Mohamed Abdelaziz a été reçu par Ban Ki-moon
Après la visite qui a conduit le président sahraoui à Washington puis à New York, les Américains ont appelé le Maroc et le Front Polisario à se mettre autour de la table afin de parvenir à une solution définitive.
Les Etats-Unis encouragent les deux parties (Front Polisario et Maroc, Ndlr) à «travailler avec le Secrétaire général des Nations unies et son envoyé spécial pour une solution acceptée par les deux parties, crédible et durable», a indiqué Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères chargée des Affaires politiques lors d’une conférence de presse qu’elle a animée le 16 juin à Alger. Une déclaration qui intervient quelques jours seulement après la visite qui a conduit le président sahraoui à Washington puis, New York, qualifiée de «réussie» par le Front Polisario.
Le président de la République et secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, «a eu plusieurs entretiens avec des responsables de l’administration et du Congrès américains ainsi qu’avec le Secrétaire général de l’ONU, son envoyé spécial au Sahara occidental, le président du Conseil de sécurité et plusieurs représentants permanents de pays européens et africains» a souligné un communiqué du bureau du secrétariat national du Front Polisario qui a sanctionné les travaux d’une réunion tenue dimanche à Chahid Elhafedh. «Ces parties ont… exprimé leurs préoccupations face à l’escalade des violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, appelant à la protection et la surveillance des droits de l’homme dans le territoire, tel qu’énoncé dans le récent rapport du Secrétaire général de l’ONU», a ajouté la même source. Si le Maroc a mis en sourdine la question sahraouie qu’il considère par ailleurs comme sacrée, il n’a nullement renoncé à sa politique de répression dans les territoires occupés malgré les nombreux rapports qui ont fait état de la pratique de la torture. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, qui avait séjourné au Maroc et au Sahara occidental entre les 15 et 22 septembre 2012, avait mentionné l’usage de cette pratique. «Il ne devrait pas être surprenant que des actes équivalant à la torture soient commis à l’occasion d’événements particulièrement intenses, tels que des grandes manifestations…», avait révélé Juan Mendez, lors de la conférence de presse qu’il avait animée à Rabat à la fin de sa mission. Une délégation du Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’homme (RFK Center), qui avait séjourné au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis du 25 au 31 août 2012, avait, de son côté, fait part dans un document rendu public, de cas de disparitions, de torture, de détentions arbitraires, de menaces, d’exécutions extrajudiciaires par les forces d’occupation marocaines. Plus récemment, un sit-in pacifique organisé (le 16 juin) par des manifestants sahraouis à El Ayoun occupée, en marge de la conférence internationale de soutien à la résistance pacifique de la femme sahraouie, qui ont exprimé leur rejet de l’occupation marocaine du Sahara occidental et revendiqué le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, ont été sauvagement réprimés par les forces d’occupation marocaines. Des événements qui n’indiquent pas que le Makhzen est prêt à assouplir sa position. A moins que les Américains qui ont, d’une part, proposé de confier la surveillance des droits de l’homme aux Casques bleus de l’ONU à la veille du renouvellement du mandat de la Minurso, et d’autre part, adopté, en 2011, une loi qui conditionne l’octroi de l’aide militaire américaine au Maroc au respect des droits de l’homme au Sahara occidental ne reviennent à la charge. Ce qui semble en prendre le chemin.