S’il a suscité un vent d’espoir chez les peuples de la région, de l’admiration même auprès de la jeunesse européenne et dont on voit une forme de réplique chez les “indignés” espagnols, le “Printemps arabe” n’en charrie pas moins quelques inquiétudes auprès des puissances occidentales.
à commencer par les états-Unis d’Amérique, préoccupés par le risque de voir ces révolutions profiter à l’une des succursales du terrorisme international : Aqmi, en l’occurrence.
“L’importance de situer les efforts américains contre le terrorisme dans un large cadre des politiques étrangère et sécuritaire, est soulignée par les transformations qui se déroulent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dont le plein impact, y compris pour nos efforts contre le terrorisme, est en train de prendre forme”, a affirmé avant-hier, devant le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité de l’ONU, le coordonnateur américain de la lutte contre le terrorisme au département d’état,
M. Daniel Benjamin.
Estimant que ces bouleversements politiques à travers les pays de la région Mena sont prometteurs en matière de démocratie, M. Benjamin dont les propos ont été rapportés par l’agence APS a prévenu, toutefois, que “certains dangers ne peuvent être ignorés”. “Ces agitations politiques ont distrait les services de sécurité dans un certain nombre de pays”, a-t-il expliqué. Et s’il est un pays qui ne cesse de turlupiner les capitales occidentales, c’est assurément la Libye de Kadhafi dont la situation emprunte par certains aspects à l’Irak. Les états-Unis, dont un haut officier vient d’avouer publiquement que l’Otan est dans l’impasse en Libye, n’ont pas dissimulé leur “préoccupation à la fois pour le transit des terroristes à la lumière de l’instabilité en Libye, et à la menace posée par la circulation des armes qui étaient auparavant sous contrôle du gouvernement libyen”. Selon Daniel Benjamin, “les groupes terroristes seront tentés d’exploiter la situation pour commettre des actes de conspiration”. “Les états-Unis savent que ces crises politiques à travers les pays de la région ont attiré l’attention d’Al-Qaïda qui cherche à s’y insinuer”, a-t-il encore assuré. Une perspective qui ne sera pas sans conséquence sur la stabilité des pays de la région.
“Les conspirations terroristes pourraient avoir des implications perturbatrices significatives pour les états qui font face aux défis et à des transitions démocratiques difficiles”, soutient Daniel Benjamin. Lui dont le séjour en mars dernier en Algérie lui a permis de mieux “appréhender la situation” a appelé le Conseil de sécurité à se pencher sur le versement de rançons à Aqmi. “Aucun groupe terroriste n’est aussi notoirement connu qu’Aqmi en matière d’enlèvement contre rançon et qui est devenu l’une des sources principales des revenus pour les groupes liés à Al-Qaïda”. “Les états-Unis encouragent vivement le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité à se concentrer davantage sur cet aspect de la menace terroriste, qui s’étend au-delà d’Aqmi”.
Washington vient ainsi, après Londres, d’apporter un appui non négligeable à l’Algérie, inspiratrice d’une clause dans une résolution de l’ONU criminalisant le paiement de rançons aux terroristes en contrepartie de la libération des otages.