Annoncée il y a de cela deux mois, l’opération d’importation de trois millions de tonnes de ciment devant, selon les pouvoirs publics, équilibrer le marché, ne s’est pas concrétisée. Les opérateurs révèlent que la crise persiste et qu’aucune nouvelle quantité de ciment n’est parvenue sur le territoire national.
Dans l’optique de résoudre la crise que connaît le secteur du bâtiment et des travaux publics à cause de la tension sur le ciment, l’importation d’une telle quantité est une solution d’urgence vu la forte demande et les pratiques sans scrupules des spéculateurs.
Elle aurait permis aux opérateurs du secteur du BTP et ceux en charge de la réalisation des chantiers d’infrastructures d’achever leur projet dans les délais prescrits. Cependant, après deux mois, date du lancement de l’appel d’offres émis par le groupe Gica pour acquérir ces quantités de ciment, aucun sac de ce qui était attendu n’a été débarqué dans un port algérien.
Après d’incessants appels pour entrer en contact avec les responsables de la Gica, et devant l’impossibilité de les joindre, nous nous sommes adressés à Amar Yahiaoui et Mezine Belkacem, respectivement représentant de l’Union générale des entrepreneurs algériens (Ugea) et de l’Association générale des entrepreneurs algériens (Agea). Nos deux interlocuteurs ont apporté des explications à cette situation.
Pour le vice-président de l’Ugea, les opérateurs du secteur n’ont pour le moment pas vu les quantités attendues, raison pour laquelle plusieurs chantiers sont à l’arrêt et ce, dans plusieurs wilayas du pays. Toutefois, il estime, et c’est toujours le cas, que le problème majeur demeure la spéculation sur ce matériau de construction, une pratique déloyale qui n’a que trop duré depuis ces trois dernières années.
M. Mezine, secrétaire général de l’Agea, estime pour sa part que, vu le prix du ciment (le sac de 50 kg est toujours cédé de 750 à 800 DA), «cela veut dire que les trois millions de tonnes de ciment qui devaient être importées ne sont pas encore arrivées».
Les trois millions de tonnes de ciment annoncée sont destinées certes à équilibrer le marché mais il est à souligner que de gros efforts doivent être déployés en parallèle par l’Etat pour lutter contre les spéculateurs. Ces derniers stockent d’énormes quantités de ce qui est désormais considéré comme «l’or gris» au détriment de l’avancement des projets.
Notons que 70% du ciment produit dans les usines sont livrés en priorité aux opérateurs en charge de réaliser des projets initiés par l’Etat, à l’image des logements et des infrastructures de base. Il est utile de rappeler dans le même sillage que les réseaux de distribution jouissent d’une grande liberté de manœuvre.
Eux aussi doivent être contrôlés dans l’objectif de réguler les ventes de ciment. En ce qui concerne les 30% restants, ils sont réservés en principe aux auto-constructeurs. Mais ces derniers, face à la situation de pénurie, n’ont d’autre choix que de s’alimenter sur le marché noir. Comme les entrepreneurs !
M. B.