C’est vérifié à deux reprises sur deux rames différentes, le dispositif d’annonce automatique des stations a bel et bien été mis hors service. Pourquoi? Pour réponse, le personnel du tramway donne deux versions. La première : « certains conducteurs procèdent volontairement à sa désactivation car au fil du temps, il est devenu une source de nuisance sonore selon eux ». La seconde : « c’est suite à une demande insistante des usagers, ils s’en plaignent pour les mêmes raisons ». Ce dispositif a été pourtant installé pour une finalité nécessaire : l’information de l’usager. En conséquence, tant pis pour les usagers distraits. Ils doivent dorénavant être bien éveillés et vigilants à toute épreuve pour ne pas rater leur destination. Mais le pire, c’est que le tramway n’est pas destiné uniquement aux Oranais. Oran étant la deuxième ville du pays, des citoyens des quatre coins du territoire national comptent parmi ses visiteurs. Ils utilisent sans nul doute ce moyen de transport. Sans l’assistance vocale, et sans aucun autre moyen de visibilité de nature similaire, le risque de les voir louper leur destination est bien réel. Ils seront dans ces conditions obligés de procéder à tâtons, ou chercher de l’aide en permanence chez les usagers habitués. Il y a lieu de signaler, par ailleurs, que ce défaut d’information dans les rames n’est pas le seul indice donnant à voir un tramway en proie à des signes de déclin. Jeudi passé, sous nos yeux, à l’arrêt de la rame, une dame a appuyé sur le bouton d’une porte située du mauvais côté. A la surprise générale, celle-ci s’est ouverte et la dame a failli descendre sur les rails et finir écrasée par la rame venant en sens inverse. Un défaut avéré de verrouillage des portes situées sur le côté gauche lors du changement de sens de la rame. Heureusement, la vigilance des passagers a évité le pire. Mais, soit dit en passant, des passagers pas tous honnêtes, tous les jours. Payer pour prendre le tramway ne semble pas aussi être une culture bien ancrée chez tout citoyen. C’est sans doute la raison qui a fait que la procédure de validation du titre de transport retenue initialement soit abandonnée. « L’actuelle procédure impose que le ticket soit utilisé dans les 20 minutes qui suivent son achat. Au-delà, il n’est plus valable, l’usager est obligé d’en acheter un autre », nous a-t-on expliqué au niveau des guichets. Mais encore, « cette procédure n’est pas sans faille », nous confie un contrôleur. Pour rappel, enfin, le tramway d’Oran est entré en service le 1er mai 2013. Il assure un service public quotidien de 5h00 à 23h00 sur une distance de 18,7 kilomètres, entre Sidi Maârouf et Es-Senia. Selon le site Internet de la SETRAM, il emploie 30 rames climatisées de 33 mètres de longueur, avec une capacité de 310 voyageurs par rame dont 48 places assises. Depuis sa mise en service, il a parcouru plus de 2,7 millions km et transporté plus de 25 millions d’Oranais. Il a également participé à créer plus de 1000 emplois directs et indirects.
Le citoyen qui emprunte régulièrement le tramway pour ses déplacements quotidiens dans la ville d’Oran aura certainement remarqué que celui-ci est devenu « muet ». A jamais peut-être, qui sait ? En effet, c’est dans un silence pesant que les rames frayent aujourd’hui leur chemin à travers la ville, entre Sidi Maârouf et Es-Senia. L’annonce vocale des stations fait désormais partie du passé. Seule l’alarme sonore qui précède la fermeture automatique des portes et le départ de la rame demeure encore opérationnelle, sécurité des passagers oblige.
Mokhtar Aicha