Les trottoirs d’Alger subissent un assaut singulier de la part des entreprises de travaux publics
Les plus beaux trottoirs de la capitale ont été défigurés ces derniers temps par des entrepreneurs pas entreprenants.
S’attabler à la terrasse du café El Andalous, ou à la devanture des Ailes à la prestigieuse avenue Maurice Audin, devient hasardeux en ces journées pluvieuses.
En effet, alors que les trottoirs d’Alger subissent un assaut singulier de la part des entreprises de travaux publics, «les coins» les plus appréciés de la capitale n’échappent pas à l’offensive du marteau piqueur qui éventre, désormais, les accotés empruntés par la population. Aucune localité du Grand-Alger n’est épargnée par ce toilettage pour le moins singulier, d’autant que l’on n’a pas averti les habitants de ce «restylage» de dernière heure. Sans préjuger de la météo qui est plus que jamais capricieuse, l’on assiste à un véritable embourbement. D’aucuns diront que ce réflexe, finalement coutumier, qu’ont nos autorités publiques à vouloir épisodiquement remuer l’espace qui surplombe les caniveaux, devient énigmatique. D’autres affirmeront qu’elles s’inspirent en la matière de bien lumineuses théories de l’économie politique. Ainsi, et à en croire ces derniers, point d’ésotérisme à ce propos. Les responsables des communes ont, semble-t-il, recours à ce stratagème qui veut que l’on fasse et défasse cet espace public pour appliquer la fameuse théorie qui veut que l’on crée de l’emploi à partir de ces chantiers épisodiques. La vox populi préfère garder ses distances vis-à-vis de ces idées keynésiennes et accable les responsables de motivations moins doctes, moins élogieuses. Selon M. Tout-le-Monde, il ne s’agit là que d’un subterfuge de plus pour épuiser le budget des communes. Ainsi, est-il admis que ces dernières invoquent la réfection systématique des trottoirs à chaque fois qu’elles sont acculées à consommer un budget alloué. Quelle qu’en soit la raison, le piéton algérien fait les frais, au quotidien, de ces nuisances. Ainsi, bon gré malgré gré, le citoyen algérois subit continuellement l’atteinte à son droit de jouir d’un espace public confortable et sans stress. Nombre de médias et de chercheurs dénoncent encore cet état de fait et pour cause. A longueur d’année, que ce soit en hiver, en famille ou individuellement, les Algériens sont agressés dans cet espace public ouvert à tous. Un droit pourtant garanti par la législation universelle et par la chari’a. Les exemples ne manquent pas pour étayer cette amère réalité. Durant ces vacances, le quidam qui veut se rendre en famille à la plage doit impérativement prévoir un budget «parking» pour acheter la paix et sécurité. Dès qu’il s’approche de ce qui est à l’origine un espace de détente, une armada de jeunes, armés de gourdins viennent à son encontre et lui suggèrent «gentiment» de payer la fameuse dîme de stationnement. Ce scénario se répète ensuite à longueur d’année, que ce soit lorsqu’il faut s’arrêter quelques minutes pour acheter chez le pharmacien du coin une boîte de Paracétamol ou pour aller rendre visite à la famille dans une quelconque cité limitrophe.

Cette attaque au concasseur de nos trottoirs a lieu alors qu’un expert français vient de faire escale à Alger afin de livrer une recette magique pour désengorger la cité blanche. Ce spécialiste est intervenu lors de la journée d’étude consacrée à la mobilité urbaine organisée par l’Assemblée populaire de la wilaya d’Alger.
L’expert, tout en dressant un tableau noir sur l’état de la ville, a rassuré les présents quant à la possibilité de résoudre cet épineux problème de la circulation dans la capitale. Les solutions qu’il préconise auront-elles prise sur un terrain englué dans un environnement social des plus revêches et sur lequel butent bien des sociologues. En attendant, Alger reste l’une des villes les plus stressantes au monde.