Quelle dimension a prise le phénomène des vacances dans notre société ? Entre les traditionnels congés ou vacances scolaires qu’on passe à la maison ou au bled, le séjour en famille ou avec des amis dans un hôtel, un appartement de location ou un camping, le séjour à l’étranger chez des amis ou de la famille ou dans une résidence ou un hôtel, en recourant à une agence de voyages ou non, où se situe la majorité des Algériens ? Qui a recours à quelle formule ?
Le sondage réalisé par ECOtechnics permet de répondre à toutes ces questions. Il a été réalisé du 5 au 15 juillet auprès d’un échantillon représentatif de la population algérienne de 18 ans et plus.
L’échantillon était de 1200 individus. Les variables de quotas étaient la région, le niveau d’instruction, les tranches d’âge, le genre et le milieu de résidence. L’échantillon était réparti sur 24 wilayas.
Ceux qui partent de chez eux … et ceux qui restent. Le mot vacances a d’abord désigné la période de repos des étudiants et des scolaires et ensuite celle des travailleurs, le congé.
Avec les déplacements fréquents des personnes durant ces périodes, il a fini par acquérir le sens de «périodes où les personnes se déplacent pour se reposer».
Mais la population des «preneurs» de vacances, les vacanciers, s’est élargie aussi. Les vacanciers se retrouvent dans toutes les catégories : travailleurs, étudiants, retraités, femmes au foyer… et non plus seulement chez les travailleurs ou les étudiants et les scolaires.
Notre première question était donc destinée à séparer ces différentes catégories. Sur les 24,6 millions d’Algériens de 18 ans et plus en juillet 2010 :
– plus de la moitié, soit 12,7 millions n’ont pas pris de vacances au cours de l’été 2009 et sont restés chez eux.
– 4.2 millions ont pris des vacances tout en restant chez eux.
-7,6 millions déclarent avoir pris des vacances et sont partis de chez eux. Nous nous intéresserons plus particulièrement à cette dernière catégorie, mais regardons d’abord de plus près les deux autres catégories.
Les 12,7 millions d’Algériens qui ne sont pas partis en vacances et sont restés chez eux : on y retrouve ainsi 76% des femmes au foyer, 80% des retraités et 72% des chômeurs.
Les travailleurs permanents sont 40% à ne pas avoir pris de vacances et être restés chez eux, les travailleurs occasionnels 60%, et les étudiants 20%.
La catégorie des personnes ayant pris des vacances mais qui sont restées chez elles est constituée essentiellement de travailleurs et d’étudiants. On y retrouve 25% des travailleurs permanents, 10% des travailleurs occasionnels et 31% des étudiants.
Au total, on retrouve, répartis entre les deux catégories précédentes, 65% des travailleurs permanents, 70% des travailleurs occasionnels et 51% des étudiants.
On se retrouve donc avec des nombres de personnes restées chez elles, quoique significativement différents de ceux qu’on a constatés pour les retraités et les femmes au foyer ou les chômeurs, qui en sont quand même relativement proches, sauf peut-être pour les étudiants
Les 7,6 millions d’Algériens qui ont pris des vacances et qui sont partis de chez eux sont en grande partie des gens qui ont une occupation permanente. Ainsi, 40% de cette catégorie sont travailleurs permanents. Les étudiants, eux, sont représentés dans une proportion de 17%
Les autres catégories en constituent 43%, dont 20% seulement pour les femmes au foyer. Comme on le voit donc, il ne s’agit pas seulement de ceux qui partent en congé du travail ou des études. Parmi ces derniers, ceux qui partent de chez eux ne sont pas majoritaires comme on l’a vu.
Les vacances de ceux qui partent : Vive la mer et…la Tunisie
La minorité de ceux qui partent à l’étranger : 5% des Algériens adultes et 16% de ceux qui prennent des vacances. 31% des Algériens adultes, soit 7,6 millions de personnes, sont partis de chez eux pour des vacances au cours de l’été 2009. Ce chiffre ne comprend pas les moins de 18 ans. 6,3 millions sont partis de chez eux, mais sont restés en Algérie et près de 1,2 million sont partis à l’étranger.
Près de 70% partent en famille
Que ce soit pour l’étranger ou d’autres localités du pays, les Algériens partent rarement seuls. La norme est de partir en famille ou avec des amis ou des collègues
L’hébergement : pour la majorité, par la famille ou des amis, aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Que l’on parte à l’étranger ou qu’on reste en Algérie, le moyen d’hébergement le plus fréquent est l’hébergement par des amis ; vient ensuite la location d’appartement. Le camping est pratiqué exclusivement en Algérie
Si l’hôtel est le deuxième moyen d’hébergement lorsque les Algériens vont à l’étranger, il est par contre relativement peu pratiqué en Algérie
Les activités : plus de visites de sites et de spectacles lorsqu’on va à l’étrange
Les activités durant les vacances sont assez similaires, que l’Algérien parte à l’étranger ou reste en Algérie, sauf qu’à l’étranger il s’adonne beaucoup plus aux spectacles et aux visites de sites touristiques.
Mais, en Algérie ou à l’étranger, les deux activités dominantes sont les promenades et les soirées familiales ou entre amis. A l’étranger s’ajoutent les spectacles et les visites de sites touristiques. Ces deux dernières activités existent aussi en Algérie, mais beaucoup moins fréquemment que chez ceux qui partent à l’étranger. Les autres activités recueillent des scores beaucoup moins élevés (sport, lecture).
Les pays visités : la palme à la Tunisie… et de très loin
Le pays le plus visité en 2009 était la Tunisie qui a reçu 73,4% des Algériens de plus de 18 ans partis à l’étranger durant l’été 2009.
Leur nombre a été de 785 000. S’y ajoutent évidemment les enfants âgés de moins de dix-huit ans dont le nombre peut être assez important compte tenu du fait qu’une proportion importante des Algériens prennent leurs vacances en famille. Très loin derrière vient la France avec 11,6% (125 000 personnes de plus de 18 ans), et ensuite le Maroc (5,6%).
Viennent ensuite différents pays comme Dubaï, l’Egypte, l’Italie, l’Espagne, etc. mais avec des effectifs relativement modestes (entre 15 000 et 40 000 personnes).
Les recours aux agences de voyages : ce n’est pas encore l’engouement
Les Algériens recourent assez peu aux services des agences de voyages. C’est le cas pour les séjours à l’intérieur du pays où un nombre infime y a recours, un peu plus de 20 000. Le nombre est dix fois plus important pour les séjours à l’étranger (un peu moins de 220 000, soit 20% environ des adultes partis à l’étranger durant l’année 2009.
Le budget des vacances :
25 500 DA de dépense moyenne en Algérie et plus de 95 000 DA à l’étranger. La dépense moyenne au cours du séjour apparaît relativement modeste. Pour les séjours en Algérie, elle correspond à peu près au salaire mensuel moyen net. Cette dépense a été de 25 554 DA.
Mais elle diffère assez fortement selon que la personne soit partie seule ou en famille ou en groupe. Elle est d’un peu plus de 22 000 DA lorsqu’une personne part seule, de près de 20 000 DA lorsqu’une personne part avec des amis et enfin, d’un peu plus de 28 000 DA lorsque la personne part en famille. Ces écarts restent valables quelles que soient les modalités d’hébergement.
Les dépenses les plus élevées apparaissent pour ceux qui ont séjourné à l’hôtel avec 42 000 DA en moyenne, vient ensuite la dépense de ceux qui ont loué un appartement, avec un peu plus de 28 000.
Le camping et le séjour chez de la famille sont les moins chers avec 24 000 et 22 000 respectivement. Les dépenses pour les séjours à l’étranger sont entre trois et quatre fois plus chères et reproduisent et apparaissent dans le même ordre de cherté que celles passées en Algérie : les plus chères quand elles sont passées en famille, ensuite seul et enfin avec des amis ou collègues.
La moyenne est de 95 700 DA. Lorsque la personne part seule, elle s’établit à respectivement 83 000 DA, en famille à 107 800 DA et enfin avec des amis à 63 600 DA.
Les vacances de 2010 : écourtées par le Ramadhan… mais sans changement majeur de tendance
Durant la première quinzaine de juillet 2010, environ 6,9 millions d’Algériens avaient déjà pris leurs vacances ou envisageaient de le faire, ceci à un autre endroit que chez eux. Un peu moins de 300 000 étaient encore indécis
Sur les 16 millions qui n’allaient pas prendre de vacances, pour 12,5 millions c’était par manque de moyens, 300 000 environ parce qu’ils ne voulaient pas les passer en Algérie, et enfin 3,5 millions pour d’autres raisons, le plus souvent professionnelles ou familiales. Pour ceux qui étaient partis ou l’envisageaient, pour 5,8 millions c’était pour des séjours en Algérie et pour 1,1 million des séjours à l’étranger.
Notons que le nombre total de ceux qui sont partis de chez eux ou envisageaient de le faire (6,9 millions d’adultes) est inférieur à celui de 2009 (7,6 millions), probablement en raison du fait qu’une bonne partie de l’été a coïncidé avec le mois de Ramadhan.
Sur les 6,9 millions qui étaient partis ou voulaient partir de chez eux, 4,4 millions étaient partis aussi de chez eux en 2009. Ceci veut dire que les personnes qui partent en vacances ne le font pas systématiquement chaque année.
Seuls 4,9 millions d’Algériens adultes disent qu’ils ont les moyens de partir en vacances chaque année. Mais ce n’est pas seulement partir en vacances qui est alterné : environ 200 000 personnes qui ont passé leurs vacances en Algérie l’année passée veulent partir à l’étranger cette année et près de 400 000 personnes qui ont passé leur vacances à l’étranger l’année passée veulent les passer cette année en Algérie.
Enfin, 425 000 adultes environ ont passé leurs vacances à l’étranger en 2009 et vont encore les passer à l’étranger cette année, alors qu’un peu plus de 3 millions les ont passées en Algérie et vont de nouveau les passer en Algérie.
Ceux qui étaient partis ou le voulaient pour un autre endroit en Algérie : le littoral, destination favorite, avec Bejaïa qui arrive en premier
Les 5,8 millions d’Algériens qui partent de chez eux tout en restant en Algérie vont prioritairement sur la côte. Un nombre réduit de wilayas de la côte a leur faveur. Béjaïa arrive en premier avec près de 21%, viennent ensuite Oran (15%), Jijel (9%) et enfin Alger (8%). Il faut attendre la douzième wilaya par ordre d’importance du flux qui s’y dirige pour voir apparaître une wilaya de l’intérieur (Sétif avec 1,4%).
Ceux qui partent à l’étranger : la Tunisie, mais la Turquie arrive rapidement
Cette année encore, la Tunisie va conserver son titre de destination la plus prisée des Algériens avec 63% des vacanciers algériens (adultes) à l’étranger. Mais elle perd quand même 10 points par rapport aux 73% de l’année passée.
Ces dix points ont été récupérés entièrement par la Turquie qui devient la deuxième place avec plus de 11% et qui supplante ainsi la France dont la part passe de 12% à 7%.
Enfin, le Maroc baisse aussi, passant de 6% à 4%. Qatar (4%) reprend la place de Dubaï en 2009. Le reste des destinations (Espagne, Italie, Allemagne…) continue à attirer une frange de la population plutôt réduite.
Ce sont les mauvaises préstations touristiques nationales qui éloignent les algériens
Si les Algériens partent à l’étranger, ce n’est pas parce qu’ils estiment qu’ils connaissent bien leur pays. Interrogés à ce sujet, ceux qui envisageaient de partir à l’étranger en 2010 avaient répondu à la question par la négative. C’est-à-dire que 75% d’entre eux n’estimaient pas connaître suffisamment l’Algérie.
En dehors de la connaissance d’autres pays et d’autres cultures ou de visites familiales, c’est aussi une attitude critique vis-à-vis de l’offre touristique nationale qui amène une importante proportion des Algériens (plus de 50% de ceux qui passent leurs vacances à l’étranger) à partir à l’étranger. Ceci se voit d’ailleurs très bien dans les activités auxquelles s’adonnent les Algériens à l’étranger qui sont presque en tous points identiques à celles qu’ils pratiquent en Algérie.
Les activités : peu de sport et de lecture, beaucoup de promenades et de soirées en famille, plus de visites de sites et de spectacles à l’étranger
Les activités prévues sont en tous points identiques à ce que les Algériens ont fait en 2009 : les activités sportives et la lecture ne sont pas leurs activités favorites.
Cela intéresse un peu moins de 15% de la population dans les deux cas. Les promenades (93% et 99% respectivement en Algérie et à l’étranger) et les soirées familiales ou entre amis (83% et 77% respectivement) recueillent le plus de suffrages. Les deux populations se différencient par une appréciation plus importante des sites touristiques à l’étranger (70% contre 92%) et surtout des spectacles (41% contre 81%).
Les dépenses pour les vacances : en augmentation par rapport à 2009
Dans la plupart des cas, le budget vacances reste relativement modeste en tenant compte du caractère exceptionnel que revêt cette période où on peut et n’hésite pas à se payer quelques extras.
Lorsque les vacances se passent en Algérie, plus de 80% dépensent moins de 45 000 DA. La moyenne est d’un peu moins de 30 000 DA, en assez nette augmentation par rapport aux 25 500 DA effectivement dépensés en 2009.
Les dépenses à l’étranger sont beaucoup plus importantes puisque pour près de 50%, elles dépassent les 120 000 DA. La moyenne est de 100 400 DA. En augmentation aussi par rapport à ce qui a effectivement été dépensé en 2009 (95 700 DA).
Les dépenses à l’étranger font nettement apparaître deux catégories dans la population des Algériens passant leurs vacances à l’étranger : celles dépensant moins de 120 000 DA et celles dépensant plus de 120 000 DA. Les deux populations sont pratiquement d’égale importance.