Dans le sillage des troubles qui frappent le Monde Arabe, les manifestations contre le régime d’El Kadhafi en Libye ont propulsé le pétrole au-delà de 105 dollars le baril. Aussi, la proximité géographique de la Libye avec les producteurs du pétrole et du gaz a eu a fortiori un impact important sur l’essor des prix. BP a déclaré avoir suspendu ses préparatifs de forage en Libye, au moment où le groupe pétrolier autrichien OMV a annoncé l’évacuation de son personnel.
Pour sa part, le japonais JV Nippon Oil &Gas Exploration a ordonné au directeur de son bureau de Tripoli de regagner le Japon. Au coté de Bahrïen, un deuxième membre de l’Opep est sous pression populaire, ce qui a un impact sur les productions du cartel, dont les pays arabes connaissent une monté de révoltes. Hier, le baril de pétrole a grimpé audessus de 105 dollars, à Londres, battant le record de la fin septembre 2008. Alors que les troubles en Libye menacent de perturber les exportations de l’or noir, le contrat à terme sur le pétrole brut américain a progressé de plus de trois dollars.
Comme à l’accoutumée, sur les marchés pétroliers, la réaction est immédiate. Dans les échanges asiatiques, le baril de «Light Sweet Crude», pour livraison en mars, gagnait 1,13 dollar à 87,33 dollars. Quant au Brent de la Mer du Nord pour livraison en avril, il prenait 2,5 dollars à 105 dollars. Un plus haut depuis septembre 2008. D’après Victor Shum, analyste à Singapour, cité par Reuters, «le principal facteur (de cette envolée) est la situation de troubles au Proche-Orient». Et d’ajouter que «la Libye est un membre de l’Opep et bien que sa production pétrolière soit modeste à l’échelon mondial, le pays est à proximité des principaux fournisseurs d’or noir de la planète».
AU BORD DE «LA GUERRE CIVILE»
D’après des observateurs, la Libye est au bord de la guerre civile et les tensions montent au Bahreïn, également un pays de l’OPEP. Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, se battra jusqu’au bout contre les tentatives de renversement de son régime, a prévenu lundi l’un de ses fils, alors que la contestation a gagné pour la première fois la capitale Tripoli.
Aussi, la production était stoppée sur le champ pétrolier de Nafoura en raison d’une grève du personnel, a rapporté la chaîne Al Djazira sans donner plus de détails. Dans un communiqué, BP a déclaré avoir suspendu ses préparatifs de forage en Libye, ajoutant qu’ils étaient à un stade peu avancé et que la production de gaz et de pétrole n’a pas encore débuté sur ce site.
Le groupe pétrolier et gazier autrichien OMV a annoncé de son côté l’évacuation de son personnel de Libye et le japonais JV Nippon Oil & Gas Exploration a ordonné au directeur de son bureau de Tripoli de regagner le Japon. A la prise du pouvoir du colonel Kadhafi, en 1969, les compagnies pétrolières, pour la plupart américaines, produisaient des gisements libyens plus de 2 millions de barils par jour. Mais très vite, le numéro un libyen a nationalisé le pétrole, limité la production et créé la Compagnie nationale du pétrole (NOC). Puis après vingt ans d’isolement, la Libye a décidé d’organiser des enchères et d’y inclure des opérateurs étrangers.
Au terme, une quarantaine vont participer à quatre rounds d’attribution aux enchères de champs d’exploration. Objectif : porter la production de près de 1,8 mbj actuellement à 3 mbj en 2013 pour des investissements de l’ordre de 30 milliards de dollars. La Libye exporte la majorité de son pétrole vers les pays d’Europe, dont l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la France.
L’OR ET L’ARGENT PRENNENT DE L’ENVOL
Regain d’incertitudes oblige, les cours de l’or, valeur refuge par excellence, ont également progressé et se traitent actuellement tout près des 1400 dollars, à 1395,10 euros exactement (+1,8%), et de ses plus hauts historiques. Même tendance sur les cours de l’argent, qui ont atteint un record depuis trente ans.
K.Issam