?

Oui. Encore et toujours. L’Égypte nous a donné une leçon d’humilité sur le terrain puisque leurs joueurs ont eu le mérite, le seul, d’y avoir cru jusqu’au bout. Aux algériens de faire de même. De croire à nos chances, intégralement, et de ne pas partir vaincu d’avance. Dans ce cas, vaut mieux ne pas prendre l’avion. Les joueurs doivent se remotiver comme les professionnels qu’ils sont. “Ne pas lâcher l’affaire”.

Saâdane doit impérativement changer quelque chose dans sa façon d’aborder le match. Car après le 18 novembre, ce sera trop tard. Il doit forcer sa nature pour préparer les Verts comme des “fauves” affamés. Et ne pas tomber dans cette suffisance d’avant-match quand il pérorait qu’il allait donner une leçon à l’Égypte au point que les joueurs chantaient avec les supporters au lieu de s’appliquer dans leur échauffement d’avant-match. Avoir cette modestie de ceux qui vont se battre comme des chiffonniers. Car la Coupe du monde, ça se mérite.