Dans l’attente d’un avion hypothétique
Le ministre français des Transports a réuni, hier, des représentants de l’ambassade d’Algérie en France et de la compagnie Air Algérie pour tenter de mettre fin au calvaire de milliers d’Algériens bloqués dans les aéroports français.
Y a-t-il un pilote dans l’avion? Y a t-il un ministre des Transports en Algérie? Depuis le début de la grève provoquée par les hôtesses et les stewards d’Air Algérie, Amar Tou s’est muré dans un silence qui en dit long sur sa méthode de gestion des conflits. Les passagers d’Air Algérie, qui sont pris en otage depuis plus de soixante-douze heures, sont en majorité des Algériens qui doivent rentrer au pays pour rendre visite à leurs familles. Certains d’entre eux sont atteints de maladies chroniques (diabéte, asthme…). Une des victimes de cette véritable épreuve qui se trouve prise au piège à l’aéroport de Bordeaux, a joint L’Expression par téléphone et a tenu à livrer son témoignage. «Je suis très inquiet pour mon fils âgé d’à peine trois ans qui doit se faire transfuser parce qu’il est atteint d’une anémie sévère…», nous a confié Abd el Kader dans un pathétique SOS…Combien de personnes sont dans cette situation? Des dizaines certainement dont la vie ne dépend parfois que d’un petit rien. Amar Tou n’a vraisemblablement, pas pris en compte cet aspect du cauchemar vécu par ses concitoyens à la santé fragile. A moins qu’il ne les méprise! Un peu à la manière de ces stewards et hôtesses qui ont déclenché un mouvement de grève dont ils ne maîtrisent plus les conséquences. Le conflit peut se transformer en problème humanitaire. Vraisemblablement il est question de vies en danger. Le tourment bascule vers la crise de nerfs. Les télévisions étrangères, les radios et la presse écrite internationale font leurs choux gras des malheurs des passagers d’Air Algérie. «On veut un avion, on veut un responsable!» scandaient des voyageurs à l’aéroport d’Orly rapporte le journaliste de l’AFP. Alors que d’autres affichaient une pancarte où l’on pouvait lire: «Les enfants d’Algérie bloqués par les mannequins d’Air Algérie». Antenne2, TF1, France 24…ont relayé ces images de détresse qui ont mis à mal l’image d’une Algérie où se sont succédé tout récemment, des ministres et des hommes politiques de haut niveau des quatre points de la planète. La capitale algérienne, qui est devenue la plaque tournante de ces invités de marque venus chercher l’appui de l’Algérie pour trouver des issues à des crises qui secouent le monde, risque d’être affectée à cause de l’irresponsabilité affichée par le premier responsable du secteur si névralgique des transports.
Le conflit a viré au cauchemar et le nouveau P-DG d’Air Algérie, qui a pris les rênes d’une entreprise qui donne l’impression de prendre l’eau de toutes parts, semble avoir été lâché par son ministre de tutelle. Un coup bas peut-être? Une méthode qui est devenue une culture lorsque l’on veut enfoncer quelqu’un. Ce n’est pas la préoccupation immédiate des passagers d’Air Algérie qui ne savent plus à quel saint se vouer. La grève a pris des allures d’affaire d’Etat, qui s’est muée pratiquement en affront. Les autorités françaises ont pris à bras-le-corps le calvaire subi depuis maintenant plus de trois jours par les passagers d’air Algérie. Thierry Mariani a fait la leçon à Amar Tou! Le ministre français des Transports a réuni, hier, des représentants de l’ambassade d’Algérie en France, de la compagnie Air Algérie, des aéroports de Paris et des services de l’Etat pour tenter de mettre fin au cauchemar de milliers de passagers bloqués dans les aéroports français. Au cours de cette réunion, il «a insisté sur les obligations de la compagnie (algérienne Ndlr) envers ses clients, notamment le devoir d’assurer l’information la plus complète aux passagers afin, notamment d’éviter qu’ils ne se rendent inutilement dans les aérogares», a indiqué un communiqué du ministre français des Transports qui a exhorté la compagnie nationale à mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour mettre fin au cauchemar de ses voyageurs. Air Algérie doit «mettre en oeuvre tous les moyens alternatifs d’acheminement que ce soit par les airs ou par d’autres modes (train, bus ou bateau) à destination de l’Algérie», a demandé Thierry Mariani.
La grève déclenchée par le personnel commercial naviguant d’Air Algérie a fait tourner en dérision les responsables de haut niveau de la compagnie. A commencer par le premier d’entre eux. Amar Tou n’a pas pipé mot depuis que le conflit larvé qui couvait entre le personnel gréviste et la direction d’Air Algérie se soit transformé en pagaille indescriptible qui a écorné au passage l’image d’une Algérie qui a souffert le martyre pour regagner sa place sur l’échiquier international. Une claque qu’il doit pleinement assumer.
