L’international algérien des Glasgow Rangers reconnaît que lui et tous ses équipiers ont raté le match face au Maroc. Il n’a cherché ni échappatoire ni excuse pour expliquer la déroute de Marrakech.
Etant l’un des cadres de l’EN, il affirme que cette défaite va permettre aux joueurs de redescendre sur terre. Egal à lui-même, l’enfant de Hadjout revient dans cet entretien sur la soirée cauchemardesque du 4 juin dernier. Il pense qu’une nouvelle page s’ouvre pour l’équipe nationale et que les joueurs doivent se remettre en cause pour qu’ils puissent rebondir de nouveau.
– Avec du recul, comment expliquez-vous la déroute concédée le 4 juin dernier face à la sélection marocaine à Marrakech ?
– On n’a aucune excuse pour justifier une telle déroute. On est passés totalement à côté de la plaque. On a raté notre match et j’avoue que cette défaite nous a fait très mal. On était motivés pour faire un grand match, malheureusement on a chuté lourdement à Marrakech. C’est un échec cuisant pour nous.
– Vous n’arrivez toujours pas à oublier cette défaite…
– Franchement, on ne peut pas oublier du jour au lendemain cette raclée. On demande pardon à nos fans, car on n’a pas été à la hauteur de leurs attentes.
– D’aucuns expliquent cette déroute par la fatigue, en disant que vous étiez émoussés à cause de la charge de travail à laquelle vous étiez soumis lors du stage effectué à La Manga Club…
– Non, ce n’est pas vrai. On a bien travaillé en Espagne. Les joueurs marocains étaient plus frais physiquement, car certains d’entre eux ne jouaient pas régulièrement avec leurs clubs à l’image de Chamakh. On est des professionnels et on assume entièrement. On a été dans notre mauvais jour et cela nous a valu un score très lourd.
– On a constaté qu’à chaque fois que l’EN encaisse un but puis deux, mentalement elle perd le match et elle s’écroule…
– Face au Maroc, on était déterminés à revenir avec un bon résultat. Mais on n’a rien compris à ce qui s’est passé. On a été décevants ce jour-là et on doit tirer les enseignements nécessaires.
– Personne ne s’attendait à ce que l’EN soit humiliée de la sorte, surtout après ce qu’elle a démontré lors des 20 premières minutes de la rencontre, pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé après l’ouverture du score par les Marocains ?
– Au risque de me répéter, c’était une défaite inexplicable. On a bien débuté la rencontre, malheureusement on a chuté après. Je ne trouve aucune explication à cela. Ça arrive aux grands clubs de rater leurs matches et par conséquent de perdre avec des scores lourds, mais une sélection ne peut pas se permettre un tel score. J’avoue que, moi aussi, j’étais nul et je suis passé complètement à côté.
– Justement, vous êtes la muraille de la défense de la sélection algérienne, mais face au Maroc vous aviez raté totalement votre match…
– Effectivement, je reconnais que je n’ai pas été à la hauteur et j’ai été mauvais dans ce match.
– Lors des éliminatoires jumelées de la CAN 2010 et du Mondial sud-africain, la défense était le point fort de l’équipe nationale, mais face au Maroc elle est devenue une passoire, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ce jour-là ?
– Vous savez, cela fait longtemps qu’on n’a pas joué ensemble. On a perdu nos automatismes et on a laissé beaucoup d’espaces. Personnellement, cela fait un bon moment que je n’ai pas joué avec Antar ainsi qu’avec Mesbah et Mostafa. Je dois souligner aussi que le Maroc a joué l’offensive à outrance. Il attaquait avec 4 joueurs et cela a compliqué notre tâche.
– L’entente Yahia-Bougherra n’était pas également là…
– En football, lorsqu’on ne joue pas ensemble, on est déroutés. Il faut prouver à chaque match. On a été mauvais face au Maroc et cette défaite nous permettra de nous remettre en cause.
– Certains disent que si la défense s’est écroulée face au Maroc, c’est parce que les récupérateurs étaient out également, qu’en dites-vous ?
– Je n’aime pas faire porter le chapeau à d’autres. Toute l’équipe est passée à côté pas seulement nous les défenseurs. C’était une défaite collective.
– Peut-on dire que Saâdane avait raison de jouer avec trois défenseurs axiaux, à savoir vous, Antar et Halliche ?
– Chaque entraîneur a sa propre tactique et sa propre mentalité. On a joué longtemps avec trois défenseurs dans l’axe, mais il nous arrivait aussi d’évoluer avec une défense plate. Honnêtement, Saâdane et Benchikha ont deux mentalités différentes, mais tous les deux avaient la même motivation. Ils aiment l’Algérie et j’avoue qu’on ne souhaitait pas que Benchikha parte sur un échec, car il était animé d’une grande volonté pour réussir sa mission.
– On a appris que certains cadres ont tout fait pour que Benchikha ne démissionne pas à la fin de la rencontre face au Maroc…
– Oui, on a parlé avec lui et on a tenté de le faire revenir sur sa décision de partir. Benchikha travaille à l’européenne, que ce soit sur le plan tactique ou disciplinaire. C’est un vrai homme. Idem pour Saâdane. On ne voulait pas qu’il quitte la sélection sur une fausse note.
– Ne pensez-vous pas que cette défaite va pousser certains joueurs qui ont eu la grosse tête après le Mondial à remettre les pieds sur terre ?
– Ecoutez, au risque de me répéter, cette défaite nous a fait très mal. On a déçu tout un peuple et cela ne doit plus se reproduire. Cet échec est tombé au bon moment, car on n’était pas encore descendus de notre nuage de Mondialistes. On était toujours dans l’euphorie de la Coupe du monde. Maintenant, on va se remettre à la besogne et ce sera une autre page blanche qui sera ouverte pour l’équipe nationale.
– Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a promis une révolution après l’humiliante défaite concédée face à la sélection marocaine, n’interprétez-vous pas cela comme une menace contre certains cadres de l’EN ?
– Non, du tout. C’est la loi du football, celui qui est en forme sera sélectionné et celui qui ne l’est pas cédera sa place. Etre en sélection, c’est défendre les couleurs du pays et il est impératif l’intérêt général prime. Me concernant, je continuerai à travailler d’arrache-pied pour être encore plus performant.
– Les responsables de l’EN feront certainement appel à de nouveaux joueurs, d’autant que Raouraoua a fait allusion à cela lors de son intervention vendredi dernier sur la Chaîne III en déclarant qu’un nouveau cycle débutera pour l’équipe nationale…
– Les portes de l’EN sont ouvertes à tous les joueurs capables d’apporter un plus. Je dirais qu’ils seront les bienvenus. C’est une nouvelle page qui s’ouvre. On doit se reconsidérer car en football, il n’y a de places que pour les performants. Raison pour laquelle je vous dis que la défaite face au Maroc tombe au bon moment.
– Le futur sélectionneur des Verts sera un étranger selon le président de la FAF…
– C’est le président de la FAF qui décide. Quelle que soit l’identité de celui qu’il engagera, nous, les joueurs, on se contentera de faire notre travail sur le terrain. On doit tirer des leçons de ce qui s’est passé à Marrakech.
– Ne croyez-vous pas qu’il vaille mieux préparer la CAN de 2013 et le Mondial de 2014 dès maintenant, vu que vous n’avez aucune chance de vous qualifier pour la CAN 2012 ?
– Je ne suis pas d’accord avec vous lorsque vous dites que nos chances de se qualifier à la CAN 2012 sont inexistantes. Il nous reste encore deux matches et on ne sait pas ce qui va se passer lors des deux dernières journées des éliminatoires. Cela dit, on garde toujours l’espoir de décrocher le billet qualificatif pour la prochaine coupe d’Afrique et on défendra crânement nos chances.
– On ne cesse de s’interroger sur votre prochaine destination, pouvez-vous nous édifier ?
– Je ne suis pas encore fixé sur mon avenir. Actuellement, je suis en vacances et je prendrai le temps nécessaire avant de trancher sur ma prochaine destination.
– On sait que vous avez des offres au Qatar, en Turquie et certains parlent même d’Arsenal, qu’en est-il au juste ?
– C’est vrai que j’ai des offres émanant de clubs turcs et qataris, mais pour l’équipe nationale, je privilégierai le challenge sportif. Cela dit, pour être compétitif et rester toujours au top, j’opterai pour un club ambitieux.
– Quand allez-vous être fixé sur votre avenir ?
– Je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que le challenge sportif est important pour moi.
– Saviez-vous que Mourad Meghni a officiellement opté pour Oum Salal ?
– Oui, je suis au courant de son choix. Mourad est un cas particulier. Il est resté inactif plus d’une année et il avait besoin d’un club pour rebondir. Il lui faut du temps de jeu pour revenir à son meilleur niveau. Je comprends parfaitement ses motivations.
– On a parlé de 4 joueurs ayant découché 48 heures avant le match face au Maroc et que Ziani aurait sermonnés…
– Je ne suis pas au courant. Je n’aime pas entrer dans ces considérations.
– Votre message aux supporters des Verts qui n’arrivent toujours pas à oublier la débâcle de Marrakech…
– Tout d’abord, on leur demande pardon. On n’a pas été à la hauteur de leurs attentes, mais on fera tout pour nous ressaisir à l’avenir. On va travailler d’arrache-pied pour laver l’affront de Marrakech.
N. B.
