Les USA accusent de dumping et imposent une taxe immédiate de 127 % sur un produit algérien

Les USA accusent de dumping et imposent une taxe immédiate de 127 % sur un produit algérien
Les USA imposent une taxe de 127% sur le fer de béton algérien

Les exportations algériennes de fer à béton se retrouvent dans le viseur des autorités américaines, sur fond d’accusations de « pratiques commerciales jugées déloyales ». Les États-Unis ont appliqué une taxe antidumping de 127 % sur ce produit, suite à une enquête préliminaire estimant que le fer à béton importé pourrait être vendu à un prix inférieur à sa juste valeur.

Une décision préliminaire du Département du Commerce des États-Unis vient d’ouvrir un nouveau front commercial, avec une mesure lourde de conséquences pour l’un des piliers des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie.

Fer à béton algérien : une taxe antidumping immédiate de 127 % imposée par les États-Unis

Le Département du Commerce des États-Unis estime que les importations de fer à béton algérien se vendent à des prix « injustement bradés » sur le marché américain. Sur cette base, il applique immédiatement une taxe antidumping de 127 % aux produits concernés.

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Cette mesure reste toutefois provisoire. Car le Département du Commerce doit rendre sa décision finale à l’issue de l’enquête, prévue dans environ 75 jours. Commercial Metals (CMC), groupe américain spécialisé dans la production, le recyclage et la distribution de produits sidérurgiques, dont les barres d’armature et l’acier long, a annoncé cette décision vendredi 19 décembre.

Selon CMC, cette procédure fait suite à une plainte déposée en juin dernier par plusieurs acteurs de l’industrie sidérurgique américaine. Qui affirment avoir subi un préjudice lié aux importations de fer à béton en provenance d’Algérie. Mais aussi de Bulgarie, d’Égypte et du Vietnam.

Une offensive menée par l’industrie sidérurgique américaine

À l’origine du dossier, deux requêtes ont été déposées en juin par la Rebar Trade Action Coalition (RTAC), une coalition industrielle représentant les fabricants américains de fer à béton. Ces démarches portent à la fois sur des mesures antidumping et des droits compensateurs.

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La RTAC accuse notamment les gouvernements algérien, égyptien et vietnamien d’accorder des subventions jugées passibles de sanctions. L’organisation affirme que « les importations de barres d’armature en provenance d’Algérie, de Bulgarie, d’Égypte et du Vietnam sont vendues aux États-Unis à un prix inférieur à leur juste valeur ».

Les autorités visent un large éventail de produits, les barres d’armature en acier, quelle que soit leur composition, longueur ou diamètre. Sont également concernés les produits transformés, que ce soit dans le pays d’origine ou dans un pays tiers, incluant notamment :

  • La découpe
  • Le moulage
  • La galvanisation
  • La peinture
  • Le revêtement ou tout autre traitement

Un calendrier d’enquêtes encore étalé sur plusieurs mois

Les procédures engagées par les autorités américaines ne s’arrêtent pas à cette première décision. Selon les précisions apportées par Commercial Metals, d’autres échéances sont déjà fixées.

Les décisions préliminaires concernant les droits compensateurs visant l’Algérie, l’Égypte et le Vietnam sont attendues en janvier 2026. Les enquêtes antidumping concernant l’Égypte, le Vietnam et la Bulgarie devraient, quant à elles, aboutir en mars 2026.

Dans ce contexte, le PDG de Commercial Metals, Peter Matt, a salué l’action du Département du Commerce. « Je tiens à remercier le Département du Commerce pour sa défense du commerce équitable », a-t-il déclaré. Estimant que cette décision permet de protéger « les aciéries nationales et, plus important encore, les hommes et les femmes travailleurs » face à des pratiques qu’il qualifie de « perturbatrices et déloyales ».

Le marché américain : un débouché important, mais déjà en recul

Ces dernières années, les États-Unis ont constitué un marché majeur pour les producteurs algériens d’acier. L’année 2023 avait marqué un sommet avec 485 000 tonnes d’acier algérien exportées vers ce pays. En 2024, ce volume est retombé à 100 000 tonnes, signalant déjà un net ralentissement.

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Le fer à béton figure parmi les produits phares des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie. L’instauration d’une taxe antidumping aussi élevée pourrait toutefois réduire fortement la compétitivité des producteurs algériens sur le marché américain.

Deux acteurs dominants du secteur, Tosyali Algérie et Algerian Qatari Steel (AQS), risquent de perdre des parts de marché. Néanmoins, le marché américain ne représente pas leur seul débouché.